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Compte-rendu du 2ème café citoyen

"Les riches détruisent la planète” (Kempf)... Et nous, quelles alternatives construisons-nous ?"

mardi 1er avril 2008, par Marie Reynier

Nous étions une trentaine au 2ème café-citoyen, organisé par les Réseaux citoyens et le café-lecture le Remue Méninges. Quatre expériences ont été présentées : le Remue-Méninges, les Cigales, les Artisons, les AMAP. Toutes ces initiatives citoyennes s’inscrivent dans une démarche qui transforme le monde, ces démarches ont du sens et montrent qu’il est possible de faire autrement, qu’il est possible de faire passer l’humain avant le profit, qu’il est possible d’allier consommation et écologie.


Quelques rappels sur le livre de Kempf

Les combats sociaux et écologiques doivent être menés de front.
Le problème du mode de vie ostentatoire des riches par rapport aux pauvres. Une oligarchie prédatrice dont le mode de vie est responsable de la destruction de la planète. Le désir de posséder de plus en plus de bien matériels dont l’impact est néfaste pour notre planète : Pollutions.
La croissance matérielle est à stopper : décroissance
Revaloriser la terre, créer de l’emploi dans le secteur agricole.

Des alternatives qui permettent de faire avancer en même temps la justice sociale et l’écologie


Le "Remue-Méniges"
 Par Julie Champagne

Le Remue-Méninges est un café lecture qui a entamé sa phase de création en septembre 2006. Leur projet est de contribuer à l’accès de tous à la culture et en particulier la culture écrite. C’est un projet qui s’inscrit dans l’éducation populaire.
Le Remue-Méninges comprend une activité économique qui s’inscrit volontairement dans l’économie solidaire : les profits engrangés par le projet sont remis dans le projet, fonctionnement à but non lucratif, démocratie participative où chaque voix compte.
Les gestions économique et culturelle sont séparées afin de préserver l’indépendance de chacune d’elles. Pour cela deux associations ont été créées :

- L’association Artatouille d’une part, qui a pour but la promotion de l’écrit et de la lecture sous toutes ses formes et tous supports, porteuse du projet de café-lecture et de la dynamique générale. Elle emploie une personne en CDI pour la gestion et la cohérence du projet culturel.

- L’Association pour la Gestion Regroupée de l’Intendance et de la Marche des Associations et Commerces à Economie Solidaire (AGRIMACES), pour la gestion de l’activité commerciale du bar. Elle emploie une personne en CDI pour la gestion de l’activité du bar et la cohésion des bénévoles. Elle a parmi ses projets d’aider à la mise en place d’une AMAP d’ici septembre 2008.

Le Remue-Méninges a inscrit volontairement son activité économique dans l’économie sociale et solidaire (produits issus de l’agriculture biologique, du commerce équitable ou encore de produits locaux). Des espaces de recyclage ont été aménagés, les adhérents peuvent participer activement à l’organisation et à la vie du café-lecture à travers le bénévolat, les assemblées générales.

Les animations ont commencé en janvier :
- avec les Ateliers Raisins (théâtre)
- mise en place d’une revue de presse tous les 15 jours
- atelier lecture
- soirée CLES (Créer des Liens entre Sourds et Entendants)

Pour en savoir plus : http://leremuemeninges.wordpress.com

LIS : une CIGALE stéphanoise
 par Arnaud Cavelier

LIS : Loire Investissement Solidaire, regroupe 14 personnes
CIGALES : Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire

Une Cigales est un groupe de particuliers qui versent, selon leurs moyens, de l’argent tous les mois pour constituer une réserve qui permettra de participer au financement de projets. Chaque personne peut verser jusqu’à 10000€ maximum. Juridiquement c’est une indivision de personnes. En France, on compte 80 CIGALES.
Les premières CIGALES ont vu le jour dans les années 80 et c’est en 1985 que la fédération des CIGALES est mise en place.

