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Le froid, les rats, la nourriture dans les poubelles : c’est ainsi que des enfants rroms vivent !

Témoignage d’enfants rroms roumains de St-Etienne écrit pour la journée du 17 octobre 2009

lundi 9 novembre 2009

Publié sur le site du Portail pour l’accès aux droits sociaux

Ce texte a été écrit par des enfants rroms pour être lu lors de la journée mondiale du refus de la misère à St-Etienne.
En cette année du 20 ème anniversaire de la Convention internationale des Droits de l’Enfant, beaucoup de paroles ont rappelé quelques uns des droits de l’enfant consignés dans cette convention internationale signée par la France. Des enfants, des familles et des militants associatifs ont été accueillis au Conseil Municipal des Enfants, dans la salle du conseil municipal de St Etienne où plusieurs articles de la Convention ont été lus, mais pas ce témoignage.
Quel décalage entre des principes affichés par nos institutions, et ces réalités pour lesquelles ni la préfecture, ni le conseil général, ni la mairie de St Etienne ne veulent, pour l’instant, apporter de solutions.
Ces jours ci, les familles rroms roumaines, de l’immeuble squatté de la rue des Armuriers, devant la décision du Préfet de les expulser à la rue dans les tous prochains jours, ont recherché et ouverts d’autres squats tout aussi minables, pourris et dangereux. Pour les 53 enfants dont 33 étaient scolarisés, les droits de l’enfant restent virtuels.

Georges Günther


Notre premier squat

Quand nous sommes arrivés à Saint-Etienne, en septembre 2007, des amis nous ont amenés dans une grande pièce humide, notre squatt. Nous avons mangé avec les doigts, au fond de bouteilles de plastique découpées, et les parents et les cinq enfants ont dormi sur des cartons. Nous avions très froid. Au bout de 2 ou 3 jours, Papa et Maman ont trouvé, dans des poubelles, des couvertures.
Quelques uns du comité de soutien nous ont apporté des matelas, trois. Les enfants, nous couchions en travers pour prendre moins de place. Une autre personne a apporté de la vaisselle et une plaque chauffante.
Il n’y avait pas d’eau. Avec de gros bidons qu’on nous avait donnés, Papa et Daniel, allaient chercher de l’eau à Bellevue, qu’ils chargeaient sur une sorte de charrette. Maman faisait chauffer l’eau et nous pouvions nous laver dans une énorme bassine en plastique, qui servait aussi pour la lessive et la vaisselle.
Il pleuvait dans la maison et la bassine servait à recueillir l’eau. Par la fenêtre, on voyait de gros rats. Un jour, alors que la porte était ouverte, un rat est rentré chez nous et a emporté le pain qui était sur la table basse pour ses amis, et nous n’avons pas mangé. Un autre jour, mon petit frère Alin a donné de l’eau dans une assiette à un rat. Celui-ci était bien content.
Pour que nous puissions faire nos besoins, tous les hommes du squat ont creusé un grand trou dans le garage. Le caca sentait très mauvais et les rats couraient après nous. Nous avions très peur ;
Maman n’avait emporté qu’une valise contenant un pull-over pour chacun. Pour nous habiller et nous chausser, Papa et Maman faisaient les poubelles, la nuit et le lendemain Maman lavait les vêtements trouvés qu’elle mettait à sécher dehors, dans un petit jardin. Ils nous ont même ramené des jouets, des poupées, des voitures, des petites motos, toujours trouvés dans des poubelles.
Dans les poubelles, on trouve aussi de quoi manger, près de Lidl : ce sont des produits périmés, yaourts, poulets, bananes, carottes et des bouteilles de jus d ’orange.
Nous avons été chassés de ce squatt par la police, et de trois autres, en 2008. Chaque fois, nous perdions nos affaires auxquelles nous tenions.
Maintenant, nous vivons dans une vraie maison au calme, et nous ne changeons plus d’école. Mais d’autres enfants Roms vivent aussi mal que nous à notre arrivée, encore maintenant , à Saint-Etienne.

Daniel, Sunita, Lavinia, Alin et Andréi