Mon site SPIP

Accueil > Libertés > Une marche pour Sadok

Une marche pour Sadok

Sadok, 27 ans, ouvrier du bâtiment, père de trois enfants, est mort le 9 février après une collision avec une voiture de police.

lundi 23 février 2009, par Roger Dubien

“Que justice soit faite. Nous sommes là pour toi”. Derrière cette banderole portée par des membres de la famille, environ 250 personnes - beaucoup de jeunes - se sont rassemblées à Centre Deux puis ont marché dans la grande-rue de Saint-Etienne, de Centre Deux à la Mairie puis à la Préfecture, mercredi 18 février en fin de matinée. Beaucoup de recueillement et de dignité dans cette marche silencieuse, et dans les paroles de la famille.
Sadok Hamdi, 27 ans, est mort le lundi 9 février après plusieurs jours de coma, suite à un accident avec une voiture de police, jeudi 5 février vers 22h10 à Centre Deux.

Que s’est-il passé ce soir là ? Sadok, ouvrier dans le bâtiment (il posait des filets de sécurité sur les chantiers), père de 3 garçons de 7 ans, 6 ans et à peine 2 ans, rentrait chez lui en scooter.
Il descendait la rue des Drs Charcot (grande-rue), à la hauteur du centre commercial de Centre Deux. Une voiture de Police a croisé la grande-rue venant de la rue Rémy Doutre pour prendre le boulevard Alexandre Pourcel (dans la direction du commissariat Fauriel ?).
Le choc a été d’une très grande violence. Sadok a été projeté à plusieurs mètres et a atterri contre un poteau, celui sur lequel des bouquets de fleurs ont été accrochés mercredi. Des personnes arrivées juste après l’accident, avant même l’arrivée du SAMU, indiquent que le scooter était défoncé. Et le côté avant-droit de la voiture de police aussi.
Et d’autres témoins, qui apparemment étaient derrière le scooter de Sadok, indiqueraient que c’est la voiture de Police qui aurait grillé le feu rouge à vive allure.
Les Policiers étaient-ils en intervention ? Le gyrophare de la voiture de police était-il actionné ?
Tout cela doit être tiré au clair et justice doit être rendue. Parce que Sadok a été tué dans cet accident.
A noter aussi qu’en plus des témoins, il doit y avoir des enregistrement des caméras de vidéosurveillance installées à cet endroit. Si elles marchent...

Selon un communiqué de l’AFP du 17 février, le Procureur de la République a décidé d’ouvrir une information judiciaire contre X pour “homicide involontaire”.
La famille compte sur cette enquête et demande que la lumière soit faite et que justice soit rendue. Elle n’accepte pas - et les personnes présentes ce mercredi à la marche avec elle - que la mort de Sadok soit banalisée. Car c’est ce qui s’est passé dans les premiers jours. Un article de presse a même parlé de “banal accident”. Peur de répercussions dans des quartiers ? Atténuation par avance d’une responsabilité éventuelle de la police ?

La famille veut qu’il y ait éclaircissement et reconnaissance de ce qui s’est passé. Ça ne fera pas revenir Sadok. Mais il ne faut pas qu’il soit mort pour rien.

Surtout que comme d’habitude dans ce genre de situations où il question de la police, et des rapports de la police avec des jeunes, des rumeurs pas très dignes ont circulé. Pour aider à faire accepter l’inacceptable ?

Ce drame ramène aussi la question du comportement de cow-boys de certains policiers. Beaucoup de gens ont des expériences dans ce domaine. Est-ce que ce qui s’est passé à Centre Deux le 5 février vers 22h10 en est une conséquence ?
Ce qui est arrivé à Sadok peut arriver à n’importe quel jeune de n’importe quel quartier et de n’importe quelle couleur. Tout le monde devrait y réfléchir pour éviter que de tels drames se renouvellent.

Roger Dubien.