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Une rencontre entre des enseignants, des professionnels de services sociaux et médicaux, autour de l’accueil des enfants rroms et de leurs familles...

mardi 15 avril 2008, par Josiane Reymond

nouveau site : http://solidariterroms.mi-blog.net

dans les squats "ça" écrit et "ça" travaille ! ©mpv

Voici un compte rendu d’une rencontre qui a rassemblé des enseignants, des professionnels de différents services sociaux et médicaux et des bénévoles du réseau de solidarité avec les rroms de St Etienne. Cette rencontre a été organisée par ce réseau de solidarité, autour de l’accueil des enfant rroms (scolarisation, suivi médical, aide aux familles....).
Les réalisations construites pour les enfants et leurs familles, les réponses apportées grâce à l’inventivité et à la ténacité de bénévoles avec la collaboration des familles et leur courage à chercher des solutions dans des situations extrêmement difficiles, les réflexions et les projets en cours, la tenue même d’une telle rencontre (45 personnes présentes) montrent qu’il est parfaitement possible d’accueillir dignement ces familles.
Il y a là une interpellation notamment des collectivités locales (Mairie de St-Etienne, St Etienne Métropole, le Conseil Général de la Loire) à ce qu’elles engagent réellement une réflexion pour mettre en route des solutions appuyant tout ce travail associatif qui s’effectue, pour l’instant, non seulement sans beaucoup de soutien institutionnel mais surtout malgré l’hostilité des orientations gouvernementales et préfectorales et dans l’indifférence voir la méfiance des collectivités locales.

Georges Günther


les ateliers enfants de Montplaisir ©anne-sara le cardiet

RENCONTRE AVEC DES ENSEIGNANTS, DES TRAVAILLEURS SOCIAUX DU CONSEIL GENERAL, LA PASS, LES CENTRES SOCIAUX, DES ASSISTANTES SOCIALES DE LA MAIRIE...

Le 27 mars 2008 à l’initiative du réseau de solidarité avec les familles rroms de St Etienne...
Etaient également présents le représentant des défenseurs des enfants de la Loire, les éducateurs de l’AGASEF. Les enseignants du collège Jean Dasté se sont excusés.
Nous notons le nombre important de participants (45 personnes environ) qui signifie combien cette question de l’accueil des enfants et des familles rroms nous interroge dans sa complexité et nécessite un travail de réseau.

Notre objectif étant d’apporter des informations sur la réalité de ce que vivent ces familles et de connaître comment les choses se passent dans les différents secteurs où elles sont accueillies. L’idée est de pouvoir ensuite construire ensemble des conditions qui permettent une véritable prise en compte des besoins de ces familles.

Nous avons introduit ce temps d’échange par un diaporama réalisé par Marie Pierre VINCENT : "Une histoire des familles roms de Saint-Etienne d’août 2004 à décembre 2006". Il caractérise la façon dont sont traitées ces familles depuis leur arrivée à St-ETIENNE il y a plusieurs années. Elles n’ont connues que l’errance, l’insécurité et la précarité de la vie en squat avec des expulsions permanentes, le dénuement matériel total puisqu’il n’y a jamais eu pour elles aucune prise en compte de leurs besoins fondamentaux par une ouverture sur le droit commun.

La Mairie et la Préfecture ont eu une attitude particulièrement mal traitante envers les rroms, le projet étant de les décourager à rester sur notre commune. Ils n’ont pas hésité à couper le chauffage en pleine période hivernale, à les rassembler tous au même endroit, créant ainsi un ghetto, une surpopulation qui mettaient les rroms et les habitants du quartier en risque de construire des relations trop conflictuelles. La préfecture a envoyé massivement les forces de polices porteuses d’obligation à quitter le territoire français (OQTF) ou des agents de l’ANAEM pour des retours « humanitaires » en leur promettant des aides pour construire un projet de vie en ROUMANIE, aides qui n’ont jamais vu le jour.

Ce verrouillage institutionnel se poursuit jusqu’à aujourd’hui, malgré l’entrée en Janvier 2007 de la ROUMANIE dans l’Union Européenne. Devenus citoyens européens, les rroms ont cependant eu accès aux prestations familiales. La CAF de St ETIENNE s’efforçait alors de remplir sa mission de protection des familles. Cette reconnaissance de leur droit a permis à quelques familles de pouvoir intégrer des logements et de s’inscrire ainsi dans des projets pour assurer l’avenir de leurs enfants.

