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Enfants Rroms

L’Ecole, l’école, l’école, l’école...

jeudi 17 avril 2008, par Adeline Combat

Appel à la solidarité :
 

APPRENDRE AUTREMENT, ON N’Y ARRIVERRA PAS TOUT SEUL !

  

 Un énorme travail est engagé dans la construction de solutions, en parallèle et en complémentarité de l’enseignement scolaire, pour motiver les enfants rroms roumains, vivant en squat sur St Etienne, dans l’apprentissage et l’accès à la connaissance.

Vous êtes parent, enseignant, musicien, retraité, clown, informaticien, éducateur, comédien, bricoleur, étudiant, peintre, conteur, photographe, vous savez filmer, dessiner, vous connaissez la Bio, la Physique et les Mathématiques, ou vous avez simplement du temps et des talents cachés... Vous aimez partager vos connaissances ou votre passion.

Vous pensez que l’école est indispensable ou qu’il existe des solutions alternatives...

Vous pouvez venir soutenir les actions, organisées par le réseau de solidarité aux Rroms Roumains vivant en squat à St-Etienne, en direction de l’enfance et l’adolescence.

Dernièrement, nous avons créé un atelier pour les enfants, où participent également les familles, au sein du squat de Montplaisir à St Etienne.
Il a pour objectif de permettre à tous, notamment à ceux pour qui l’école classique est bien difficile à intégrer, d’accéder aux apprentissages de base (écriture, calcul) et aussi à la connaissance dans un sens plus large au travers d’activités artistiques, ludiques, éducatives, sportives, culturelle...
Mais, nous y arriverons mieux avec vous, les enfants sont nombreux et curieux.

N’hésitez pas venir nous rejoindre. Si vous connaissez des personnes qui pourraient être intéressées, vous pouvez bien sur faire circuler l’information.

Adeline Combat  
Contact : 06 83 31 94 78 ; adcombat@laposte.net

L’Ecole, l’école, l’école, l’école...

Voilà un des mots que nous répétons bien souvent au comité de soutien aux familles Rroms Roumaines de Saint-Étienne.

Aux enfants :
 « Il faut aller à l’école si tu veux faire de progrès en français, il y a des maîtresses et des maîtres qui viennent exprès pour toi ! Si tu veux apprendre à lire, à écrire et à compter ! Si tu veux passer ton code de la route tu devra savoir lire, si !... »  

Aux parents :
 « Il faut que vos enfants aillent à l’école tous les jours si vous voulez qu’ils apprennent et qu’ils se débrouillent plus facilement dans la vie ! Si vous voulez continuez de percevoir les aides sociales, si vous !.... »  

Ce discours moralisateur permet certains résultats.

Les avancées

Tous les enfants sont inscrits à l’école.

Les 21 enfants des 7 familles qui vivent à présent en appartement ont un rythme scolaire qui parait être plus stable, les progrès en français sont remarquables !
Vous trouverez sur le blog (http://solidariterroms.miblog.net) Sara qui récite sa poésie.

Plusieurs idées : le fait de changer d’école, de se retrouver moins d’enfants Roumains par classe, d’être moins stigmatisé, d’avoir une vie plus tranquille, loin des pressions policières du squat, sans le risque d’expulsion, avec du chauffage de l’eau et de l’électricité, des parents plus disponibles...
Bien sur, c’est encore difficile pour ces familles, mais elles sont entrées dans le droit commun et des repères s’installent pour les enfants !

On note aussi que les enfants qui vivent rue Jean Allemane et à la terrasse, sans eau, fréquentent l’école élémentaire très régulièrement.
Les enfants de quatre familles du squat de Montplaisir ne manquent pas un jour d’école.

Ce que le réseau de solidarité a mis en place

Nous nous sommes mis en lien avec les différentes écoles, avec les enseignants ; accompagnons parfois les enfants à l’école ; nous intéressons à leur travail, les encourageons ; traduisons les mots de l’école lorsqu’on a connaissance ; ré expliquons le fonctionnement scolaire, rappelons l’obligation de scolarité ; échangeons beaucoup avec les familles ; organisons du périscolaire à l’espace loisir ; organisons des activités sur le lieu de vie, mais dans l’esprit d’inciter à sortir du squat ; aidons les familles pour l’organisation les vaccinations et l’assurance scolaire ; fournissons du matériel scolaire ; avons accompagné des familles pour acheter des vêtements et chaussures...

