Mon site SPIP

Accueil > Collectif "personne à la rue !" > Le problème des sans-logement posé avec force devant les élus de la communauté (...)

Un toit c’est un droit, un toit c’est la loi !

Le problème des sans-logement posé avec force devant les élus de la communauté d’agglomération St-Etienne métropole.

mardi 10 novembre 2009

Après le rassemblement devant la préfecture de la Loire puis l’intervention devant le conseil municipal de St-Etienne lundi dernier, le collectif “Pour que personne ne dorme à la rue” a interpellé les élus représentants les 43 communes de Saint-Etienne métropole sur l’insuffisance des logements d’urgence et le nombre inacceptable de sans abri alors même que de nombreux bâtiments publics en bon état sont vacants, ce lundi soir 9 novembre, à l’occasion de la réunion du conseil de communauté, au Musée d’art moderne.


C’est Agnès Mounier qui a pris la parole devant les élus...

“Mesdames, messieurs,

Merci de nous permettre d’intervenir ce soir devant vous.

Depuis plus de six mois, notre collectif de citoyens et d’associations vous alerte sur la situation des personnes sans abri. Depuis plus de six mois, les pouvoirs publics se renvoient la responsabilité, ce qui signifie aucun résultat concret et une véritable non assistance à personne en danger assumée par nos « responsables » politiques. Et ceci, alors que le Préfet tout comme les Maires ont un pouvoir de réquisition et que l’agglomération de St-Etienne possède de nombreux logements et bâtiment vides en bon état.
Il est inacceptable que des personnes isolées et des familles avec enfants, soient à la rue dans un pays aussi riche que le nôtre. Parmi elles, plus de 110 sont des demandeurs d’asiles ayant déposé un dossier.
Nous savons que cet hébergement d’urgence est de la compétence de l’Etat (et nous interpellons le préfet), mais il est aussi de la responsabilité politique de tous : nous ne pouvons pas accepter qu’en l’absence de son intervention nous laissions ces familles dormir à la rue. Je rappelle que pour les enfants cela signifie pas d’école possible. Le logement doit être un droit pour tous, et pour les demandeurs d’asile c’est une obligation légale de l’état. L’Etat est donc hors la loi en ne les hébergeant pas.

Comme nous l’avons fait au conseil municipal de St Etienne lundi dernier, nous venons vous demander de prendre vos responsabilités et d’agir pour héberger ces personnes. Vous avez reçu le “mandat” d’aider à résoudre les problèmes, dans l’intérêt de la société. Nous attendons donc des actes concrets et non des paroles.
Les structures d’hébergement sont insuffisantes dans la Loire et le recours aux chambres d’hôtels, lui aussi très insuffisant, n’est pas une solution. Il ne permet pas d’assurer les besoins de base, trop souvent les personnes concernées sont tributaires des caprices des hôteliers, sans compter que son coût est exorbitant... Quant à l’hébergement d’urgence en algéco, qui accepterait décemment de vivre dans une baraque de chantier pour en plus se trouver de nouveau à la rue dès la fin de la trêve hivernale ?
Ce constat a conduit notre collectif à réquisitionner la résidence l’Ensoleillée à St Etienne, en bon état d’habitation et vide depuis plusieurs années, pour proposer un début de solution immédiate mais aussi pour lancer un appel à la préfecture afin qu’elle en reprenne la gestion. Nous assumons totalement notre acte qui bien qu’illégal est complètement légitime.

De tels bâtiments et logements, vides en très bon état, propriété publique, sont nombreux à St-Etienne et sur l’agglomération.

Après avoir coupé l’eau et l’électricité à l’Ensoleillée, la mairie de St Etienne a prétexté des problèmes de sécurités importants pour ne pas remettre l’électricité, et les travaux de réhabilitation seraient soi disant trop élevés pour la ville.
En tout état de cause, il existe de nombreux autres locaux vides en très bon état à St Etienne comme dans toute l’agglomération et les Maires possèdent eux aussi un pouvoir de réquisition.
Si vous avez la volonté politique de résoudre ce problème du logement sur l’agglomération, mettez à disposition des bâtiments inoccupés, et que la préfecture prenne en charge la gestion et l’accompagnement social nécessaires de tels lieux.

