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Jeudi 8 mars à 20h au France

Conférence-débat de Jacques Testart : “Science, éthique et démocratie”

samedi 25 février 2012, par Annick Bossu

Jacques Testart sera à St-Etienne jeudi 8 mars, en particulier pour une conférence-débat à 20h au cinéma Le France, à l’invitation du collectif Zérogm42 (1)
Annick Bossu, sensible aux problématiques que soulève J. Testart aborde ici quelques points forts de ses réflexions...

Inlassable passeur d’idées et de colères, passionné, Jacques Testart se définit lui même comme critique de sciences et éventuellement objecteur de recherche.
Il s’inquiète en homme de science et de réflexion sur l’avenir de l’homme, car comme le dit Michel Serres « nous organisons sans y prendre garde l’oubli de l’homme que nous sommes ».
Avec gravité et humour, Jacques Testart passe donc son temps à nous expliquer comment la technoscience « a bouffé » la science, et surtout comment cela impacte sur le monde que nous vivons, que nous allons vivre.
Il nous aide à réfléchir ... mais il a aussi des solutions.

Ses premières prises de conscience sont anciennes. Il nous a alerté très tôt.
Chercheur et biologiste, il a travaillé sur la transplantation d’embryons chez les vaches puis sur la fécondation in vitro chez les humains.
Anticipant sur les applications possibles de ses propres recherches, il s’est très vite questionné sur l’éthique des sciences et de la biologie en particulier : quel statut donner à un embryon congelé ? Les nouvelles techniques de procréation ne vont-elles pas engendrer des demandes parentales extravagantes, des dérives sociétales importantes ?
De nos jours, le diagnostic pré-implantatoire permet de trier des embryons (puces à ADN, séquençage systématique) ce qui permettra de les hiérarchiser. En fonction de quels critères ? Ainsi, sous la plume de Jacques Testart, on voit poindre un eugénisme nouveau, insidieux, qui se pare de « liberté » et pourquoi pas de démocratie ...

Impossible de faire de la biologie sans se préoccuper d’éthique, de philosophie et donc de politique.
Pour Jacques Testart, la technoscience (comment dire autrement ?) avance masquée ou complètement cachée. Ainsi, sous couvert de progrès (qu’il faudra bien un jour redéfinir) et à coups de promesses auxquelles nous sommes priés de croire (sinon nous sommes des obscurantistes à la bougie) la technoscience nous invite :
- au festin des OGM qui « vont nourrir l’humanité de demain »,
- à une vie nucléaire : c’est sûr la science va trouver bientôt comment traiter les déchets radioactifs, elle va reproduire la fusion nucléaire des étoiles (ITER),
- à un monde sécurisé où bêtes et hommes seront identifiés, pucés, où des abeilles artificielles polleniseront nos légumes (convergence des nano-bio-technologies et de l’informatique)
- à un monde où le vivant sera breveté, où les climats seront maîtrisés (géo-ingéniérie)
.....
Tout cela aux mains d’ « experts » pouvant se dire chercheurs qui, en plus de nous bluffer, édifient pour nous des normes faisant fi des savoirs anciens notamment ceux des paysans à l’origine d’une biodiversité cultivée impressionnante.
Experts incapables de maîtriser les conséquences de leurs choix c’est à dire de prévenir les risques qu’ils ont créés mais tout prêts à réparer par des innovations nouvelles les dégâts que d’autres innovations avaient produites !

Mais Jacques Testart va plus loin : il dénonce les priorités accordées à certains domaines de recherche plutôt qu’à d’autres, il nous montre qui est derrière la technoscience et en quoi cela menace la démocratie.

Et surtout, il nous propose des pistes d’actions.
- des pratiques alternatives déjà réalisées dans certains pays au niveau de la recherche,
- des innovations ouvertes comme le logiciel linux par exemple,
- des initiatives citoyennes comme le réseau semences paysannes,
- la mise en place d’outils comme les conventions de citoyens déjà expérimentées et dont il nous parlera,
....
Il s’agit en gros de trouver des moyens pour partager la science entre les chercheurs et la société civile soucieuse du bien commun.
C’est d’ailleurs l’objectif principal de l’association Fondation Sciences Citoyennes qu’il a créée.

Enfin, impossible pour J. Testart d’imaginer le monde d’aujourd’hui et de demain sans la décroissance de nos productions et de nos consommations telles que nous les connaissons ... Un monde rêvé ?

Annick Bossu

(1) Le programme de la journée
Dans l’après-midi, vers 14h30, Jacques Testart rencontrera des lycéens, au lycée Jean Monnet à S-Etienne.
Au cinéma Le France, accueil à partir de 18h30.
Restauration : boissons et tapas préparés par Les Pères Peinards
Vente-signature du livre “Labo-Planète”
A 19h : projection du film “Main basse sur les gènes, ou les aliments mutants” (projeté également le vendredi 9 mars à 14h)
A 20h : conférence-débat
Entrée pour film+conférence : 4 euros

Le livre “Labo-Planète, ou comment 2030 se prépare sans les citoyens”...

Jacques Testart, Catherine Bourgain et Agnès Sinaï ont co-écrit ce livre en 2011 dans la suite des Dialogues « Sciences Planète », un cycle de débats organisé par la Fondation Sciences Citoyennes...
(Voir)
Jacques Testart est également l’auteur de Le Désir du gène (Flammarion, 1994) et Le Vélo, le mur et le citoyen : que reste-t-il de la science ? (Belin, 2006), Pour une éthique planétaire (Mille et une nuits, 1997), Réflexions pour un monde vivable (Mille et une nuits, 2003), Le Vivant manipulé (Sand, 2003)
Agnès Sinaï est journaliste environnementale, maître de conférence à Sciences-Po Paris, membre du comité de rédaction de la revue Entropia.
Catherine Bourgain est chargée de recherche en génétique humaine à l’Inserm, secrétaire de la Fondation Sciences citoyennes.