Un petit calcul

Combien de temps passons-nous, entre les relations avec les professionnels de l’enfance, le temps auprès des familles et des enfants, les divers accompagnements ?
L’estimation est réalisée pour les personnes les plus impliquées auprès des enfants, pour une semaine.
(Sans compter les vaccinations ou malgré l’énormité, le calcul est assez précis : 55H00 en globalité)

Résultat : Plus de 30H00 !
Auxquelles il faut ajouter le temps des autres bénévoles.
L’équivalent d’un temps plein !

Nous sommes convaincus que nous ne faisons pas cela pour rien.
Il y a des réussites.
Mais pour certains enfants l’absentéisme reste important. L’apprentissage est donc freiné.
Une trentaine d’enfants de la maternelle au collège auraient une scolarité chaotique.

Pouvons nous nous satisfaire de cela ? Beaucoup d’énergie est déployée, tant par les enseignants que par le réseau, sans pouvoir mesurer les apprentissages.

Nous cherchons des solutions en parallèle de l’enseignement scolaire pour motiver les enfants dans l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul, mais aussi pour qu’ils puissent accéder à la connaissance dans un sens plus large.

L’intégration scolaire classique est-elle possible pour tous ?

Même si, avec toute notre attention, nous arrivons à persuader les enfants et adolescents à se rendre à l’école, même si les équipes éducatives sont très soucieuses de leur réussite scolaire, nous nous interrogeons malgré tout sur les apprentissages de certains enfants.

Les parents souhaitent tous voir leurs enfants s’épanouir, apprendre, progresser.

- Pourquoi tant de difficultés pour les élèves ?

Voici quelques explications possibles qui peuvent permettre de mieux comprendre les difficultés à fréquenter l’école.

 Arrivé en France à 11 ans  
Quand on fréquente le système scolaire depuis petit, il parait évident. Il y a les inscriptions, les visites, les rencontres parents professeurs, les règles en classe et dans la cours, les contrôles, le conseil de classe, l’orientation, la perspective d’un métier...
Mais quand un enfant arrive de Roumanie à 11 ans, où il est allé à peu près régulièrement à l’école jusqu’en CE1, puis il est parti vivre en Espagne, et quelques mois en Italie (si les conditions de vie étaient meilleure pour les Roms), avant d’arriver à St Etienne.
Cette année tous les élèves nés après 1995 vont au collège, même s’ils savent tout juste l’alphabet et s’ils ne parlent pas Français.
Malgré la détermination de certains professeurs, comment une intégration scolaire classique est possible ?

 Etre interprète  
On peut imaginer la difficulté pour un enfant de 10 ans, à être traducteur à l’oral et à l’écrit pour sa famille. Finalement, il se débrouille déjà mieux que ses parents. Pourquoi irait-il tous les jours à l’école ?
Ce n’est certes pas le cas de tous, mais d’autres facteurs viennent entraver l’apprentissage à l’école, surtout au collège.

- Quel avenir ?

Nous nous interrogeons parfois sur le manque de perspectives de ces enfants. Certains parents parviennent difficilement à faire des projets. Les conditions de vie sont incertaines, souvent les familles sont expulsées de squat en squat.
La législation change très souvent et généralement pas en leur faveur.
Lorsque la famille restée en Roumanie, elle vit souvent dans des conditions encore plus précaires, en cas de maladie ou autres difficultés, ils repartent quelques semaines.
Les recherches de travail n’aboutissent pas.
Alors ! Quels espoirs dans la tête des enfants ?

