Mon site SPIP

Accueil > Sortir du capitalisme > Mouvement populaire en construction

Mouvement populaire en construction

Près de 3 millions de manifestants le 19 mars. Surtout, la mobilisation sociale chemine en profondeur...

vendredi 20 mars 2009

Combien de manifestants à Saint-Etienne ce 19 mars, après les 20 000 environ du 29 janvier ? (Voir : la manifestation du 29 janvier à St-Etienne). Difficile à dire d’autant que la manifestation partait cette fois du centre ville, au fur et à mesure de l’arrivée des manifestants, pour aller jusqu’à la CCI cours Fauriel et même jusqu’au Rond-Point pour les étudiants. Ce qui est certain c’est qu’à St-Etienne il y avait comme ailleurs encore plus de monde que le 29 janvier. Et au plan national, la CGT parle d’environ 3 millions de manifestants.











La mobilisation sociale est donc en train de grandir. Surtout, elle est en train de s’ancrer dans les profondeurs de la société, comme de nombreux signes en témoignent.
Et ça se voyait dans la manifestation elle-même. Pas uniquement un “message d’inquiétude” ces manifestations, contrairement à ce que prétend le ministre sarkozien Hortefeux. C’est sûr qu’il y a de l’inquiétude - parce qu’il y a des choses très inquiétantes dans la diffusion de la crise, les coups qui tombent et les menaces qui pèsent sur l’emploi et le revenu de beaucoup de monde - mais elle n’avait rien de triste cette manif, au contraire. Se retrouver si nombreux au coude à coude, ça donne confiance. Cette crise, dont on voit de mieux en mieux d’où elle vient, on comprend aussi de mieux en mieux qu’il faut l’affronter ensemble, qu’il ne suffira pas de se mettre à l’abri chacun dans son coin en espérant que ça tombe sur le voisin.
Par rapport au 29 janvier, beaucoup plus de banderoles ce jeudi. Et apparition de nombreuses banderoles et pancartes “personnelles”. (parmi bien d’autres : “Une seule solution : révolution”, “contre la profitation”, “casse-toi, pauv’con”, “rêve général”...). Un peu comme si beaucoup de monde était en train de s’approprier ce mouvement en construction. Toujours pas vraiment de slogans, sauf devant, dans le cortège des lycéens et des étudiants (par exemple : “à ceux qui veulent précariser les jeunes, les jeunes répondent : résistance !”...). Mais tout le monde se parle de plein de choses en marchant. Peut-être est-ce parce qu’il y a une foule de raisons pour lesquelles on est là. En plus il fait beau....
Ce qui est mis en cause sous des formes multiples, c’est bien la politique du gouvernement Sarkozy et du patronat. Avec l’exigence que soient prises des décisions de justice sociale (“partage des richesses”), au lieu de continuer à gaver le grand patronat et l’oligarchie.



















Quelle réponse du côté du pouvoir ? C’est : non. En quelques heures, Sarkozy et sa garde rapprochée sont montés au créneau. Avec un mépris qui commence à chauffer les esprits, lui aussi.
- Sarkozy : "Je n’ai pas été élu pour augmenter les impôts" (des plus riches), ceci pour bloquer au plus vite la demande (bien faible) de suspendre le “bouclier fiscal” qui donne (officiellement) 458 millions d’euros à des gens qui ne savent déjà pas quoi faire de leurs centaines de millions.
- Son “conseiller social” spécial Soubie estime, lui, que "l’on n’a pas franchi d’étape dans la protestation par rapport au 29 janvier" et il exclut donc des mesures nouvelles...
- Copé : "en temps de crise, on a besoin de gens fortunés" (!!). Le premier de sa classe, Copé.
- Hortefeux : a vu de l’inquiétude mais n’a pas entendu de « demande de changement ».
Il doit quand même s’inquiéter un peu lui aussi, car ça vient. Notamment l’idée de financer des décisions de justice sociale en répartissant autrement les richesses, et aussi celle de prendre l’argent accumulé depuis 30 ans en pompant la société par les grands groupes et les milliardaires pour financer la construction d’alternatives à ce système en crise.

Les organisations syndicales, qui se sont réunies le 20 mars n’ont pas fixé de nouveau rendez-vous national pour l’action. Elles ont prévu de se revoir le 30 mars. Tout le monde a évidemment en tête le rendez-vous du 1er mai. Et surtout, c’est partout, sur le terrain, que l’avenir va se jouer. Dans les luttes pour refuser les décisions injustes. Et à travers tout le travail de constructions d’alternatives permettant de répondre à la crise sociale et écologique, de commencer à sortir de ce système capitaliste en crise, puisque ce système ne peut pas en sortir, lui, de sa crise.

photos : Martine Chevalier