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Retour sur l’un des débats du Forum Social Local...

Une discussion vive sur le racisme, les discriminations, le passé colonial...

jeudi 15 avril 2004, par Amina Sahel

Samedi 31 janvier, ce sont entre 80 et 100 personnes qui ont participé au débat du FSL : "Islamophobie, judéophobie, discriminations : quelle égalité, quelle citoyenneté ?", proposé par le réseau Egalité des droits et lutte contre le racisme, Al Qalam, le Forum des Réseaux citoyens, Emancipation, Points de vue et l’Apeis.

Nadia Touil a situé ce débat dans le cadre d’un travail engagé depuis plusieurs mois, et dans la suite du débat sur l’islamophobie qui avait réuni 750 personnes début décembre avec Tarik Ramadan, Mouloud Aounit et Vincent Geisser : "dialoguer tous ensemble afin de trouver des solutions aux discriminations de plus en plus visibles dans notre société".
Mohamed Chouieb, médiateur interculturel, et Abdelaziz Chaambi, de l’association Divercité ont apporté leur contribution et leur expérience personnelle...
Ci-dessous quelques notes sur leurs contributions...

Pour Mohamed Chouieb, beaucoup de jeunes qui sont exclus du monde de l’emploi dans la Loire sont issus de l’immigration non européenne. On sait que la discrimination existe. Mais on a de plus en plus l’impression que la société avance à deux vitesses :
- ceux qui vivent la discrimination, ceux qui ont fait le constat et veulent passer à la recherche de solutions.
- ceux qui ne la vivent pas et qui demandent encore des chiffres, des preuves...
Actuellement en France, c’est un phénomène qui n’a jamais été réellement évalué. Il n’existe pas d’études. De plus, dans la recherche de solutions, on a l’impression que la France s’engage à son corps défendant. En effet, tout ce qui est fait dans la lutte contre les discriminations vient de commandes européennes (cf. article 13 du traité d’Amsterdam) et non d’initiatives du gouvernement français.
Les lois françaises qui traitent de ce problème sont celle du 16 novembre 2001(contre les discriminations dans le travail) et celle du 17 novembre 2002 (loi de modernisation sociale).

Après 5 ans de travail dans ce domaine, M. Chouieb a l’impression que la discrimination vis-à-vis des non-européens est présente partout. Généralement, une personne d’origine non européenne n’est employée que quand l’employeur ne trouve pas la même personne d’origine européenne. "Nous sommes employés par défaut, nous, nos enfants, nos petits enfants..."
Les formateurs eux-mêmes ont intériorisé les réserves des entreprises. On entend souvent que des formations par alternance risquent de ne plus avoir lieu faute de personnes s’y inscrivant. Or on a pu constater que lorsqu’on y envoyait des jeunes d’origine non européenne, ils étaient refusés parce que les entreprises ne voulaient pas de ces jeunes-là. Il ne faut pas alors dire qu’il y a un manque de main d’œuvre mais plutôt un problème de discrimination.

A propos de la " discrimination positive " : elle a commencé aux USA en se posant une question : "Pourquoi il n’y en a pas ? "... " Si une entreprise ou une structure n’a pas, ici, de personnes d’origine non européenne, c’est qu’il y a un problème à la base."

Beaucoup de jeunes de ce pays souffrent énormément de ces situations et sont convaincus que ce pays ne les aime pas. Alors ils crânent et la répression en est d’autant plus terrible.
Il faudrait que ces jeunes puissent s’approprier ce pays.
Cette discrimination est un véritable handicap pour la France. Des responsables patronaux sont conscients de cela. La France joue un jeu compliqué, en laissant de côté des atouts... Peut-elle se permettre de laisser 3 millions de remplaçants sur la touche ?

Abdelaziz Chaambi constate qu’aujourd’hui, la plupart des discriminés sont arabes, musulmans ou noirs.
Et puis avec cette loi discriminatoire, il y a des apprentis sorciers qui cherchent à détruire des équilibres qui ont été très difficiles à construire. Beaucoup de jeunes " issus de l’immigration " avaient réussi à trouver cet équilibre, cette remise en question peut être lourde de conséquences. Car quand on touche à l’identité profonde des gens, cela peut s’avérer très dangereux.

A. Chaambi parle de son parcours personnel, ayant vécu lui-même et à plusieurs reprises la discrimination d’abord parce qu’il est d’origine non européenne mais aussi parce qu’il est musulman. Etant travailleur social, il n’avait eu aucun problème sur son lieu de travail jusqu’au jour où ses employeurs ont appris qu’il était musulman pratiquant. Il a senti beaucoup plus de réticences vis-à-vis de lui.
Si l’on fantasme tant sur le voile actuellement, ce n’est pas une situation nouvelle. Les musulmans ont souvent été considérés comme suspects. On pouvait déjà voir qu’en 1983, lorsqu’il y a eu d’importantes grèves en France dans l’automobile, le 1er Ministre de l’époque Pierre Mauroy parlait du " complot islamiste ".