Il n’y a pas de formation pour devenir "cigalier", par contre la fédération des CIGALES organise des cours sur la gestion d’une entreprise, d’un budget...
Une cigales compte entre 5 et 20 investisseurs, chiffres fixés par la fédération (au delà de 20 personnes difficultés de gestion)
Une personne ne peut appartenir à plusieurs CIGALES (contrainte fiscale)

Elle a une durée de vie limitée :
- 5 ans pendant lesquels elle collecte pour constituer les réserves (elle peut commencer à prêter pendant cette période)
- 5 ans de gestion (arrêt des collectes)
C’est une organisation fiscale qui permet une déduction d’impôt basée sur la somme investie dans un projet (proportionnelle à l’argent mis par chacun dans la Cigale)
La Cigales prête de l’argent à taux zéro.

Tous les deux mois les porteurs de projets sont reçus.
2 axes d’investissements :
- Association
- Projet d’entreprise qui a vocation à créer des emplois locaux
2 formes juridiques :
- Association : prêt
- Entreprise : capital

Quelques projets retenus par la LIS :
- Loriol dans la Drôme (pas de CIGALES là-bas), boutique bio qui se développe bien, emploi de 4 personnes
- Restaurant qui cuisine des produits locaux à Saint-Julien-Molin-Molette "Les Pies Railleuses"
- La Boutique du linge (rue du Gal de Gaulle, à côté de Carnot), association à Saint-Etienne qui redonne du travail à des personnes au chômage depuis longtemps, couture, repassage.
- Les jardins d’Oasis : 4 salariés d’ici 1 an

Sur 30 projets présentés l’année dernière 5 ont été reçus.
Entre 1000 et 8000€ sont mis dans les projets.

Question : "Que se passe-t-il si le projet capote ?"
Réponse : "C’est une perte d’argent, c’est tout."

La notion de concurrence aux banques a été soulevée. Pour l’instant les CIGALES n’ont pas assez d’ampleur pour faire peur aux banques. De plus les projets aidés par les Cigales sont souvent risqués, et les banques prêtent rarement dans ces cas là. On notera aussi que les Cigales peuvent faire effet de levier aux porteurs de projet, à qui les banques prêteront davantage lorsque le projet a été retenu par une Cigales

Les règles de remboursement sont souples, l’échéance peut être annuelle ou autre.

La GARRIGUE : SCOP entre 5000 et 25000€ d’investissement
- Société nationale d’investissement
- Orientée exclusivement sur le capital (entreprises)
- Collecte nationale (part à 77€)

Pour en savoir plus site Internet de la fédération : http://www.cigales.asso.fr


Les Artisons, La Ricamarie
 par Christian Colombet

L’association « Coop en sel » a été créée en juin 2005 pour assurer l’élaboration et la mise en oeuvre de la Société Coopérative d’Intérêt Collectif « Les Artisons ». Une SCIC est une forme juridique créée en 2001 dans laquelle toute personne intéressée peut prendre des parts (consommateurs, producteurs...). Il n’y aura pas augmentation d’intérêts à la revente. En tant qu’associé, chacun participe aux prises de décisions collectives de la coopérative où il s’exprime à égalité de voix avec les autres associés.
L’autorisation pour la création d’une SCIC est donné par la préfecture. L’agrément est obtenu s’il a été fait preuve de l’utilité sociale. La SCIC doit demander le renouvellement d’agrément tous les 5 ans.

La Société Coopérative Bio Paysanne et Solidaire Les Artisons a pour objet la distribution de produits biologiques et écologiques en lien privilégié avec les agriculteurs paysans et les producteurs artisanaux, dans une démarche sociale et solidaire. Elle opte pour la distribution de produits exclusivement certifiés bio, privilégiant la distribution en vrac, les produits de producteurs, la transparence sur les origines, la limitation des transports...

Pour l’instant Les Artisons compte 1 salarié. Il y a projet de créer un deuxième poste pour la boulangerie.
Un projet SEL (Système d’Echanges Locaux) doit s’intégrer prochainement.

Pour en savoir plus : http://artisons-coop.eu/default-start-page.html

Les AMAP 
 par Marc Bardin

Une AMAP est une Association Pour le Maintien de L’agriculture Paysanne. L’agriculture paysanne doit permettre à un maximum de paysans répartis sur tout le territoire de vivre décemment de leur métier en produisant sur une exploitation à taille humaine une alimentation saine et de qualité, sans remettre en cause les ressources naturelles de demain.
Une AMAP est fondée sur l’engagement mutuel entre un groupe de consommateurs et un groupe de producteurs locaux (maraîchers, éleveurs, apiculteurs...).

