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La Politique agricole commune 2015-2020 et ce qu’elle signifie pour les paysans et l’agriculture paysanne

vendredi 11 octobre 2013

En juillet à Chambles, Christian Roqueirol nous a parlé de la prochaine PAC(*), alors encore en discussion. C’est important, parce que ça définit quand même beaucoup les conditions dans lesquelles les paysans vont devoir travailler, et pour nous qui essayons de soutenir l’agriculture paysanne, c’est important que nous y comprenions quelque chose, même si c’est assez ardu, pour mieux voir comment nous pouvons essayer d’aider.

Maintenant ça y est, on sait à quoi s’en tenir. Les décisions ont été prises en juillet au niveau européen. Et la déclinaison pour la France - parce qu’il y a des marges de manoeuvre - a été annoncée par le Président de la République au Salon de l’élevage, à Courbon (63) le 2 octobre.

Ce n’est pas réjouissant, et cela a provoqué de la déception et de la colère du côté des organisations paysannes qui défendent l’agriculture paysanne.

Pour se repérer un peu, on peut lire :

- “PAC : Ils n’ont pas eu le courage...” déclaration de la Confédération Paysanne, qui estime que “Cette PAC, c’est celle des grands exploitants et de l’agro-industrie”.
Lire à http://www.confederationpaysanne.fr

- Colère aussi de José Bové, Vice-Président de la Commission de l’Agriculture du Parlement européen, qui écrit “PAC : Hollande se couche devant la FNSEA”
Voir : http://jose-bove.eu

Deux autres textes très utiles à regarder, publiés avant l’annonce de la nouvelle PAC pour rappeler les attentes des paysans :

- La déclaration commune de la Conf’ et du MODEF : “Pour une PAC vraiment redistributrice !”
“Les grandes lignes de l’application de la réforme de la PAC en France vont être tracées demain par le Président de la République, la Confédération paysanne et le MODEF exigent une PAC tournée vers l’emploi paysan, en particulier en élevage, la vie des territoires, une alimentation de qualité et le respect de l’environnement...”

- Une Tribune de Laurent PINATEL porte-parole de la Confédération paysanne, et Judith CARMONA secrétaire nationale en charge de la PAC : “Faire le choix d’un avenir pour les paysans”

En bref : ce qui est annoncé doit être évalué au vu de l’état des lieux et de la tendance en cours : élimination continue de l’agriculture paysanne.
Pour résumer... Selon les chiffres récents, 160 000 paysans ont disparu au cours des 10 dernières années. Ça fait 45 par jour...
80% des subventions vont à 20% des fermes en Europe (aux plus grosses exploitations)
Les mécanismes de régulation de la production (quotas - notamment laitiers - et stocks, qui permettaient de maîtriser un peu les quantités produites et donc les prix), sont supprimés.

Ce qui est décidé :
- Est annoncée une majoration des aides sur les 52 premiers hectares. A Bruxelles, décision a été prise qu’il était possible d’y consacrer 30% du budget. Mais en France ce sera 20%...
- L’objectif de “convergence des aides” au niveau européen comme entre les départements et régions français est limitée à 70% en 2019.
- Les aides resteront en fait largement “historiques” (avec la création des “DPU - droits à paiement unique” - la moyenne des aides reçues par ferme, calculée sur la base des surfaces et des aides directes perçues au cours de la période 2000-2001-2002, avait été figée et reconduite d’année en année, quelles que soit la production faite ou pas faite)
- Les “gros” ne pourront pas perdre plus de 30% de leurs subventions, au niveau européen.
- Le “verdissement des aides” lui-même sera basé sur les “références historiques” ! (cad au bénéfice donc des gros exploitants qui touchaient déjà). Il pleuvra donc toujours où c’est mouillé...

Reste que des choses vont se jouer sur le terrain bien sûr, et que la bataille pour soutenir l’agriculture paysanne continue au quotidien !

(*) la nouvelle PAC devait couvrir les années 2014-2020. Du retard ayant été pris, elle commencera en fait en 2015. 2014 devrait être une “année de transition” avec des reconductions etc...

 Suite  - Le 16 octobre, des paysans de la Confédération Paysanne ont interpellé à Paris le ministre de l’industrie aghro-alimentaire, venu "communiquer" un peu sur "le gaspillage alimentaire". Voir Action PAC : Il ne fallait pas nous prendre pour des moutons !
Il lui ont expliqué comment cette "politique gaspille l’argent public au profit des plus favorisés, comment elle gaspille les paysans et les salariés, victimes de l’industrialisation de l’agriculture prônée sous couvert de compétitivité". Et posé cette question : "comment ose-t-on parler d’alimentation quand on laisse disparaître ceux qui la produisent ?"