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hébergement des sans-logement : c’est reparti pour un hiver de galère

80 personnes Rroms - dont 40 enfants - expulsées de leurs taudis ces derniers jours sont à la rue toute la journée

jeudi 11 décembre 2014, par Roger Dubien

Trève hivernale ? Connais plus ! Ces derniers jours et semaines, des familles Rroms ont été expulsées de leurs taudis ou de leurs cabanes (au Pont de l’âne, à la Talaudière, etc...) et pourchassées dans la ville de St-Etienne.
Après l’expulsion de ce mercredi matin à la Chazotte, 17 familles, 80 personnes dont une quarantaine d’enfants, se sont retrouvées à la rue. Elles ont passé la journée dans et autour du local de Solidarité Rroms, rue Rouget de Lisle, dans des conditions insupportables car si ce local permet tous les jours d’organiser notamment des activités avec les enfants, il n’est pas prévu pour recevoir autant de monde.

Et puis le soir, quoi faire ?
La mobilisation associative a obligé la Préfète de la Loire à ouvrir le gymnase prévu pour le plan hiver d’hébergement d’urgence.
Alors les familles ont été dirigées hier soir vers le gymnase de la Rivière. Ce gymnase, "géré" par Renaître (qui "gère" le 115 - dispositif d’hébergement d’urgence), est donc maintenant ouvert le soir à partir de 20h. Mais fermé au matin. Réveil à 6h30. Et tout le monde dehors à 7h30. C’est pratique quand on a des enfants. Pour aller où ? Les familles ont pris la direction de l’association Renaître, près de la gare de Chateaucreux, censée s’occuper de "l’accueil de jour"...

Ce jeudi matin 11 décembre, une trentaine de personnes du réseau "Solidarité Rroms" et du collectif "Personne à la rue" se sont retrouvés dès 7h30 au gymnase de la Rivière. Pour exiger que le gymnase reste ouvert en journée.
La demande en a été faite à nouveau sur place ce matin par Pierre Rachet, de Solidarité Rroms, au directeur de Renaître, et un rendez-vous a été demandé à la Direction départementale de la cohésion sociale pour une augmentation de l’amplitude horaire de l’ouverture du gymnase et la mise à disposition d’un local pour les familles.
Un nouveau rendez-vous est donné pour demain matin vendredi à 7h30 devant le gymnase.

Des actions plus importantes devraient suivre dans les prochains jours.


16 octobre, début d’après-midi, place du Peuple. Des familles avec enfants, expulsées de leur squat, se sont "posées" un moment sur des blocs de béton. Toute une équipe de policiers arrive et leur ordonne de partir. Pour aller où ? Nulle part : ils les suivent. Ce jour-là, l’interposition et les questions d’une dizaine de citoyens assis à la Terrasse d’un café se termine par le départ précipité... des policiers. En difficulté pour justifier leur intervention.

Une stratégie de harcèlement

Des sommes considérables sont gaspillées à St-Etienne pour "s’occuper" - mal - des personnes sans logement.
Dans une ville qui est passée en 40 ans de 220 000 habitants à 170 000 et qui compte des milliers et des milliers de logements vides, y compris dans le parc de logements sociaux (malgré les milliers d’appartements démolis), des sans-logements sont hébergés dans des hôtels - ce qui coûte les yeux de la tête - ou pourchassés dès qu’ils s’installent quelque part. Et qui fera aussi la note du coût financier de la mobilisation policière ainsi gaspillée ?
Beaucoup d’argent - et d’engagement - des personnes et associations solidaires est aussi gâché. A chaque expulsion, l’essentiel part à la benne. Les familles ne peuvent emmener qu’un baluchon. Tant pis pour le matériel de cuisine, les vêtements, la nourriture, les équipements de chauffage... apportés par des gens qui ne peuvent pas rentrer chez eux en fermant les yeux sur cette misère et qui ont apporté quelque chose.
Les premières victimes sont les enfants qui sont exclus de fait des écoles, alors que St-Etienne était par exemple dans les années 2007-2009 la ville de France où tous les enfants Rroms étaient scolarisés.

L’objectif de ce harcèlement - qui dure depuis des années, s’est mis en place sous la municipalité Thiollière, a atteint des sommets sous la municipalité Vincent, et se poursuit de plus belle sous la municipalité Perdriau - est bien entendu de rendre la vie impossible aux familles à la rue. Mais il est aussi de décourager tous les engagements solidaires. Et quand ça suffit pas, direction le Tribunal, comme ça se passe pour le père Riffard...
Le harcèlement n’épuise pas que les familles, il vise à épuiser, ruiner, décourager les militants solidaires.
Qu’on ne vienne pas nous dire que c’est pour le bien des stéphanois et l’avenir de la ville que cette politique est menée. Mener la chasse aux pauvres soi-disant pour rendre la ville attractive pour les riches, est un non sens. L’article récent du journal le Monde montre certains résultats sur 30 ans.