Nous demandons donc :
- Au Préfet de réquisitionner quelques uns des logements et bâtiments vacants avec l’accompagnement nécessaire pour loger les personnes à la rue.
- A la mairie de St Etienne, ville centre de l’agglomération, qui a une responsabilité particulière, puisque les aides alimentaires et les démarches administratives se font sur son territoire, de procéder aux menus travaux nécessaires pour sécuriser le bâtiment réquisitionné de l’Ensoleillée, d’y rétablir l’eau et l’électricité ainsi que le libre accès aux familles qui y ont trouvé refuge, et qui y ont toujours leurs effets, et aux associations. A défaut, de trouver un autre lieu pour répondre à l’urgence.
- A vous tous maires et élus de l’agglomération, d’aider à résoudre ce problème en aidant à la réalisation des propositions, des solutions que porte le mouvement associatif et citoyen. Nous vous demandons de soutenir et d’accompagner nos démarches auprès de Monsieur le préfet, notamment en lui mettant à disposition des logements et bâtiments vides sur vos communes.

Si chacun prend vraiment ses responsabilités, plus une seule personne ne sera contrainte de dormir dehors dans notre département et ce quelle que soit la saison.”

Saint Etienne, le 9 novembre 2009






Les élus et le préfet sont mis devant leurs responsabilités

Une soixantaine de personnes du collectif “pour que personne ne dorme à la rue” et des associations qui y participent était présente pour cette action. Dans l’entrée du Musée d’art moderne, une banderole : “un toit c’est un droit, un toit c’est la loi !” accueillait les élus. Un tract leur a été distribué, et les maires des plus importantes communes de l’agglo se sont vu remettre un sac plastique avec un équipement pour coucher dehors : feuille de plastique, couverts en plastique, bouteille d’eau, boite de conserve... Histoire de bien savoir de quoi on parle, alors même qu’il faisait ce lundi soir un temps à ne pas coucher dehors, parce que l’hiver s’approche. Des duvets avaient aussi été dépliés...
Plusieurs discussions ont eu lieu avec des élu-e-s.
Au début de la réunion du conseil de communauté, tout le monde est entré dans la salle du conseil, et, après l’appel des élus présents, la parole a été donnée à Agnès Mounier, qui s’est adressée à tous les élus présents.
Le président de St-Etienne métropole, Maurice Vincent, qui est aussi maire de Saint-Etienne a immédiatement répondu. Cette fois sur un ton très différent de l’attitude méprisante qu’on avait déplorée au conseil municipal de St-Etienne huit jours plus tôt.
Certes, rien de concret n’a été annoncé, sinon que le préfet de la Loire (qui n’était pas présent ce lundi soir comme il en avait été question) a demandé au président de St-Etienne métropole de mettre ce problème de l’hébergement d’urgence à l’ordre du jour du prochain bureau de la communauté d’agglo, bureau auquel participent les maires des principales communes. Cette réunion va avoir lieu la semaine prochaine. Et le préfet y participera.
Le maire de St-Etienne et président de St-Etienne métropole a dit que se mettait en place “une réelle mobilisation des pouvoirs publics, élus et Etat”, face au problème des sans logement. Il a certes redit aussi qu’il voyait surtout la solution par une “répartition” entre les autres communes... Les autres maires de l’agglo ne sont pas intervenus après le président de St-Etienne métropole, mais on peut considérer que le problème est maintenant posé au plus haut niveau - le conseil de communauté - à l’échelle de la communauté d’agglo et des 43 communes qui la composent.
Tout le monde - et notamment le collectif “pour que personne ne dorme à la rue” - attend maintenant des actes.

Pour ce qui concerne le collectif, un recensement des personnes à la rue se poursuit. Et ce mercredi 11 novembre à 14h, une rencontre avec les non logés aura lieu au local de la FCPE (3 bis rue Rouget de Lisle à St-Etienne).