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Loire : 25 AMAP, une centaine de fermes et près de 1500 familles...

mardi 22 octobre 2013, par Roger Dubien

Ce texte a paru dans Solidarité Paysanne” (journal de la Confédération Paysanne de la Loire) d’octobre.

Les AMAP ont commencé dans la Loire en 2005 (à Montbrison et au Crêt de Roc à St-Etienne). 8 ans après, on en compte 25 (1) : 10 à St-Etienne, 1 à Villars, 1 à Roche la Molière, 5 dans le Gier, 2 dans le Pilat, 1 dans l’Ondaine, 4 dans le Forez, 1 à Roanne (2).

Lancées en France en 2001, les AMAP ont tout de suite suscité l’intérêt. Pour les familles, elles sont un moyen d’accéder à une nourriture saine, de qualité, à des prix abordables. Et de rencontrer chaque semaine celles et ceux qui produisent cette nourriture : les paysans, avec qui des relations de confiance se construisent au fil des mois.
Pour les paysans, elles sont un moyen de vendre leurs produits à des prix qui rémunèrent leur travail, et de connaître les personnes qui vont manger ce qu’ils produisent.
Une statistique sur l’évolution des prix des produits alimentaires montre qu’entre 1970 et 2002, les prix payés aux paysans, essentiellement par l’agro-industrie et les centrales d’achat de la grande distribution, sont passés de 100 à 44. Et ceux payés par les « consommateurs » de 100 à 112. On comprend tout de suite pourquoi les paysans disparaissent...
L’idée de faire des “Associations pour le maintien de l‘agriculture paysanne” a donc été une excellente idée. Si on paie ce qu’on mange directement à celles et ceux qui le produisent, les familles et les paysans sont tous deux gagnants. Et en plus, c’est vraiment sympathique !

Les AMAP sont nées autour des paniers de légumes. Dans la Loire aussi, et ce n’était pas facile de trouver des maraîchers à même de fournir : 2 au début, dont un du Rhône. 8 ans après, ce sont 15 maraîchers (dont certains se sont installés) qui livrent les 25 AMAP et De la Ferme au Quartier, système proche des AMAP créé en 2011 et qui compte aujourd’hui 10 lieux de distribution sur St-Etienne.
Mais au total ce sont 110 fermes qui livrent une grande diversité de produits. Pas étonnant : on a la chance que notre département soit resté un département qui compte encore beaucoup de paysans pratiquant une agriculture paysanne.
Ainsi, 7 fermes livrent du pain, 12 des fruits et jus de fruits, 5 des fromages de vache, 7 des yaourts et du lait, 12 des fromages de chèvre et/ou de brebis, 9 des oeufs, 9 des volailles, 8 de la charcuterie et de la viande de porc, 3 de la viande de veau, 10 de la viande de boeuf, 4 de la viande d’agneau, 2 du vin, 7 du miel, 1 des châtaignes, 2 des confitures...
En moyenne il y a 7 fermes par Amap - en réalité c’est entre 3 et 12 - et donc beaucoup de ces fermes livrent plusieurs AMAP... Bien sûr, aucune de ces fermes ne peut travailler uniquement avec des Amap.

Alors tout va bien ? Non. Il faut être lucide sur l’ampleur de ce qui se fait, et constater aussi un certain tassement.
Dans le département, on peut estimer qu’entre 1250 et 1500 familles participent aux 25 AMAP. C’est bien, mais c’est peu : environ une famille sur 200. Attention à la niche. Tout le monde peut constater que les parkings des supermarchés n’ont pas vraiment désempli...
Pourtant, la grande distribution - système qui crève les paysans, et les producteurs en général - a pris l’affaire au sérieux, mesurant l’attrait des Amap et des autres formes de “partenariats locaux solidaires” que sont des initiatives comme Alterconso sur Lyon ou la FAQ sur St-Etienne, des ventes directes et marchés à la ferme, des magasins de producteurs, des magasins bio spécialisés...
Elle a décidé de mettre le grappin sur ces nouvelles aspirations des “consommateurs”. “Vous voulez “du bio” (souvent industriel et qui a fait des milliers de kms, chut) ou du « local » (souvent pas bio du tout, chut), restez chez nous !” Dans le chiffre d’affaire, c’est encore marginal, mais c’est un gisement à exploiter. Et puis ça met en confiance pour vendre tout le reste et garder captifs des “clients” qui se posaient des questions. Et l’argument qui tue a été sorti : ‘“du “bio” et du “local” ... moins cher”. Ce qui n’est pas vrai, d’ailleurs...
Cette bataille n’est pas sans résultat, surtout dans une période de difficultés financières pour beaucoup de familles, période peu favorable à changer des habitudes de consommations qui sont très lourdes.
Bilan des courses : un certain tassement, qui touche apparemment l’ensemble des formes de vente directe. Et la grande distribution contrôle par exemple maintenant 50% de l’alimentation labellisée AB (qui ne représente elle-même que 3% à 4% des produits alimentaires)

Il n’y a pas de solution facile à cette situation. Il s’agit de remettre au centre de la réflexion de toute la société la question des paysans : si on veut se nourrir correctement aujourd’hui et demain, on a besoin de paysans et d’une agriculture paysanne. Et c’est à eux qu’il faut payer cette nourriture, parce que ce sont eux qui la produisent.
Toutes les formes de vente directe, de circuits courts, de partenariats locaux entre paysans et familles y contribuent, se soutiennent mutuellement, et doivent être encouragées.

Roger Dubien.

(1) Voir ici un recensement fait en 2012 des AMAP, des paysans qui y participent et des produits livrés

(2) Ces Amap sont de tailles et de façons de fonctionner diverses. Un réseau des Amap de la Loire, ouvert à toutes les Amap qui souhaitent y participer, se réunit environ tous les 2 mois, pour des échanges d’expériences et une entraide. Il a organisé 5 fêtes des amap, dans des fermes, depuis 2009.