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La Cimade de St-Etienne a besoin d’aide pour aider les étrangers et réfugiés

samedi 2 avril 2005

La Cimade, c’est du concret qualifié, notamment juridique, pour aider les étrangers et réfugiés. Et c’est bien pourquoi, les choses continuant à se dégrader dans ce domaine, la Cimade de St-Etienne est de plus en plus débordée. Si on a bien compris ce qui a été dit par Daniel Quetin, Aurélie Pialou et d’autres animateurs de la Cimade ce 31 mars, un appel est lancé aux personnes qui pourraient aider bénévolement la Cimade. Interprètes, traducteurs, étudiants en droit seraient bienvenus...

Une quarantaine de personnes étaient présentes à la première partie de la soirée le 21 mars à St-Etienne pour faire le point sur le droit des étrangers Voir
La Cimade assure à son local de la rue Louis Soulié un accueil et une aide gratuite. Aurélie Pialou, juriste, est salariée de l’association pour faire ce travail, avec l’aide de bénévoles. D’autres associations aident de leur côté à faire face aux frais que les démarches exigent (avocats, traductions, voyage à l’OFPRA...) : le Secours catholique notamment...

Aurélie Pialou a donc fait le point des "dernières nouvelles du droit des étrangers"...
Il y a de plus en plus de monde aux permanences. Avant, c’étaient surtout des personnes venant des pays du Maghreb. Il y en a toujours, mais il y a de plus en plus de gens qui viennent de l’Est, et en famille. : Kosovars, Tchétchènes, Géorgiens, Arméniens...
De plus en plus de demandeurs d’asile. Ce qui entraîne un gros travail pour écrire (dans les 21 jours) les "récits" notamment. Et quand le "récit" est traduit, il faut remplir un formulaire pour l’OFPRA toujours, qui comporte 14 questions. Et établir l’état civil...

La Cimade reçoit beaucoup de personnes relevant de la convention de "Dublin".
C’est quoi, Dublin ? C’est une convention mettant sur pieds un système informatisé des empreintes digitales. Et qui prévoit que la demande d’asile doit être étudiée dans le pays où l’empreinte a été prise. D’où des parties de ping-pong permettant de renvoyer (avion, bateau...) le réfugié d’un pays à l’autre, vers le pays dans lequel il a été repéré d’abord = s’est fait arrêter par la Police la première fois. La Pologne par exemple, pour les réfugiés de l’Est. La sentence y est souvent le refus et le renvoi vers le pays d’origine (par exemple la Russie pour des Tchétchènes...).

Autre réalité : la baisse du nombre de visas accordés. En particulier pour des familles bloquées en Algérie.
Ceci explique aussi en partie pourquoi il y a de plus en plus de sans-papiers.
Dans ces conditions, "on fait ce qu’on peut. Quelquefois on a la chance que ça marche. Un titre de séjour, 5 refus : on est content de notre journée..."
En cas de refus de titre de séjour, il y a deux mois pour faire un recours : 1 mois pour quitter le territoire et 2 mois pour faire un recours !! C’est à dire qu’ils sont "irréguliers"...
Avec la Préfecture cependant, les relations sont correctes : la Cimade a accès au dossier des personnes prises en charge.

Pour ce qui est du SSAE - Service social d’aide aux étrangers, inquiétude. Y aura-t-il encore dans 6 mois une permanence gratuite et qualifiée autre que la Cimade pour aider les étrangers ? Ce n’est pas sûr, car les missions du SSAE sont en train d’être changées, il n’aura bientôt plus comme but d’accueillir le demandeur d’asile mais d’insérer le réfugié, une fois celui-ci ayant le statut de réfugié. De son côté, la permanence du CDAFAL est en danger faute de moyens.

"L’Europe a mis en place un système de fabrication de clandestins" en multipliant les déboutés du droit d’asile. On peut d’ailleurs voir quelle est la place des étrangers dans le projet de constitution européenne, qui organise des sous-catégories de citoyens...
Ce qui fait dire à Daniel Quetin que "les perspectives ne sont pas brillantes."

Début mars, au Parlement, le 1er ministre Raffarin a présenté l’orientation de la politique d’immigration. Inquiétant : le gouvernement parle des demandes d’asile en terme de gestion des flux migratoires...
Et ce qui est dit sur la politique des visas de la France est déplorable : "la France est un pays ouvert à une immigration contrôlée", et "la politique des visas est aussi une lutte contre le terrorisme international". En réalité, sur 13 000 reconduites à la frontière en 2004, il y a 20 extrémistes radicaux expulsés. Et les autres, alors ?
En 2004, la France a délivré 2 millions de visas sur 2,5 millions de demandes. Soit 20% des visas de l’espace de Shengen (normal : le tourisme...). Mais il faut savoir que 250 000 des 500 000 refus concernent des Algériens. Surtout des jeunes 25-35 ans, célibataires et sans travail... Dans le même temps, D. De Villepin prépare une circulaire facilitant l’immigration des cadres, des "élites"... Voilà la réalité de la politique de la France dans ce domaine.
En 2004, il y a eu plus de 65 000 demandes d’asile en France, dont une majorité en provenance d’Europe de l’Est, souvent des familles avec des mineurs accompagnant leurs parents. Une demande d’asile doit être faire à partir de 16 ans...

D’autres informations :

La mise en place du "système des 10 doigts", qui permet à l’Union Européenne de contrôler tous les étrangers extra-communautaires. C’est le "visa information system" qui se met en place en ce moment dans les 10 consulats où les demandes sont les plus nombreuses, et c’est fait déjà pour Annaba (Algérie) et Bamako (Mali).
La "biométrie" est arrivée. Les empreintes des 10 doigts + la photo sont numérisées et accessibles immédiatement. Tout est tout de suite connu de l’historique des démarches de la personne. Et le filtrage est confié aux pays extérieurs à l’UE...

L’affaire des "cartes de retraités"... Viennent de plus en plus nombreuses à la Cimade des personnes qui ont obtenu une "carte de retraité". De quoi s’agit-il ? Pour en avoir une, il faut :
- avoir vécu en France avec une carte de 10 ans.
- avoir une pension de retraite.
- avoir établi sa résidence dans un autre pays.
Des personnes qui ont droit à cette carte (qui en réalité permet simplement de ne pas avoir besoin de faire une demande de visa) et qui louent par exemple un appartement, s’aperçoivent alors qu’elles n’ont aucun des droits sociaux : Sécurité sociale, allocation logement, etc... Cette carte ne permet donc pas de s’installer. Et ne permet pas de séjour de plus d’un an (il faut repartir au bout de 11 mois en fait).

Enfin une chose à savoir : on ne peut pas être expulsé de France si l’on est étranger malade et que l’expulsion fait craindre des conséquences d’une exceptionnelle gravité pour la santé de la personne.

 Contact : Cimade-Loire  : 3 rue Louis Soulié, 42000 Saint-Etienne.
L’après-midi, sauf mardi et samedi
tél/fax:04 77 32 75 84
e-mail : cimadeloire@club-internet.fr