Le groupe de consommateurs se constitue en association et s’engage auprès de producteurs locaux à acheter une part de leur production à l’avance. Un contrat est signé entre les deux groupes. Les consommateurs sont solidaires en cas d’aléas de production notamment les aléas climatiques. Ils aident à la vie de l’association (distribution des paniers, gestion des adhérents, communication...).
En échange les producteurs s’engagent à fournir des produits de bonne qualité écologique, à informer les consommateurs sur les moyens de productions, à faire visiter leur exploitation. Des activités pédagogiques peuvent être proposées.

Les moments de distribution des paniers sont des temps forts où les consommateurs et les producteurs peuvent échanger sur les réalités auxquelles chacun est confronté. Ce moment permet de sensibiliser les consommateurs aux contraintes de l’agriculture, aux difficultés qui peuvent être rencontrées.

Les AMAP permettent aux consommateurs de manger des produits biologiques de bonne qualité nutritionnelle et gustative. De plus, ils savent d’où le produit vient et ont la garantie d’une agriculture respectueuse de l’environnement. Quant au producteur il a la garantie de vendre sa production à un prix rémunérant. Elle lui permet d’accéder à l’autonomie et de ne plus dépendre de sociétés qui ne lui achètent pas sa production à un juste prix.

Pour en savoir davantage : http://alliancepec.free.fr/Webamap


Autres alternatives énoncées :

- Terres de liens : association qui regroupe du foncier agricole par le biais de GFA (Groupement Foncier Agricole) pour le mettre à disposition des agriculteurs. Cela permet de favoriser l’installation de petits producteurs pour qui l’accès au foncier est un véritable obstacle.

www.terredeliens.org

- Habicoop : société coopérative d’habitants qui regroupe des personnes qui veulent gérer et améliorer, ensemble, les logements qu’ils occupent dans un même immeuble ou sur un même terrain. Les valeurs fondamentales sont la propriété collective, la sortie du système spéculatif et la démocratie.

www.habicoop.fr


Toutes ces initiatives ouvrent la voie, permettent d’expérimenter d’autres relations sociales plus équitables, plus respectueuses des personnes et de l’environnement. Elles rompent avec l’individualisme et montrent que l’on peut envisager une autre voie que le néolibéralisme. Dans "Résister, c’est créer" M. Benasayag et F. Aubenas parlent de "contre-offensive souterraine en marche" (livre de la prochaine soirée du café-citoyen du 02/04/08), ces alternatives en font partie. Mais elles ne suffisent pas à révolutionner le monde et à empêcher les "gros poissons" de faire du profit n’importe comment au détriment des plus faibles et de l’avenir de la planète (exemple de Monsanto).

Parallèlement à l’expérimentation de solutions alternatives forcément limitées - limitées parce qu’on ne modifie qu’une partie du réel mais puissantes parce qu’on est dans l’action concrète et que la réalité s’en trouve modifiée - il faut chercher comment aider à étendre, à multiplier ces constructions alternatives pour qu’elles fassent monde. De plus, il ne faut pas renoncer à obtenir des décisions politiques plus globales qui y aident. Parmi “les politiques”, certains sont à l’écoute, réfléchissent et peuvent se laisser convaincre de la nécessité de telle ou telle initiative sur le terrain législatif ; d’autres n’entendent que celui qui parle le plus fort et mobilise l’opinion publique... Dans tous les cas il faut chercher à se faire entendre des élus et de l’opinion publique, mais comment ?

Autre question soulevée : les associations fonctionnent pour beaucoup grâce aux subventions, cela ne risquent-ils pas de nuire à leur indépendance ? Elles devraient toujours être créées à l’initiative de citoyens pour répondre aux besoins de la population et non pas pour réaliser des projets élaborés par des décideurs étatiques. Comment se fait-il que le projet élaboré par des citoyens n’est parfois pas reconnu d’utilité publique et de ce fait approuvé et subventionné par les décideurs politiques ? Reste le choix de rester fidèle à ses idées et d’accepter le fait de ne pas toucher de subventions ? (Il a été suggéré que ce point soit abordé lors d’un prochain café-citoyen).

Compte-rendu : Marie Reynier