Depuis quelques semaines, les rroms n’ont plus accès à ces prestations. Elles sont soumises à un droit au séjour : il faut que chaque personne ait des revenus suffisants pour vivre et une couverture d’assurance maladie dans leur pays d’origine. Ce qui s’amorçait comme une possible construction de projets de vie par l’accès au logement est ainsi totalement remis en cause aujourd’hui, avec des conséquences en chaîne : pas d’accès au travail notamment...

Ce que le Réseau demande, c’est d’accueillir les familles dans un hébergement digne et durable, où la vie quotidienne peut s’organiser, c’est à dire des logements disposant de sanitaires, d’eau courante, de chauffage, en proposant à chacun un accompagnement social pour cerner le projet de vie et rechercher des solutions d’avenir.
Dans ce but, depuis plusieurs mois, le réseau a tenté de maintenir les discussions amorcées à son initiative avec la Mairie qui s’est toujours désengagée. En Février 2008, la présidente de la CAF, soutenue par le conseil d’administration, au nom de la protection des familles, a demandé par courrier au Préfet l’organisation de rencontres avec la Mairie, le Conseil Général, et le réseau de solidarité pour la mise en route de solutions décentes. Et dès l’élection de la nouvelle municipalité de St ETIENNE, le réseau de solidarité a envoyé un courrier au maire pour demander l’ouverture de discussions très rapidement en vu dégager des solutions d’accueil dignes et durables, la mise ne place d’hébergements relais avec un accompagnement social.

Après ce bref rappel de la situation, nous proposons un tour de table pour connaître les questions qui se posent concernant la scolarisation et la santé des enfants.

Certaines écoles apprécient la régularité de la fréquentation (Beaulieu, Jules Ferry, Ovides) constatent les progrès de certains enfants. Pour d’autres, on note des absences dues aux maladies fréquentes, nous rappelons que depuis janvier, il n’y a pas de chauffage au squat de Montplaisir. Des absences également qui s’expliquent par la crainte des parents de laisser leurs enfants. Certains enfants ne sont plus revenus, ils sont repartis en ROUMANIE avec leurs parents, suite aux menaces d’OQTF.
Une directrice note que malgré la présence régulière des enfants, certains n’ont pas progressé dans l’apprentissage de la langue. Est-ce la peur de l’intégration ? Pourquoi investir une langue d’un pays qui ne vous accueille pas ? Un enseignant s’inquiète des grandes difficultés d’apprentissage d’un enfant qui est de plus mis à l’écart du groupe. Adeline connaît cette situation, elle constate cette même difficulté dans le squat.

En règle générale, les enfants et les parents se sont montrés très respectueux du cadre posé par l’école. Malgré tout, il est nécessaire d’échanger, d’avoir un suivi, c’est primordial pour l’organisation.

Il existe régulièrement des problèmes de traduction, de compréhension. Vu l’instabilité de leur vie, il est difficile pour eux comme pour les enseignants, de se projeter dans l’avenir ce qui reste inquiétant pour la bonne poursuite de leur scolarité. Il y a donc beaucoup de freins pour la scolarité malgré le fait que les enfants ont envie d’apprendre et que, de manière générale ils s’efforcent de bien s’intégrer à l’école, même si pour certains c’est difficile.
La question de l’absence des adolescents au collège est inquiétante. Les enseignants sont en lien avec des membres du réseau, ils s’interrogent pour savoir comment mieux accompagner ces jeunes. Pour les plus de 16 ans, rien n’est proposé, comment les éducateurs de l’AGASEF interviennent-ils sur cette question ?

Pour certains enfants, les vaccins sont à jour, pour d’autres, non. Le Dr RIVOLIER de la PASS note que les prescriptions de vaccination en PMI ou au Bureau d’Hygiène n’ont pas abouti. Il a effectué, pour chaque enfant un test tuberculinique, comme il n’y avait aucune suspicion de tuberculose, ils n’ont pas été vaccinés (le BCG n’est plus obligatoire).

