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La santé n’est pas une marchandise

lundi 26 janvier 2004, par Florent Roman

L’hôpital public n’échappe pas à l’offensive libérale mise en place par l’actuel gouvernement et soutenue par le syndicat des patrons, le MEDEF.
Il s’agit de privatiser et de considérer l’hôpital comme une entreprise. Cette logique fait de la santé une marchandise, le patient devient client et le personnel hospitalier le garant de l’équilibre financier de l’entreprise.

Le plan "hôpital 2007" met en place les outils réglementaires de cette privatisation en instaurant la tarification à l’acte (T2A) dès cette année. C’est le cœur de la réforme. Actuellement, un hôpital pour fonctionner s’appuie sur une dotation globale du budget calculée sur la base des dépenses de l’année précédente, avec cette réforme l’hôpital devra quantifier le volume de son activité prévisionnelle.
Plus d’activités = plus de recettes. A chaque maladie correspond un tarif, les spécialités à forte rentabilité vont donc générer des recettes conséquentes.

Ce système va produire une course aux recettes, l’abandon de secteurs peu rentables ( gériatrie, psychiatrie...) et la concurrence des établissements avec comme corollaire la fermeture des petits hôpitaux .
Ce n’est pas un hasard si le plus grand centre hospitalier privé de Rhône-Alpes s’installe à Saint-Etienne Montchovet. La concurrence risque d’être acharnée entre le pôle mutualiste à Bellevue, le CHU et cette structure privée. Dans ce contexte, le CHU (secteur public) en pleine restructuration perdra des spécialités comme la chirurgie et deviendra un hospice moderne avec essentiellement les services à faible rentabilité (donc peu de moyens) s’occupant des pauvres, des exclus.

Ce retour en arrière aggrave la fracture sociale, le droit à la santé pour tous est remis en cause. L’accès à la santé se fera à plusieurs vitesses, nous assistons à l’édification d’une société inhumaine, dangereuse et barbare prête à laisser dépérir les plus faibles (15.000 morts l’été dernier dûs aux politiques d’abandon de la gériatrie) sous prétexte qu’ils ne sont pas rentables et solvables. A la valeur de solidarité collective se substitue la notion de responsabilité individuelle comme si chacun était maître de sa situation.
Le libéralisme tue et nuit gravement à la santé.

Florent Roman
infirmier au CHU de Saint-étienne
Secrétaire de SUD santé sociaux