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Après la soirée film-débat avec Yannis Youlountas...

En Grèce, en France et en Europe, quel chemin, quelle stratégie pour sortir de la domination de la finance sur les peuples ?

mercredi 21 octobre 2015, par Georges Günther

La soirée de projection du film de Yanick Youlountas "Je lutte donc je suis", avec la présence de Yannick Youlountas (voir : Projection-débat du film "Je lutte donc je suis") a permis de discuter à nouveau de la Grèce et de la façon de sortir des politiques d’austérité élaborées et imposées par les institutions européennes et leurs dirigeants au service direct des intérêts des grands financiers.

304 personnes pour cette projection : signe de l’intérêt qu’à suscité et que suscite l’expérience grecque chez tous ceux qui cherchent les voies pour sortir des politiques d’austérité. Manifestation aussi de solidarité avec ce peuple qui continue le combat pour sa dignité.

Le film présente une série de luttes, de résistances, de constructions alternatives en Grèce et en Espagne. Un paysage qui est un des éléments ayant permis l’émergence de Syrisa et de Podemos et la victoire électorale de Syriza en janvier 2015. Un film intéressant et utile puisqu’il ne peut y avoir aucun changement sans cette mobilisation de la société dans une multitude de résistances et de constructions alternatives.

On a parlé bien sûr de la situation actuelle en Grèce. Une situation assez particulière puisqu’Alexis Tsipras et son nouveau gouvernement sont contraints d’appliquer le mémorandum imposé par les institutions européennes, mémorandum dont Alexis Tsipras a dit qu’il était contre et auquel il ne croyait pas.

Alors Tsipras-Hollande même combat comme le pense Yannis Youlountas ? (voir : http://blogyy.net/2015/10/17/je-vous-presente-tsiprande), mêmes politiciens madrés pour tromper le peuple ? Tsipras trahison (ce que ne dit pas Y. Youlountas...) ?

Faire porter à Tsipras et Syriza la responsabilité des mesures ultra-austéritaires alors que les responsables sont les dirigeants des institutions européennes, de la BCE, du FMI, Merkel et Hollande, c’est leur faire une sacrée fleur. Affirmer "Hollande- Tsipras même combat", parler de « trahison », revient à occulter la guerre à laquelle le gouvernement grec et les classes populaires grecques ont été soumis depuis la victoire de Syrisa aux élections du 25 janvier.

Alexis Tsipras et son gouvernement ont été les premiers en Europe a engager la bataille pour desserrer l’étau des politiques austéritaires et de la dette. Une bataille engagée à un contre tous, avec en face les financiers et leur personnel politique y compris les gouvernements et les dirigeants socialistes et sociaux démocrates, Hollande compris.

François Hollande lui, une fois élu, non seulement à renié ses promesses de campagne ("Mon adversaire c’est la finance") mais s’est fait le promoteur des politiques néolibérales, des mesures qu’appellent le MEDEF avec le monde de la finance.

On sait avec quelle brutalité et mépris du peuple et de la démocratie les dirigeants européens ont traité la volonté du gouvernement grec de desserrer les politiques des mémorandum. C’est à un véritable coup d’Etat qu’ont dû faire face le gouvernement et le peuple grecs. Un coup d’Etat financier et politique. L’objectif était bien de faire tomber le gouvernement d’Alexis Tsipras en utilisant le levier de la panique bancaire et, en sapant les fondements mêmes de l’économie du pays, de réduire à néant le soutien politique que le peuple grec continue de lui apporter.

Finalement ils n’ont pas réussi à se débarrasser Tsipras, mais ils ont réussi à lui imposer la signature d’un nouveau mémorandum "le révolver sur la tempe"
(voir : http://www.reseauxcitoyens-st-etienne.org/article.php3?id_article=3086 ;
http://www.reseauxcitoyens-st-etienne.org/article.php3?id_article=3095 ;
http://www.reseauxcitoyens-st-etienne.org/article.php3?id_article=3111)

Aujourd’hui la violence des institutions européennes apparaît à nu. Qui peut maintenant invoquer les valeurs dont se pare la construction européenne actuelle : la démocratie, le droit des peuples, la solidarité, la paix, sans se faire rappeler la façon dont la Grèce et son gouvernement ont été traités ?

Plus nombreux sont ceux à ne plus croire que cette Europe-là laisse la place à autre chose qu’à l’asphyxie politique et à la barbarie néo-libérale.

Le peuple grec et son gouvernement ont perdu une bataille mais le combat continue. Syriza n’a pas été détruit, les financiers n’ont pas réussi à se débarrasser de Tsipras ou a lui imposer, grâce à un gouvernement de large coalition, le retour aux affaires des mêmes personnalités, des mêmes partis corrompus ayant mis l’économie et la société grecques en coupe réglée au cours des vingt dernières années. Le combat continue pour que le peuple grec puisse retrouver sa souveraineté, pour lutter contre le clientélisme, contre la fraude fiscale et l’évasion fiscale des très riches, pour reconstruire l’économie, restructurer la dette... et faire évoluer le rapport des forces en Europe.

Et en France comment faire ? Le débat est ouvert. Nous pouvons tenir compte des enseignements de ce s’est passé avec la Grèce. Nous savons maintenant jusqu’où les financiers et leur personnel sont prêts à aller pour défendre leurs intérêts et leur domination, et avec quelle brutalité. La stratégie de négociation, toute en continuant de rembourser les échéances de la dette, n’a pas réussi à faire reculer les financiers et les institutions. La Grèce n’a pas non plus le poids de l’Espagne ou de la France. Comment faire chez nous ? Plan B ? (voir http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/110915/pour-un-plan-b-en-europe). Voir aussi ce que dit Eric Toussaint : pour contraindre les financiers à négocier il faut commencer à refuser de rembourser les échéances de la dette en se basant sur des arguments de droit international.

Débat aussi pour décortiquer ce qu’est la dette, le rôle idéologique et politique qu’elle joue.

Et puis si changer nécessite des résistances, des constructions alternatives, en même temps le changement social n’est pas - n’a jamais été - une simple addition d’alternatives, pour indispensables qu’elles soient. Le changement c’est aussi changer les pouvoirs, construire et mettre en place de nouvelles institutions anti-capitalistes, comme on a su le faire en 1945 avec la Sécurité sociale, le statut des fonctionnaires, les comités d’entreprises... (voir ce que développe "Réseau salariat" : http://www.reseau-salariat.info).

A noter d’ores et déjà, la conférence gesticulée "1945 : on continue !" avec Bernard Friot, Matthieu Prudhomme, Frank Lavanture de Réseau salariat, le vendredi 5 février 2016 à St-Etienne.

Georges Günther