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Suite de la journée mondiale du refus de la misère...
lundi 24 octobre 2005, par
Pour la journée mondiale du refus de la misère la soirée débat au France, autour de la projection du film de Patric Jean "La raison du plus fort", avec la participation de la co-réalisatrice Agnès Fanget, a rassemblé 200 personnes. Et la journée familiale, dimanche 23 octobre, au château de Cuzieu (mis à disposition par la CAS d’EDF) a débuté par une table ronde sur la question du travail entre les familles et des élus, avec 100 personnes.
Nous publions ci-dessous l’introduction de Nicole Bryndas à la soirée du 17 octobre, et celle de Jacqueline Blanchard (au nom du collectif du 17 octobre) en ouverture de la table ronde sur le travail.
Permettre à chacun de contribuer, à sa mesure, au respect de l’égale dignité de tous les êtres humains, et préparer, avec la participation de tous, un avenir sans misère.
Aujourd’hui, 17 octobre, c’est la journée mondiale du refus de la misère et c’est aussi un rendez-vous civique pour le respect et l’égale dignité de tous.
Cette journée est née en 1987, le 17 octobre, quand le père Joseph Wrésinski fondateur du mouvement ATD quart-Monde a inauguré une dalle sur le parvis des droits de l’Homme et des Libertés, au Trocadéro à Paris en présence de 100 000 personnes. Sur cette dalle se trouve gravée le texte suivant :
« Le 17 octobre 1987, des défenseurs des Droits de l’Homme et du Citoyen de tous pays se sont rassemblés sur ce parvis. Ils ont rendu hommage aux victimes de la faim, de l’ignorance et de la violence. Ils ont affirmé leur conviction que la misère n’est pas fatale. Ils ont proclamé leur solidarité avec ceux qui luttent à travers le monde pour la détruire. »
« Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère les Droits de l’Homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. » (Joseph Wrésinski).
En 1992, cette journée a été officiellement reconnue par les nations unies et depuis elle est célébrée dans le monde entier. Elle est dédiée aux sans voix, à ceux qui se battent quotidiennement pour refuser l’inacceptable.
Dans l’esprit du premier rassemblement, la journée mondiale du refus de la misère est d’abord une journée en l’honneur des personnes qui en sont victimes, pour leur permettre de s’exprimer dans la dignité, et de mieux se faire comprendre.
Elle doit être l’occasion, pour tous les citoyens d’entendre le message de ceux qui vivent dans la misère, et de s’engager avec eux. Parce que chacun, quelle que soit la place où il se trouve, a un rôle à jouer dans ce combat pour le respect des droits fondamentaux.
A Saint-Étienne, depuis 1995, un Collectif s’est constitué à l’initiative d’ATD Quart-Monde, afin qu’au cours de cette journée chacun puisse exprimer avec détermination son refus de la misère, en faisant mieux connaître et comprendre la situation des plus pauvres, qui doivent rester les premiers acteurs de cette lutte.
Ce collectif du 17 octobre est composé d’ATD Quart-Monde, de l’ACE (Action Catholique des Enfants), d’Echange et Promotion, de la Fédération des centres sociaux de la Loire, du Secours Catholique, du Secours Populaire Français, de l’Association Tournesol, de l’APEIS (Association pour l’Emploi, l’Information et la Solidarité), d’Amnesty International, et de participants à titre individuel.
La pauvreté et l’exclusion ont de multiples visages, dans le monde et dans notre pays. Un rapport du Conseil économique et social, en 1987, a mis des mots sur ces situations :
« La précarité est l’absence d’une ou plusieurs des sécurités, notamment celle de l’emploi permettant aux personnes et aux familles d’assumer leurs obligations professionnelles, familiales et sociales, et de jouir de leurs droits fondamentaux. L’insécurité qui en résulte (...) conduit à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle devient persistante, qu ‘elle compromet les chances de réassumer ses responsabilités et de reconquérir ses droits par soi-même dans un avenir prévisible. »
La misère est un vrai scandale qu’il s’agit d’abolir, comme l’a été l’esclavage, et non seulement d’atténuer, ou de soulager provisoirement ou ponctuellement. G. Anthonioz De Gaulle a ainsi défini cette lutte :
« Tant que les droits fondamentaux ne sont pas effectifs pour certains, la démocratie est menacée et il est insuffisant de vouloir la défendre ; le seul combat à mener consiste à se rassembler pour la faire avancer. »
Dans les quelques combats gagnés à ce jour, on peut observer la loi d’orientation contre les exclusions, adoptée en juillet 1998, en grande partie grâce à la ténacité de G. Anthonioz De Gaulle, qui prend en considération tous les domaines de la vie : logement, emploi, santé, justice, éducation et culture, protection de la famille et de l’enfance.
