Mon site SPIP

Accueil > Ville de Saint-Etienne > Maison Peurière : de l’embarras, mais pas plus de regrets que ça...

Au conseil municipal de St-Etienne

Maison Peurière : de l’embarras, mais pas plus de regrets que ça...

mardi 10 février 2004, par Roger Dubien

La démolition de nuit, en urgence et par surprise de la Maison Peurière, a choqué beaucoup de monde à St-Etienne, et - semble-t-il - pas seulement à St-Etienne. Ce sont des choses qui ne se font pas.

En repassant le film, on voit mieux que cet acte a été commis pour couper court à toute remise en question possible (probable même) de la destruction.
Les Amis du Vieux St-Etienne avaient fait un dossier solide depuis longtemps. Et puis - situation nouvelle - l’Assemblée citoyenne de Beaubrun avait porté l’information et la discussion dans le quartier. Les habitants étaient en train de se mêler de leur patrimoine. Alerté, l’architecte des bâtiments de France avait donné un avis défavorable à la Préfecture.
Mais visiblement, quand il s’agit de réaliser une entrée de parking, il n’est pas question de faire du sentiment avec un monument historique. La Maison Peurière a donc été rasée. Pour que, au petit matin, toute discussion soit devenue devenait inutile.

Au conseil municipal du 2 février, j’ai redit la consternation et le désaccord de beaucoup de monde devant cet acte.
Mea culpa : c’est vrai qu’il aurait fallu être plus vigilant.
Maintenant, le mal est fait. On peut juste protester. Exiger aussi que de telles choses ne se reproduisent pas. Ce qui suppose d’ailleurs que les conseils, assemblées, collectifs et comités de quartiers soient informés et associés aux décisions concernant les projets dans les quartiers et dans la ville.

C’est M. Karulak, adjoint chargé du patrimoine, qui avait été chargé du travail ingrat de justifier les gravats.
Il a expliqué que St-Etienne avait reçu en mai 2001 le label ville d’Art et d’histoire pour les 19è et 20è siècle, pas pour le 18è. Pas de chance donc pour la Maison Peurière, construite un siècle trop tôt.
Il a expliqué aussi que 2 ZPPAUP(*) ont été créées : une au Crêt de Roch pour l’habitat ouvrier des 19è et début du 20è, et une pour le centre ville.
Pas de chance encore pour la maison Peurière qui "n’appartenait pas à l’un de ces deux ensembles patrimoniaux" : elle était au bord du périmètre.
Haut lieu du Jansénisme ? Mais puisque la bibliothèque a travaillé là-dessus et a conservé les documents...
La Maison Peurière, "acquise en 2002 l’a donc été pour être démolie. D’ailleurs, en 2003, des cheminées et des menuiseries ont disparu" (!!)... "Des éléments d’escaliers et des ferronneries ont tout même été sauvegardés."

Le Maire en a remis une couche : "ce quartier a besoin de racines mais aussi de modernité" (il est vrai qu’en ce qui concerne la destruction des racines et du patrimoine, ce quartier-là est habitué à donner). Il fallait "ouvrir l’espace vers le Palais de Justice", "dégager une Esplanade pour la Comédie"...

Et puis, mais ce ne fut pas dit, il s’agit surtout de faire une entrée pour le parking qui va être construit. Une affaire sur laquelle la société concessionnaire ne badine sûrement pas, et dans laquelle les siècles ne font pas le poids sur la balance, face au tiroir caisse.

Chacun peut bien dire ce qu’il veut, cette affaire laissera un goût amer à bien des gens. Et c’est une sacrée tâche sur le Label "Ville d’Art et d’Histoire" de notre ville.

Une autre leçon à tirer : il serait sûrement utile que les conseils, assemblées, collectifs et comités de quartier fassent un petit recensement des bâtiments importants pour le patrimoine de la ville. Histoire d’éviter d’autres mauvaises surprises.

RD
conseiller municipal.


(*)ZPPAUP - "Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. La ZPPAUP est un document original d’ordre contractuel élaboré après délibération du conseil municipal, enquête publique et avis de la commission régionale du patrimoine et des sites. Ce document porte sur la délimitation d’un secteur plus particulièrement sensible sur le plan architectural et paysager et son contenu."

Télécharger la fiche pratique ZPPAUP sur le site "Vie-publique" de la Documentation française