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Vérité et dignité pour la Grèce !
A quelques heures du référendum, la plupart des informations diffusées par les grands médias visent à discréditer la Grèce. A St-Etienne, plus de 250 personnes se sont retrouvées vendredi soir à Jaurès/Préfecture pour dire leur soutien au peuple grec. Nouveau rendez-vous mercredi 8.
jeudi 2 juillet 2015, par
A St-Etienne, 250 à 300 personnes se sont retrouvées vendredi en fin d’après midi à Jean Jaurès/Préfecture pour dire leur soutien au peuple grec debout pour sa dignité et pour la justice.
Plusieurs prises de parole ont eu lieu, pour rappeler sous divers angles ce qui est en jeu et pourquoi ce qui se passe avec la Grèce nous concerne tous : Georges Günther (Réseaux citoyens de St-Etienne), Michel Coudroy (Comité de soutien au peuple grec), Alain Pecel (Parti communiste français), Denis Rivier (NPA), Michel Gourgaud (UD-CGT).
Ce dimanche, le peuple grec va se prononcer.
Les réseaux citoyens proposent un nouveau rendez-vous "mercredi pour la Grèce", vers 20h au café "L’entre-pots" place Jules Guesde à St-Etienne, pour s’informer mutuellement sur l’évolution de la situation après le référendum, et sur les initiatives ...
Depuis l’annonce du référendum par le premier ministre et le gouvernement grec, la désinformation va de plus belle pour embrouiller les esprits. Ces grecs voudraient le beurre et l’argent du beurre. Ils ont dilapidé sans compter et maintenant ils voudraient à la fois effacer l’ardoise et obtenir d’autres subsides. Et en plus, pour encore compliquer les choses, ils appellent à un référendum. Franchement, quel culot.
Voici quelques éléments de repères pour rétablir la vérité et s’y retrouver un peu. Ils sont issus des analyses de la commission internationale, mise en place par le parlement grec, pour la vérité sur la dette, et présentés au parlement grec par son coordinateur Eric Toussaint (voir : http://www.zintv.org/Intervention-d-Eric-Toussaint-a et http://cadtm.org/Synthese-du-rapport-de-la)
Ce ne sont pas les retraités, les fonctionnaires, les dépenses publiques qui sont la cause de la dette.
A l’origine le problème est la création d’une bulle spéculative de crédits privés octroyés par quelques grandes banques privées, grecques, allemandes et françaises (BNP-Paribas, Crédit Agricole, Société Générale) principalement. Entre 2001 et 2009, les prêts des créanciers privés aux ménages ont été multipliés par 7, les prêts aux entreprises par 4, tandis que les prêts aux pouvoirs publics grecs augmentaient de seulement 20 %. Au cours des années 2000, il y a eu la volonté des grandes banques privées de développer à fond le crédit privé, l’endettement des ménages et des entreprises, parce que le rendement de ces prêts était bon.
En 2008 et 2009 le problème de la Grèce n’était pas très différent de ce qui s’est passé aux USA entre 2002 et 2007 avec les « subprimes » et la crise bancaire qu’ils ont provoqué en 2008.
Le problème est survenu en 2008 en Grèce, comme ailleurs, quand les gouvernements européens, soutenus par la commission européenne, ont décidé d’injecter des capitaux et des garanties pour renflouer les banques privées qui avaient spéculé sur les « subprimes » (plus de 4000 milliards en Europe). Ainsi fin 2008 le gouvernement grec de droite octroie 28 milliards aux banques privées grecques.
Conséquence : augmentation des taux d’intérêt payés par la Grèce parce que les grands prêteurs privés ont considéré que les pouvoirs publics grecs prenaient des risques trop importants.
L’origine de la dette grecque est donc, comme pour les autres pays européens, dans une crise bancaire avec l’éclatement d’une bulle spéculative privée.
Mentir pour faire accepter de nouvelles aides publiques pour les grandes banques privées.
En 2009 et 2010 les banques privées grecques étaient dans une situation critique, alors que les grandes banques étrangères qui avaient prêté à ces banques privées étaient elles aussi dans une situation critique. La préoccupation principale de la commission européenne était de protéger les intérêts de ces grandes banques. Mais comment faire avaler aux opinions publiques qu’il fallait encore sauver les banques privées, après les sommes folles qui leur avaient été octroyées en 2008 ? Il a donc été décidé de dramatiser la situation des finances publiques grecques en recourant à la falsification des statistiques. Une procédure pénale est aujourd’hui en cours à ce sujet en Grèce.