Agir pour faire appliquer cette loi, c’est exiger le respect d’une égale dignité pour tous, mais c’est aussi s’engager dans tous les domaines de la vie sociale. Il s’agit d’inventer concrètement ensemble les moyens d’avancer vers une société respectueuse de la dignité de chacun en reconnaissant comme acteurs indispensables de cette transformation sociale, les personnes et familles qui en sont aujourd’hui les plus exclues.
Cet engagement civique doit permettre à chacun de contribuer, à sa mesure, au respect de l’égale dignité de tous les êtres humains, et de préparer, avec la participation de tous, un avenir sans misère.
Pour terminer, je laisserai à votre réflexion, tout d’abord la déclaration qui a été faite par Nelson Mandela en février 2005, lors de l’ouverture de « l’action mondiale contre la pauvreté » (que vous retrouver dans le journal Résistances) « Comme l’esclavage et l’Apartheid, la pauvreté n’est pas naturelle. Elle est fabriquée par l’homme et elle peut être vaincue et éradiquée par les actions des hommes. Et vaincre la pauvreté n’est pas un geste de charité. C’est un acte de justice. C’est la protection d’un droit humain fondamental, le droit à la dignité et à une vie décente. »
Enfin, il faudrait s’approprier, et appliquer, ce qu’affirmait Simone Weil (écrivain et philosophe, qui militait pour la justice sociale) : « Jamais, en aucun cas, je ne consentirai à juger convenable pour un de mes semblables quel qu’il soit, ce que je juge moralement intolérable pour moi-même. »
Nicole Bryndas
« S’il y avait beaucoup de personnes unies contre la pauvreté, beaucoup, beaucoup... ça se remarquerait ! »
Pour nous aujourd’hui, c’est la journée familiale du refus de la misère, elle fait suite au 17 octobre, journée mondiale du refus de la misère reconnue en 1992 par l’ONU.
Le journal « Résistances » titre à la une : « Le refus de la misère, c’est l’affaire de tous ! ». Notre présence exprime notre refus de l’inacceptable.
« Le 17 octobre c’est tous les jours ! », oui, s’unir pour que chacun soit respecté, c’est nécessaire tous les jours et nous sommes invités ces jours-ci un peu plus que d’habitude :
à ouvrir nos yeux et nos oreilles
à oser dire ce que nous n’acceptons pas et ce que nous faisons pour que la justice et le respect gagnent du terrain.
Dans une exposition inaugurée le 17 octobre à Madrid, une femme a écrit : « Je voudrais que nous soyons tous unis contre la pauvreté ! S’il y avait beaucoup de personnes unies, beaucoup, beaucoup... je crois que ça se remarquerait ! Pas vrai ? ».
Cette femme redit dans ses mots l’appel du père Joseph Wrésinski gravé sur la dalle du Trocadéro à Paris en 1987 : « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré ».
Depuis 1995, pour mieux répondre à cet appel, à St Etienne, à l’initiative d’ATD Quart Monde, un collectif s’est constitué. Il regroupe actuellement des personnes participantes à titre individuelle et des associations : ATD, Fédération des centres sociaux de la Loire, Secours populaire français, Secours Catholique de la Loire, Echange et promotion, APEIS, Amnesty international,Tournesol, ACE.
Il appelle à se rassembler pour que les choses changent.
Le premier but de cette journée est de rendre espoir et courage aux personnes qui, isolées, ne voient plus comment s’en sortir.
Faire respecter une égale dignité partout et pour tous nécessite un nouvel engagement de chacun dans tous les domaines de notre vie sociale :
C’est agir tous les jours en fonction de nos possibilités de façon individuelle ou collective.
C’est agir comme citoyens responsables qui cherchent à ce que tous soient traités comme nous voulons être nous même traités.
C’est pour les personnes dans la pauvreté faire face au jour le jour à des conditions de vie difficiles, sans baisser les bras et en se sachant soutenues.
Lundi soir, au France à St Etienne, dans le film « La raison du plus fort », le réalisateur nous interpelle à deux reprises :
« Avons-nous perdu la raison ? »
Les droits fondamentaux sont liés : comment conserver son logement quand on a perdu son travail ? Comment bien apprendre à l’école sans logement décent, sans manger à sa faim ?...
Et oui que faisons nous concrètement pour faire reculer la misère ?
Il faut tous s’y mettre : « s’il y avait beaucoup de personnes unies, beaucoup, beaucoup,... ça se remarquerait ! ».
Il s’agit ensemble d’inventer concrètement les moyens d’avancer vers une société respectueuse de la dignité de chacun en reconnaissant comme acteurs principaux, importants les personnes et familles qui en sont aujourd’hui les plus exclues.
Aujourd’hui, toutes ont la parole pour évoquer leur lutte de tous les jours, leur quotidien : à travers la table ronde que va nous présenter Nicole, mais aussi par le témoignage de Jean Germain pour les personnes à la recherche d’un statut.
Pour le collectif du 17 octobre
Jacqueline Blanchard