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Les illusions meurtrières

vendredi 1er avril 2005, par Union juive française pour la paix

Les accords de Charm El-Cheikh sous l’égide de l’administration américaine ont éveillé un immense espoir et un désir de paix en Israël et en Palestine qui, s’ils étaient déçus, provoqueraient un désespoir dangereux et un basculement vers des solutions sanglantes.

L’UJFP tient cependant à rappeler les quelques points qui grèvent largement les chances d’aboutissement des négociations telles qu’elles sont menées :
Affirmer que le but premier de ces négociations doit être de juguler le terrorisme, correspond à faire croire que la cause première du conflit n’est pas l’occupation, à occulter qu’il y a un occupant et un peuple occupé, à occulter tout le sens du conflit. Poser en priorité absolue la sécurité de l’occupant c’est désigner l’occupant comme victime et rendre accessoire la violence de la répression coloniale à l’œuvre dans les territoires occupés.

Faire croire que le gouvernement palestinien élu après la mort du Président Arafat pourrait renoncer aux aspirations de liberté et de souveraineté nationale et aux droits de son peuple est mensonger, et laisse en fait à Mahmoud Abbas la même latitude que celle laissée précédemment à Arafat : la renonciation des Palestiniens à leurs droits ou la guerre en leur faisant porter la responsabilité de l’échec des négociations. D’autres peuples de cette région sont pris au piège du projet impérialiste du Grand Moyen Orient qui prétend leur apporter démocratie et sécurité à la force des baïonnettes, et ne s’intéresse visiblement pas au développement ou à la paix.

Faire croire qu’il est possible d’aboutir à un accord durable en laissant le gouvernement Sharon-Pérès achever le découpage de la Cisjordanie est un mensonge. Faire croire que la continuité territoriale et la viabilité de l’Etat palestinien seront assurés par un réseau de routes et tunnels reliant les " morceaux " est un mensonge. N’oublions pas que la première reconnaissance est celle d’Israël sur la frontière d’avant 67 par L’OLP en 1988. Il ne peut y avoir de solution sans le retrait d’Israël sur cette même frontière.

Ce qui se passe en ce moment sur le terrain, les 3500 logements, les zones d’activités commerciales et industrielles, le Parc de France programmés sur le territoire de Maale Adoumim (ce que l’on appelle le plan E1) vont s’ils sont réalisés couper la Cisjordanie en deux et parachever la configuration du futur état Palestinien conformément à la vision de Sharon, et de ce fait entériner l’irréversibilité de l’occupation.

Le parc de France fait partie quant à lui, et comme son nom l’indique, d’une campagne qui cible directement la France, menée par le KKL (fonds national juif) défini selon ses propres termes comme : ..." le bras exécutif du peuple juif pour la rédemption et le développement de la terre d’Israël..."

Il est chargé de lever les fonds en France pour financer entre autre ce projet, et voici la fonction de ce parc décrite sur son site internet :
..." Le "Parc de France" ou la consolidation de Jérusalem par le renforcement de la "couronne verte" de Maale Adoumim
... Ce parc municipal à venir, ceindra de son panache les principales portes orientales de Jérusalem ainsi que la sortie nord de Maale Adoumim. Il bordera en beauté la frange ouest de la route qui relie la capitale à la Mer morte..."

Faire croire que l’on va vers la paix en poursuivant l’humiliation et l’oppression quotidiennes, l’édification du mur, la spoliation de la terre et la colonisation est un mensonge. Le faire au nom de la France est de plus inacceptable.

N’oublions pas ce que Sharon a répété plusieurs fois publiquement en quatre ans : "La guerre de 48 n’est pas terminée." N’oublions pas ce que Dov Weissglass, son conseiller personnel, déclarait publiquement il y a quelques mois dans Ha’aretz au sujet du plan de désengagement de Gaza : "Le désengagement c’est le formol qui est nécessaire pour qu’il n’y ait pas de processus politique avec les Palestiniens" et encore : " C’est la Judée-Samarie (la Cisjordanie, NDLR), pas Gaza, qui est aujourd’hui la zone d’intérêt national."

Ne pas voir ni entendre tous ces signes c’est se rendre complice de ceux qui cultivent des illusions meurtrières pour les deux peuples. La stratégie actuelle détruit méthodiquement la société palestinienne et menace à terme l’existence du peuple israélien dans la région.

Il serait temps que les forces qui aspirent à la paix ouvrent les yeux pour que la politique qui a mené à l’impasse actuelle ne se reproduise pas : il est urgent d’exiger le gel immédiat de toute la colonisation, déjà planifiée ou non, et la nomination immédiate d’un observatoire international de contrôle dans les territoires occupés. Israël ne peut continuer à dévorer à pleines dents ce qui est l’enjeu même de la négociation. Nous demandons au gouvernement français d’intervenir dans ce sens et d’empêcher en particulier que soit planté au nom de la France et avec des fonds français un parc destiné à parachever l’annexion des terres palestiniennes autour de Jérusalem.

Le 31/03/05

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