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Discussion au conseil municipal

Que fait-on contre la pauvreté des enfants ?

St-Etienne doit revoir sa politique sociale et impulser une mobilisation générale contre la pauvreté des enfants.

mercredi 3 mars 2004, par Roger Dubien

A la réunion du Conseil municipal de St-Etienne de ce 1er mars, je suis intervenu sur la pauvreté des enfants et la politique sociale de la ville, après avoir fait inscrire en question d’actualité : "Ce que peuvent faire la ville de St-Etienne et son CCAS suite au rapport que vient de rendre public le CERC sur les enfants pauvres"....

"Le CERC vient de publier un rapport sur les enfants pauvres qui doit interpeller directement notre conseil municipal et la politique sociale de la ville de st-étienne.

Très brièvement, que dit ce rapport ?
Qu’il y a en France 1 million d’enfants pauvres si l’on retient les critères de l’Insee. Et deux millions si l’on retient les critères européens.

Ce rapport - qu’il faudrait ne pas ranger dans un placard - , donne une idée des ravages de la pauvreté dans les familles, pour l’avenir de ces enfants. En particulier du point de vue de l’échec ou de la réussite scolaire.
45 % des enfants pauvres sont en retard à l’école. Et cela s’aggrave ensuite. 18% des enfants du dixième de la population qui a le plus bas niveau de vie ont arrêté leurs études à 17 ans, les 2/3 sans diplôme, contre 1% des enfants des 3/10èmes de la population qui a le plus haut niveau de vie.

Le rapport du CERC démonte les mécanismes de la pauvreté et de l’échec de ces enfants. Parmi lesquels le chômage des parents, bien sûr, mais aussi les discriminations, les transferts sociaux insuffisants pour les familles avec enfants...

Ce qui fait la valeur de ce rapport, c’est qu’il ne s’en tient pas à un constat.
Le CERC propose un programme national de lutte contre la pauvreté des enfants. Il avance des propositions, et il invite chacun à s’occuper de ce problème qui est une terrible injustice pour ces enfants et un handicap pour toute la société.

C’est pourquoi je pense qu’il faut se saisir de ce travail du CERC pour contribuer à changer cette situation dans notre commune.
Ce qui suppose de ré-examiner sous cet angle là la politique sociale de la ville.
Mais aussi d’en parler avec toutes les autres institutions publiques concernées par ce problème, et de mettre sur pied un programme de travail cohérent.

Je propose que la ville de St-Etienne prenne l’initiative de proposer à tous (Département, Préfecture, St-Etienne métropole, DDASS, CAF etc...) un groupe de travail sur la pauvreté des enfants et les mesures nécessaires pour y remédier.

Pour ce qui concerne notre ville, deux pistes viennent vite à l’esprit à la lecture du rapport du CERC :

- La lutte contre l’échec scolaire vient en priorité dans les propositions faites par le CERC. Avec entre autres la proposition de création d’un service public local organisant une offre de garde de qualité pour les enfants d’âge périscolaire ou scolaire.
On peut considérer que la mise en place du périscolaire depuis un an par la ville avec des associations est un pas dans ce sens, mais à améliorer, pour qu’il ne soit pas accessible uniquement aux parents qui travaillent dans des emplois que l’on peut qualifier de normaux, et ont des revenus relativement stables.

- Une autre proposition du CERC est de tenir beaucoup plus compte des enfants dans les politiques sociales.
Cette recommandation invite à ré-envisager non seulement le budget du CCAS dans sa masse (insuffisant pour une ville de 180.000 habitants), mais aussi du point de vue des critères d’attribution des aides aux personnes et aux familles.

Il est vrai que des choses ont bougé un peu sur le premier point.
Le montant des aides par exemple, qui était descendu de 3,2 millions de francs en 1995 à 2,36 MF en 2000, est remonté à 3,125 MF (= 476.500 euros) pour l’année 2003.
Ceci à budget constant d’ailleurs. Mais il est vrai aussi que 2,75 MF avaient été mis de côté durant ces années, non utilisés... Ce qui est quand même assez scandaleux, si l’on pense aux difficultés sociales de plusieurs milliers de familles de la ville.
Je pense (et je l’ai dit lors du vote du budget du CCAS) que la somme versée par la ville au CCAS pour l’aide sociale : 503.000 euros - 3,3 MF - est insuffisante.

Du point de vue des critères, c’est à dire des barèmes de revenus en-dessous desquels une famille peut prétendre à une aide, il faut également remettre cette question en chantier. Car les barèmes actuels ne tiennent pas compte de cette question des enfants, ni des critères Insée ou européens utilisés pour identifier la pauvreté.

En bref, il y a une échelle de ressources, incluant toutes les aides sociales (y compris allocation logement et APL) :
780 Euros pour une personne,
1030 pour une famille de 2 personnes,
1230 pour une famille de 3 personnes,
1450 pour une famille de 4 personnes,
1590 pour une famille de 5 personnes,
1760 pour une famille de 6 personnes,
1905 pour une famille de 7 personnes,
2080 pour une famille de 8 personnes.

Voilà aujourd’hui les sommes en dessous desquelles une famille peut demander une aide auprès de la ville, mais ceci est trop arbitraire et ne tient compte ni de la présence d’enfants dans les familles, ni de ce que l’Insee appelle le revenu disponible de la famille (après impôts directs etc...).

Il est donc nécessaire de revoir tout cela, à la lumière du travail réalisé par le CERC et de l’objectif qui doit êtreprioritaire de lutte contre la pauvreté des enfants".

Dans sa réponse, le Maire de St-Etienne, Michel Thiollière, a indiqué que ce problème était très important, et qu’il faudrait examiner le rapport du CERC. "La ville de st-étienne est l’amie des enfants", a-t-il dit, l’Unicef venant même de lui décerner un distinction à ce sujet...
C’est bien sûr aux actes que l’on peut juger des déclarations. Pour commencer, on ne voit pas comment une ville "amie des enfants" pourrait accepter les fermetures de classes en préparation.

L’adjointe aux affaires sociales et vice-présidente du CCAS, Mme Peycelon, a indiqué que la demande de travailler sur le rapport du CERC au CCAS avait été enregistrée. Et qu’il faudrait voir ce que l’on fait, mais pas la ville toute seule : cela concerne aussi le Conseil général, et l’Etat etc... Il faudra voir qui va prendre le leadership de l’action dans ce domaine...

Affaire à suivre, donc, sans perdre de temps.

Roger Dubien
conseiller municipal, et élu depuis 2001 au CA du Centre communal d’action sociale de St-Etienne, membre de la commission permanente du CCAS.