De nombreux enfants ont été vaccinés en ROUMANIE, les parents ne sont donc pas inquiets. En principe, quand les enfants arrivent à l’école, en venant d’un autre pays, ils bénéficient, sous quinze jours, d’un bilan médical par la médecine scolaire. Ca n’a pas été le cas pour les enfants rroms.

V. BOURGIN, assistant social à la PASS, explique que ce service dépend du CHU, qu’il a été mis en place suite à la loi contre l’exclusion. Il assure des permanences et propose un dispositif facilitant l’accès aux soins pour des personnes ne bénéficiant pas de l’assurance maladie. La PASS a une mission d’intégration dans le droit commun, elle ne peut pas se substituer à tous les besoins de santé. Pour ce qui concerne le suivi des familles rroms, ce principe de fonctionnement rend les choses un peu compliquées. Ce service est bien repéré par les familles qui ont du mal à se mobiliser pour d’autres structures.

Une directrice s’inquiète de l’absence d’assurance scolaire. Si les enfants se blessent à l’école, ils n’auront aucune prise en charge. La MAE avait accordé la gratuité l’an passé. Cette année, l’assurance pour chaque enfant reviendrait à 9 euros. Il y a 40 enfants scolarisés, le réseau ne peut assumer un tel coût.
Suite à cette interpellation, un membre du réseau va établir la liste des enfants qui n’ont pas d’assurance à la MAE et faire le nécessaire

En ce qui concerne la PMI un médecin remarque qu’il n’y a pas de suivi sur le long court avec les enfants vus en consultation.

Différentes pistes sont évoquées :

- Que tous puissent identifier les différents correspondants pour chaque école, mis en place par le réseau. Il existe déjà un référent par école pour favoriser le lien parents/école, les inscriptions, les démarches administratives, la préparation du passage en 6ème. Leurs coordonnées peuvent être communiquées à chaque groupe scolaire.
- Comment faire avancer le problème de cette minorité au niveau européen ? Les rroms sont la plus importante minorité dans Union Européenne. Il y a pour l’instant des recommandations faites à chaque état contre les discriminations et pour l’accès aux droits fondamentaux. Mais cela ne débouche pas aujourd’hui sur des actions concrètes
- Peut on, en tant que professionnels interpellés dans nos missions par cette réalité, demander une rencontre à la Municipalité ? Les avis sont partagés. Un enseignant fait remarquer qu’ils ont une obligation de suivi des élèves dans leur apprentissage. Cela s’appuie sur un programme européen, des fonds ont d’ailleurs été débloqués. D’autres remarquent qu’une telle démarche de professionnels aurait du poids si elle était cautionnée par les hiérarchies. Quelqu’un fait remarquer que la direction de la DDAS a été interpellée par écrit par le réseau de solidarité sans aucune réponse (idem pour les syndicats de la Mairie). Ne faut il pas que les professionnels interpellent leurs institutions au nom de leur mission de service public ?
- Il est proposé des rencontres ciblées sur des thèmes, l’école, la santé, pour chaque famille..., ou par secteur géographique, pour aborder les problèmes de façon plus précise.

Face à ces différents constats, comment peut on construire ensembles pour amorcer des solutions pour faire avancer la question du logement, de la scolarité, de la santé ? La grande question étant la stabilité de vie. Il est nécessaire d’agir solidairement pour faire avancer la situation. Il nous faut sortir du strict périmètre professionnel, pour faire pression. Les lois se durcissent.

On peut s’appuyer pour agir sur ce qui existe aujourd’hui, obtenir des informations par :
- le site du Portail pour l’accès aux droits sociaux
- le site des réseaux citoyens de St Etienne
le blog "Solidarité Rroms"
- Le réseau de solidarité a également mis en place une liste de diffusion interactive à laquelle on peut s’abonner en envoyant un mail de demande à : contact@droits-sociaux.fr

Merci à tous ceux qui ont su se rendre disponibles pour partager les expériences, réflexions, interrogations.

Le réseau de Solidarité avec les familles rroms

(compte rendu écrit par Josiane Reymond)

Compte-rendu publié sur
http://www.droits-sociaux.fr/article.php3?id_article=244
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