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Conférence-débat de Survie avec Ardiouma SIRIMA
Élections au Burkina Faso, en Guinée et en Côte d’Ivoire : Enjeux du développement, de la démocratie et de la souveraineté en Afrique de l’Ouest
Jeudi 2 décembre 2010 à 20h30 au Remue-Méninges
mardi 23 novembre 2010
Survie invite à une conférence-débat avec Ardiouma SIRIMA, Secrétaire général du Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), jeudi 2 décembre à 20h30 au Remue-Méninges, 59 rue Désiré Claude à Saint Étienne.
Entrée libre.
Renseignements au 06 26 41 12 55
survieste@no-log.org
http://survie.org
Communiqué de Survie après les élections au Burkina...
Burkina Faso : des imposteurs valident la nouvelle imposture électorale de Blaise Compaoré
Alors que le Burkina Faso vient de connaître une des pires parodies
électorales de son histoire, la France et l’Union Européenne observent un
silence complaisant et laissent des observateurs illégitimes valider le
sacre d’un des meilleurs gardiens des intérêts français dans la
sous-région.
Blaise Compaoré, qui a renversé Thomas Sankara en 1987 avec la
bienveillance de la France puis a installé son régime dans la répression
des journalistes et opposants, se succède à lui-même en remportant la
pseudo-élection présidentielle du 21 novembre dernier. Une nouvelle fois,
cette élection est entachée d’irrégularités. Le tribunal administratif,
saisi par les partis d’opposition, a jugé non conforme au code électoral
la carte d’électeur. La suite sera donnée par le Conseil Constitutionnel
qui pourrai décider d’annuler le scrutin. Sentant que l’élection était
jouée d’avance, seule la moitié des 7 millions d’électeurs potentiels
s’était inscrite sur les listes électorales, et seulement 1,7 millions
d’entre eux se sont rendus aux urnes. Cette mascarade prend une
signification d’autant plus particulière que Blaise Compaoré entend
modifier la constitution pour pouvoir se représenter indéfiniment à la
présidence, à l’instar de son ami camerounais Paul Biya. C’est pourtant
sans complexe que le président du Burkina Faso va endosser ce dimanche son
costume de médiateur pour aller donner des leçons de paix et de démocratie
aux Ivoiriens lors du deuxième tour de la présidentielle, alors que par
ailleurs des soupçons de soutien matériel aux rebelles pèsent sur lui.
Après avoir hypocritement célébré le cinquantenaire des indépendances de
ses anciennes colonies d’Afrique subsaharienne, la France ne s’émeut
nullement de cette situation, pas plus que lors des récentes successions
dynastiques au Gabon et au Togo. Rappelons au contraire qu’elle n’a eu de
cesse d’accompagner le régime en place, par exemple en augmentant
régulièrement son aide budgétaire aux autorités burkinabé (4 millions
d’euros en 2008 contre les 2,5 provisionnés, et 19,5 millions sur la
période 2009-2011). Le nouvel ambassadeur de France dans le pays est sans
doute plus préoccupé par les questions sécuritaires que par les questions
démocratiques : le général quatre étoiles Emmanuel Beth, routier des bases
africaines de l’armée française et frère du commandant des troupes
d’élites du COS (Commandement des Opérations Spéciales), a été nommé à
Ouagadougou cet été, juste en amont du discret redéploiement de troupes
françaises dans le pays au titre de la « lutte contre le terrorisme ».
L’Union Européenne n’a pu envoyer d’observateurs, une place vite prise par
l’Observatoire Européen pour la Démocratie et le Développement (OEDD).
Cette fumeuse association, cofondée entre autres par Pierre Messmer, a
envoyé sur place une douzaine d’observateurs qui disent avoir constaté « le
sérieux, la courtoisie, la discipline, l’ordre et la maturité » des
Burkinabè lors du scrutin, alors que seuls les représentants du candidat
Compaoré et les forces de l’ordre étaient présents dans les bureaux de
vote visités. Dans cette délégation « européenne » composée aux
trois-quarts de Français, souvent liés aux réseaux françafricains, on
retrouve notamment Jacques Godfrain (ancien ministre de la Coopération de
Jacques Chirac), Jacques Perget (général français, contrôleur général des
armées), Françoise Casano (Vice-Présidente des Femmes de l’UMP), Michel
Voisin (député UMP, Vice-président de la commission de la défense
nationale et des forces armées), Fouad Benhalla (Président de Havas Médias
International, lié au groupe Bolloré).
L’association Survie dénonce le soutien officieux des autorités françaises
et l’absence de réactions des autorités européennes à la tacite
reconduction de la dictature de Compaoré. Survie dénonce également cette
parodie d’observation qui ne vise qu’à offrir une légitimité usurpée à un
chef d’Etat criminel.
le 26 novembre 2010