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Les faux-semblants de la commission Stasi. Politis n° 787 publie des extraits du document présenté par Alain Gresh à la commission "Islam et Laïcité".

jeudi 5 février 2004

Le journal Politis vient de publier ce 5 février des extraits d’un document présenté par Alain Gresh devant la commission Islam et Laïcité réunie pour débattre du rapport Stasi et de la situation créée par le projet de loi sur le foulard.

"La commission Stasi a rendu son rapport le 11 décembre 2003. Dans la foulée, le président de la République a prononcé un discours et n’a retenu de ses travaux, au-delà des grands principes qui seront vite oubliés, que la proposition d’une loi sur le foulard et la nécessité de légiférer sur l’hôpital.
Plus que jamais, les préoccupations électoralistes dominent les discours de la majorité (comme du parti socialiste) ; les politiques ont décidé de surfer sur le vieux fond de racisme anti-maghrébin ou anti-arabe.
Avec le recul, on mesure mieux à quel point les travaux de la commission, loin d’être une avancée dans la nécessaire réflexion sur la laïcité, n’ont été qu’un paravent pour préparer l’opinion à une loi. Le bilan que l’on peut en dresser est largement négatif. Bien sûr, nombre des rappels historiques sont pertinents et la référence aux « accommodements raisonnables » qui ont marqué l’histoire de la laïcité en France ne sont pas inutiles. Mais la commission n’en tire aucune leçon pour aujourd’hui.
Il faut d’abord s’interroger sur les raisons qui ont fait que nombre de membres de la commission hostiles à la loi s’y sont finalement ralliés. Passons sur les pressions « amicales » que subirent le dernier jour les membres hésitants de la commission. On accepta un ou deux amendements sans grande conséquence pour obtenir leur accord sur la loi. D’autre part, Jean Baubérot raconte comment « il apparaissait bien difficile de s’opposer sans avoir l’air d’un horrible mec tolérant une situation inacceptable de soumission des femmes (1) ». L’hypocrisie de cet appel à l’égalité des sexes apparaît avec éclat dans les conclusions mêmes de la commission : si ce principe fondamental de la République est violé par le port du foulard, pourquoi ne pas étendre son interdiction à l’enseignement privé sous contrat avec l’État ? La soudaine sollicitude des politiques à l’égard des femmes ne concerne jamais que les femmes musulmanes. La loi sur le foulard sera votée par un parlement composé à près de 90 % d’hommes, dans une République où le fossé entre les salaires des hommes et des femmes demeure, et où le sexisme dans la publicité s’affiche tous les jours.
Plus décisif pour comprendre le retournement de certains membres de la commission, le témoignage du sociologue Alain Touraine, de longue date hostile à toute mesure coercitive contre le foulard et qui s’est rallié à la (presque) unanimité de la commission Stasi....

Lire le document publié dans Politis

Texte complet sur le site de la Commission Islam&Laïcité