- Conditions de vie et rythme de vie

Un exemple concret de tous les jours.
Il fait froid et qu’il n’y a pas de chauffage. Darius a Sept ans, il faut qu’il sorte du lit douillet ou il dort, serré contre sa maman, vers 7H30. Il doit aller aux toilettes, à l’extérieur, fréquentés par près d’une centaine de personnes et se débarbouiller à l’eau froide, il faut en avoir du courage !
Pour s’habiller c’est rapide, puisque s’il fait trop froid que les gens ne se déshabillent pas.
En plus, il faut manger en se levant... Ce n’est pas une habitude et les goûters, Darius les oublie toujours ou il les à déjà manger, trop bons !
A 11h30, il n’y a pas toujours quelqu’un qui l’attend à l’école.
Il engloutit vite le repas. La maison est trop petite pour jouer, alors il s’amuse dans le couloir, ou dehors.
L’heure de repartir à l’école ? S’il est train de bricoler ou de faire une super jeu avec des bidules récupérés, que ses parents sont déjà repartis, ou que le petit frère fait la sieste...

Favoriser l’apprentissage

- Le centre social

Tous les mardis soirs, après l’école nous nous rendons à l’espace loisir de Beaulieu. Au départ, nous voulions organiser du soutien scolaire avec les enfants scolarisés en élémentaire. Pas assez nombreux pour les accompagner, nous avons revus nos objectifs.

A présent se moment se veut ludique, mais aussi éducatif.
On doit respecter quelques règles de vie, se laver les mains avant le goûter, le partager dans une ambiance conviviale et respectueuse, chacun doit participer au nettoyage et au rangement de la salle. Les jeux sont à emprunter. Les enfants doivent nous demander avant de s’en servir et les remettre à leur place après utilisation. On arrive à l’heure et on repart ensemble.

Quand on vit en squat, avec un point d’eau pour tous, que le ménage est quasiment réservé aux femmes, que les jouets sont très convoités et vite cassés, que le rythme de vie est en mouvance, ces règles ne sont pas forcement habituelles et pas si évidentes à mettre en place.
A travers la difficulté de certains à les intégrer, nous imaginons combien s’inscrire dans le système scolaire peut être difficile, s’ils n’ont pas fréquenté l’école depuis la maternelle.

Nous pensons que ce type d’activité, avec des personnes que les enfants et les familles connaissent bien, peut servir de passerelle vers le système scolaire.

Nous avons eu l’idée, tout en maintenant l’idée de sortir du squat, au travers des activités enfance et famille, de l’école et autres, de créer un atelier dans une pièce du squat, pour les enfants.

- Les mercredis après midi 

Depuis l’automne 2007, nous nous retrouvons déjà avec les enfants de la maternelle au collège, au squat.
C’est comme une salle de jeux, ou une classe unique gigantesque avec une grande table au milieu de la pièce et deux bancs, avec les parents et les bénévoles comme professeurs.

Beaucoup de participants, pour ne pas dire tous. Ceux qui ne vont pas trop à l’école, sont les premiers à vouloir nous donner un coup de main dans l’organisation.

Le programme se veut varié, activités manuelles, créatives (dessin découpage, coloriage), carnaval et noël, maquillage et costumes, groupes de lectures sur des thèmes et d’écriture, géographie, sport...
Nous organisons aussi des sorties depuis 2006, cinéma, parc et piscine, pique nique en campagne et baignage...
Des intervenants viennent occasionnellement présenter des spectacles (clown, conteur...)

C’est l’occasion pour nous d’aborder la scolarité avec les parents, de faire le lien avec les écoles si besoin, d’évoqué les soucis des enfants...
Une relation de confiance s’est tissée au fils du temps. Certains parents s’impliquent naturellement dans les activités avec leurs enfants. Ils peuvent s’accorder un moment pour venir jouer ou travailler avec les enfants, en fonction de leurs disponibilités, loin des préoccupations quotidiennes.

Ce moment permet aussi l’apprentissage du français, sans avoir l’impression d’être à l’école.
Si nous étions plus de bénévoles nous pourrions travailler sur l’apprentissage de la lecture, l’écriture et le calcul avec les plus réticents à l’école.
Nous avons déjà eu des demandes mais malheureusement, pas les moyens d’y répondre actuellement.

