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La jeunesse est contre les expulsions

“Nous vivons, nous étudions, nous restons ensemble”.

800 lycéens ont manifesté à St-Etienne le 17 avril

lundi 21 avril 2014, par Roger Dubien

Il s’est passé quelque chose d’assez extraordinaire jeudi 17 avril à St-Etienne. Un moment rare qui déchire la chape de propagande des médias, et laisse voir quelles valeurs porte vraiment la jeunesse française d’aujourd’hui. Un peu comme quand, en octobre dernier, les lycéens parisiens se sont mobilisés pour Léonarda et Khatchik.
“L’éducation, pas l’expulsion !!”, “Arrêt des expulsions ou sinon, révolution !” Plus de 800 lycéens, accompagnés d’enseignants et de militants d’associations, ont manifesté dans le centre ville contre l’expulsion de leurs copains “étrangers”. L’expulsion de Mirush, Pedro, Jimmy, Fatos, Rahman, Euron, Arber, Béchar et tous les autres... Des étrangers et nos frères pourtant, comme quelqu’un avait su l’écrire à une autre époque.



Ce 17 octobre, ils sont partis environ 4 à 500 de la Place du Peuple où le rendez-vous avait été donné pour 10h30. Mais en arrivant place Jean Jaurès près de la Préfecture, ils sont le double...
Apparemment l’appel a d’abord été lancé par les lycéens d’Andrézieux-Bouthéon : du lycée François Mauriac - ou étudie Mirush, l’un des 5 de Clairvivre sous la menace d’une OQTF parce qu’il a eu 18 ans - et du lycée professionnel Jacques Desgranges - où étudie Bechar, 17 ans, l’aîné de la famille Tali emmenée en centre de rétention mercredi dernier puis libérée ce lundi par la juge du TA.
Les lycéens d’Andrézieux sont donc arrivés les premiers. “Dans deux bus blindés” comme l’explique une des jeunes manifestantes. Mais d’autres arrivent encore place du peuple sous les applaudissements. Et puis il y a les délégations des lycées stéphanois : Jean Monnet, Honoré d’Urfé, Simone Weil, etc...
“L’éducation, pas l’expulsion !”. Le ton est donné sur les banderoles et les dizaines de panneaux fabriqués avec tous les cartons qu’on a pu trouver. Tous ces panneaux personnels prouvent d’ailleurs à quel point c’est" leur" manif, à toutes celles et tous ceux qui sont là. Et puis les slogans et les chants, qui n’arrêteront jamais. Ils ont la pêche, et leur message est limpide.
La manif démarre. En cours de route, elle ne cesse de grossir. Des enseignants arrivent aussi, quelques parents, et des militants d’associations. De temps en temps, une pause, on s’assoit, on se relève, en chantant. C’est principalement à Valls que le message est destiné. “Manu, si tu savais, tes circulaires où on se les met... Aucu, aucu, aucune hésitation...”. Le ministre de l’intérieur grand ordonnateur des expulsions, aujourd’hui premier ministre, séduit certainement la droite et les financiers. Mais pour ce qui est de la jeunesse, apparemment c’est déjà cuit.



Rue du Grand Moulin, c’est l’appel au micro des différents lycées, pour vérifier qu’ils sont bien représentés ici. Avec à chaque fois une ovation.
Et puis tout au long de la manif, ce slogan “abolition des expulsions, ou bien révolution !”, pour dire sa détermination et un peu comme un avertissement adressé à ceux qui gouvernent : arrêtez d’expulser les nôtres, sinon on va se fâcher.
Près de l’Hôtel de ville, une dame traverse la place pour venir voir ça de près. Son visage, avec un immense sourire, dit sa belle surprise de ce qu’elle voit et entend. Alors elle applaudit, longtemps. Et les jeunes qui défilent l’applaudissent eux aussi en passant.
Sous les arcades de la mairie, des cornes entrent en action, et ça fait du bruit ! Et tout au long du parcours, des dizaines de téléphone portables prennent des photos. Pour faire partager ce moment tout de suite à des centaines d’autres jeunes. La chaîne humaine...
Allez, hop, un petit 100 mètres au pas de course pour bondir jusqu’à l’autre bout de la place Jean-Jaurès, juste à côté de la Préfecture... Et à nouveau, une longue dédicace spéciale à Valls. Et puis encore : “dé-ter-mi-nés !”.




Liberté - Egalité - Fraternité : où sont ces valeurs ?

La Préfecture recevra finalement une délégation. Mais pour lui signifier au fond une fin de non recevoir.
Des jeunes étrangers scolarisés dans les lycées, collèges et facs du département sont donc en danger.
Ainsi, la France, qui n’a jamais compté tant de milliardaires, qui est l’un des pays les plus riches du monde, n’aurait pas les moyens de garder ces jeunes qui veulent y vivre, voyez-vous. Pour les temps qui viennent, le peuple doit se faire tondre, et les étrangers rentrer chez eux. La solidarité, c’est pas rentable. Et la liberté sera privatisée, réservée aux multinationales, à leurs capitaux et à leurs businessmen, comme le prévoit le TAFTA-Traité de commerce transatlantique en cours d’élaboration dans les cercles fermés du pouvoir et de la finance.

Liberté - Egalité - Fraternité : entre ceux qui gouvernent aujourd’hui et la jeunesse, il y a un désaccord profond sur la société et la France d’aujourd’hui et de demain.

Les choses ne pourront donc pas en rester là.




Lu sur les banderoles et pancartes... :

“Nous vivons, nous étudions, nous restons ensemble”
Contre les expulsions
Non à l’expulsion, oui à l’éducation
L’éducation, pas l’expulsion,
Complétez la chaîne pour prouver nos valeurs humaines
Droit à l’éducation
Solidarité
Soutien à Mirush
Manifestation pour une INjuste décision
L’Education sans frontières
Lycéens en colère, lycéens dans la rue
Nous on ne veut pas les laisser partir
Ne les laissez pas faire ça pourrait être nos frères
Oui à l’éducation
Solidarité - égalité
Solidarité à la famille Tali
Non à l’expulsion
Tous mobilisés en vacances comme au lycée
Soutien à Mirush et à la famille Tali - pour qu’ils continuent leur scolarité en France.
Liberté-Egalité-Fraternité : où sont ces valeurs ?
L’éducation est la solution ! pas l’expulsion
Liberté pour Mirush et les Tali
Pour qu’ils poursuivent leur scolarité - solidarité avec les lycéens
Mme la Préfète, où est passée votre humanité ?
Tous ensemble pour l’égalité
Mr Valls, rappelez-nous vos origines ?

Ce mardi 22 avril, le collectif “Personne à la rue” invite les associations qui agissent contre les expulsions et pour que chacun ait un logement à se retrouver à 18h à la Bourse du Travail pour préparer une grande rencontre qui aura lieu en mai.
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