Ceci se passe en France, en 2014. Alors que le Président de la République s’appelle Hollande, le 1er ministre Valls (tous deux PS), la préfète Buccio (représentante ici du gouvernement), le maire actuel Perdriau (UMP), le maire précédent Vincent (PS), également sénateur, les députés Juanico et Gagnaire (PS).
Le FN applaudit et en redemande. Il n’a même pas besoin d’arriver au pouvoir : des pans de sa politique sont appliqués aujourd’hui. Et bien entendu ceci crée les meilleures conditions pour qu’il continue à prospérer.

Jusqu’où ?

Roger Dubien.

Le témoignage d’Adeline après l’expulsion de la Talaudière

Depuis quelques années maintenant, le même groupe de famille Rroms de Roumanie est pourchassé sur Saint-Etienne et les alentours, entre garages, cabanes, rue, et squats ! Ils vivent dans une extrême précarité !
Ce groupe de famille a de nombreux enfants en bas âge. Une quarantaine actuellement.

Cette succession d’expulsions qui s’accélèrent au fils des années, même en période de trêve hivernale rend tout projet extrêmement difficile à réaliser, pour ne pas dire impossible pour les familles ! C’est aussi la question de la scolarisation qui se pose, car malgré les inscriptions dans les écoles, les enfants ont bien du mal à s’y rendre dans ces rudes conditions de vie.
Les lieux de vie changent sans cesse, les familles doivent trouver de quoi se réinstaller à chaque fois, de nouveaux vêtements, couvertures, vaisselles, moyens de chauffage.... pour réorganiser pour les tâches quotidiennes !
C’est une vie d’errance ! Tous leurs droits sont bafoués.
Les enfants et adolescents se retrouvent ainsi privés de l’instruction scolaire, malgré la volonté des parents et des écoles. Ils n’ont pas même un toit, ni d’eau et le chauffage en hiver, ils mangent froid... Comment est-ce possible que cela puisse continuer à exister ?
C’est de la survie, une vie au jour le jour, avec en plus la peur des menaces policières fréquentes et traumatisantes !
C’est un éternel recommencement, épuisant pour les familles qui restent malgré tout ici, car elles n’ont pas un meilleur endroit où aller, elles supportent l’insupportable !

Aujourd’hui, C’est encore une grosse expulsion. Un gymnase est ouvert par la préfecture, mais seulement de 20H à 8H, mais que font les familles avec leurs enfants le reste de la journée dans ce froid ? Que font-elles de leurs maigres affaires ? Y aura-t-il assez de place pour tous ?
Plusieurs initiatives existent pour essayer de lutter contre ces façons d’agir à l’encontre de ces familles qui ont fui une misère encore plus grande. Il y a le collectif pour que personnes ne dorme à la rue, l’association Solidarité rroms et d’autres collectifs, des associations spécialisées sur d’autres questions qui se penchent sur le problème..., mais nous devons être plus nombreux et plus déterminés pour imaginer que cela cesse !
J’invite le plus possible d’entre nous à rejoindre et agir concrètement dans ces différents lieux pour que des choses plus positives se passent, chacun à notre mesure. On peut donner du temps accueillir les familles, proposer des activités aux enfants, informer, interpeller et dénoncer plus fort autour de nous, faire connaitre la situation de ces familles, écrire à la préfecture...
Que pouvons-nous faire d’autres ? Je pense que la prochaine rencontre de personnes à la rue abordera ce sujet ? Qu’en est-il du projet associatif d’accueil de jour ?

L’appel de Lucile pour le rassemblement de ce jeudi matin au gymnase

RROMS URGENCE

Suite à l’évacuation tôt ce matin par la police, des 17 familles rroms (dont 40 enfants), du squat de la Talaudière, la ville a ouvert un gymnase accessible uniquement de 20h à 8h.
Toute la journée les familles et les enfants se retrouvent dans la rue, par ce froid, sans savoir où se réfugier.
A Lyon, des militants d’associations diverses sont parvenus à faire pression sur les autorités pour maintenir l’ouverture du gymnase toute la journée, permettant ainsi aux enfants d’avoir un lieu de rendez-vous avec leurs parents et de pouvoir reprendre leur scolarité malgré le côté provisoire de la situation.
S’ils ont réussit à faire cela à Lyon, pourquoi pas nous ici ?

Rendez-vous demain à 7h30 ( pas après, car ils les réveillent dès 6h30 pour les préparer à évacuer les lieux pour 8h) au Gymnase de la Rivière, 13 rue Berthelot .

Soyons nombreux.

Que ceux qui étaient prêts à donner des vêtements ou de la nourriture se rendent compte que leur présence est très importante, pour montrer notre solidarité, tout autant si ce n’est plus que les dons matériels.

Soyons solidaires.
Mobilisons-nous.

Merci de diffuser largement ce message sur les réseaux sociaux et solidaires, facebook etc....

Lucile.