- L’atelier des enfants, au squat

Les activités dans ce sens là, gagnent à être développées. Des nouveaux bénévoles se sont joints à nous, depuis quelques semaines. Cela se ressent déjà très positivement dans le temps accordé à chaque enfant.

Nous venons d’emménager un atelier enfants dans une pièce inutilisée du squat.
Nous stockons notre matériel (tables, chaises, placard, jeux, livres, fournitures scolaires...). Nous disposons de cet espace pour travailler en s’amusant.
Avec ces meilleures conditions matérielles, nous pensons mettre en place une forme de soutien scolaire.
Le fonctionnement des activités ressemblera à celui du mardi à l’espace loisir. L’idée n’est pas de se substituer à l’école, mais de travailler en complémentarité.

Ces activités, qui ont déjà débutées les mercredis, durent en moyenne trois heures. Les enfants qui ont la possibilité d’aller et venir, tant qu’ils ne perturbent pas le déroulement de la demi-journée.

Nous allons expérimenter cette salle pendant les vacances scolaires. Nous imaginons un roulement de bénévoles avec les parents dans un premier temps (la salle est fermée à clefs et un double est dans la pièce voisine). Si cela fonctionne bien, à terme nous aimerions que les familles puissent accéder à cette salle sans les bénévoles.

Certains enfants ne sortent que pour l’école ou par nécessité. Notre objectif n’est pas de les enfermer en proposant un atelier entre eux et au squat. L’intérêt est d’accéder à la connaissance, autrement que par l’école, d’avoir un espace de jeux et de découverte à la maison. Ce sera par des jeux, lectures, photos, vidéo, expériences, rencontres, sorties...
Nous poursuivrons donc la mise en place des activités tournées vers l’extérieur (visites, cinéma, parc, centre social...).

Nous avons au programme la mise en place de sorties à la médiathèque et la venue d’un conteur.
L’idée a été proposée de mettre en place les samedis après midi groupe de théâtre forum, avec les adolescents. Cela consiste à mimer une scène de la vie de tous les jours et d’y mettre des mots.

Nous sommes convaincus que ce genre d’activité ou les enfants apprennent autrement un encouragement vers l’enseignement classique.
Pour certains qui fréquentent peu l’école, malgré ce qui est en place, ce travail permet l’apprentissage et l’accès à la connaissance, par un autre bais.
Ensemble avec de la persévérance et de la conviction nous pouvons accompagner ces enfants, en lien avec leur famille.
Nous sommes de plus en nombreux à partager ce point de vue et mettre des choses en place dans cet esprit, mais nous avons besoin de tous, de vous. C’est ensemble que nous y parviendrons.

- Autres utilités de l’atelier des enfants 

Cette pièce permet à présent au réseau (membres des diverses associations, des personnes française à titre personnel, les personnes Rroms...) de se réunir, chaque semaine dans une atmosphère plus calme.
Nous pourrons y réaliser les prochaines rencontres, notamment avec les professionnels de l’enfance, etc...

Dans le but d’améliorer les échanges d’informations entre les bénévoles, nous récoltons les informations (non confidentielles) dans un classeur.
Téléphones de chacun, des écoles, des organismes d’aides sociale et médicale..., les coordonnées (si elles le souhaitent) des familles vivants en appartement de manière à ce l’accompagnement puisse se poursuivre en cas d’absence d’un bénévole, les comptes rendus des diverses rencontres, les articles de presse, les textes de loi...
Ceci permettra d’avoir accès rapidement aux informations importantes, d’éviter de faire plusieurs fois les mêmes démarches...
Pour les nouveaux bénévoles, il sera peut-être ainsi plus évident de comprendre le fonctionnement de l’association et de s’impliquer.

Vous pouvez venir rejoindre le réseau. Nous nous réunissons tous les lundis vers 18h00 au squat, 36, rue de Terrenoire, dans le quartier de Montplaisir à St-Etienne.

Le 10 Avril 2008

Pour le réseau de solidarité,
Adeline Combat
06.83.31.94.78.
adcombat@laposte.net

Appel publié sur http://solidariterroms.mi-blog.net
et http://www.droits-sociaux.fr