Aujourd’hui, il y a un glissement du racisme anti-arabe au racisme anti-musulman. Pourtant, ces discriminations ont des explications. L’Europe s’est toujours érigée en civilisatrice du monde. Les autres ne pouvant être que des indigènes, donc inférieurs, à qui il fallait inculquer le bon savoir-vivre et apporter la civilisation.
Avec cette idée récurrente que l’autre n’est pas capable de prendre des décisions seul et qu’il faut l’aider comme un grand frère. (Ex : Lorsque Sarkozy va demander en Egypte si le voile est une prescription religieuse ou non, comme si les musulmans de France n’étaient pas eux capable de répondre à cette question.)
Déjà en 1492, on retrouvait la notion de race pure lorsque l’on a chassé les juifs et les musulmans d’Espagne. Voir aussi comment s’est passée la colonisation en Afrique du Nord et quel en a été le résultat : il y avait 95% d’alphabétisés en 1830 et plus que 5% à la fin de la colonisation...

A propos du racisme anti-arabe, il y a deux poids deux mesures et une indignation sélective de la part de la République
On peut voir que la population d’origine chinoise fête son nouvel an sur les Champs Elysées. Quand pourra-t-on voir la même chose pour la population d’origine maghrébine ?

Une discussion - plutôt vive et contradictoire - a ensuite eu lieu sur la réalité ou pas des discriminations et aussi sur l’histoire... montrant que la question des discriminations, du racisme, et des responsabilités de cette situation était un sujet extrêmement sensible, y compris dans un Forum social local...
Discriminations, racisme, réalité du colonialisme, prise en compte de l’histoire et de la mémoire de chacun... : un travail est commencé, que les organisateurs de ce débat entendent bien poursuivre.

Messages

  • je ne sais pas si jai ma place dans ce forum je suis 1 peu jeune mais j’aimerais en parler je voulais vs dire que moi je pense qu’on attache trop d’importance a c’est "discrimination" cela n’aide pas les jeunes francais de souche comme moi a accepter les etranger aprés on a + limpression que l’on ne s’occupe que des etranger ce qui je pense favorise le racisme. je vous dit sa car moi meme je peu le dire je suis tout simplement contre lés etranger qui habite en france tt simplement car il vienne et on leur attache beaucoup + dimportance qu’a ns mm lé fille leur attache + dimportance parce qu’il sont étranger et sa je peu vous l’affirmer.

  • ce qui me frappe quand on parle de discrimination en France c’est le flou des termes employés et des définitons qui s’y rattachent ;(ce problème de langue est étendu à tous les domaines)
    prenons un exemple :
    - on dit les français d’origine issue de l’immigration,(sous entendu non europeens) : le flou est dans l’impossibilité d’englober dans un même terme des cas de figures trés diversifiés ;en plus, la perception qu’on en a est aussi fonction de l’origine du français qui reçoit le message.
    Soyons pratique :
    HARKIS désigne LES ELEMENTS d’un corps militaire dans l’armée coloniale en algérie ; les rescapés de cette triste histoire, sont français depuis TOUJOURS,ils sont nés en France, dans un département d’outre-mer, le fait de changer
    de départements en venant en France N’EST PAS UNE EMIGRATION:on ne peut pas être immigrés dans son propre pays ; sinon on doit avouer qu’ils n’ont jamais été considérés comme français,et le discours colonial un immonde mensonge.
    Dans tous les discours les harkis sont englobés dans le terme "français issus de l’immigration" : C’EST INEXACT ET DISCRIMINATOIRE
    Autre exploitation de cet exemple:HARKI, vu sa définition,ne peut en aucun cas désigner une communauté ; comme cela est le cas actuellement, ce terme désigne abusivement tout le groupe de ces anciens combattants, y compris femmes enfants et petits enfants.
    Que dirions nous si on disait que les enfants et les femmes de parachutistes, ou de légionnaires sont une communauté ethnique.
    Il y a des centaines de milliers de français vivants actuellement en France, nés en Algérie , qui sont considérés , selon les cas, issus de l’immigration ou "simples français".
    Nés dans le même pays, parlant la même langue, ayant été à la m^me école, portant des noms de familles identiques, selon le prénom on décide qu’ils sont ou non issus de l’immigration : OU EST LE MYSTERE ?
    Pour revenir au sujet de la discrimination selon le prénom on a une place au soleil dans tous les domaines,(show-biz,médecine,politique,affaires,...) ou on passe sa vie à galérer et subir les vexations multiples et diverses.
    C’est quand même curieux qu’on se penche sur le cas de déficit énorme de présence de minorités visibles, et qu’on ne s’intéresse pas au cas de sur-représentation d’autres minorités tout aussi visibles ;(dans cette histoire les grands perdants restent les minorités invisibles)
    La lutte contre les discriminations commence par d’abord bien nommer les choses !