En 2010 le 1er ministre Papandréou (socialiste) annonce un déficit de 13 à 14 %, ce qui donne l’argument au FMI, à la BCE et à la commission, aux autorités grecques, pour dire : il faut sauver la Grèce. Toute une campagne est alors développée sur le thème de l’Union Européenne qui fait preuve de solidarité avec les grecs, pour que les salariés et les retraités puisent être payés et pour éviter un défaut de paiement grec qui aurait eu un effet de contagion.
On a alors créé l’idée que le problème n’était pas une crise bancaire, mais celui d’une dette publique, prétexte pour faire passer des politiques d’austérité brutales, en Grèce comme ailleurs.
Il n’y a donc pas de véritable exception grecque. L’exception vient après, dans le traitement avec lequel la Grèce a été soumise par les financiers.
Que veulent le gouvernement grec et Tsipras ?
En finir avec les politiques d’austérité sans fin qui ont créé un drame humanitaire. Depuis 2010 : un million d’emplois perdus, le chômage multiplié par 3 frappe 50 % des jeunes, les salaires ont baissé de 38%, les pensions de 45%, les revenus des ménages de 30%, l’âge de la retraite a reculé à 67 ans. Le taux de pauvreté a augmenté de 98 %, la mortalité infantile de 43% et la dette a bondi à 176 % du PIB. Et aujourd’hui la commission européenne, la BCE, le FMI, avec le consentement des gouvernements français et allemand veulent imposer les mêmes mesures qui ont abouti à ce désastre économique et social. Ils veulent continuer de prélever leur « livre de chair ».
En élisant Syrisa, le peuple grec a dit : ça suffit.
Le gouvernement grec, fidèle à ce mandat populaire, veut en finir avec ce « système dette ». Avec l’octroi de prêts qui ne sont accordés que sous la condition d’approfondir la super austérité, les fameux mémorandums. Prêts qui vont directement au remboursement de la dette et non aux grecs. Depuis 2010 seulement 10 % des montants accordés à la Grèce sont allés aux grecs. Le reste est directement arrivé dans les caisses des banques et des institutions financières. Le FMI a déjà fait 2,5 milliards d’euros de profit sur ses prêts à la Grèce depuis 2010. Si la Grèce rembourse le FMI en totalité ce chiffre s’élèvera à 4,3 milliards € d’ici 2024.
Depuis 5 mois le gouvernement de Tsipras négocie pour sortir de là, de ce cycle sans fin qui alimente les grandes banques en saignant le peuple et l’économie. Il a fait plusieurs concessions sur son programme pour y arriver. Il a jusqu’à présent fait face à toutes les échéances (7 milliards remboursés). Aucune intransigeance donc, mais il ne veut plus des conditions qui enfoncent encore un peu plus le peuple grec dans la misère. Et il demande une baisse-restructuration de la dette pour que les moyens financiers du pays aillent au développement de l’économie et plus dans les caisses des banques. Cette dette que tout le monde s’accorde à dire qu’elle est insoutenable et qui a été déclarée illégale, illégitime et odieuse par la commission internationale pour la vérité sur la dette grecque (voir : http://cadtm.org/Synthese-du-rapport-de-la )...
La réponse de la BCE, de la commission européenne et du FMI est venue sous forme d’ultimatum à poursuivre et aggraver les mesures précédentes, les mémorandums : encore baisse des retraites, augmentation de la TVA sur les produits de première nécessité, poursuite de la dérégulation du travail... En somme accepter un accord qui non seulement ne résoudra pas le problème mais approfondira le drame humanitaire et la crise économique. Ce qu’ils veulent, c’est une capitulation. Ils veulent à tout prix empêcher qu’une alternative à leur politique émerge, obtenir des peuples la soumission à leur politique. La résistance grecque est déjà un très mauvais exemple, alors il ne faut surtout pas qu’elle débouche.
Ce qui n’était pas prévu c’est que Tsipras avec le gouvernement grec appellent le peuple à se prononcer. La démocratie contre l’ultimatum du monde de la banque et de la finance : « Répondons à l’autoritarisme et à l’austérité extrême par la démocratie, avec sérénité et détermination. Que la Grèce, ce lieu qui a vu naître la démocratie, adresse une réponse démocratique retentissante à la communauté européenne, à la communauté internationale. » (extrait de l’intervention d’Alexis Tsipras lors de son allocution télévisée annonçant le référendum, http://www.reseauxcitoyens-st-etienne.org/article.php3?id_article=3071).
Georges Günther.