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Bernard Friot : La fidélité à l’histoire sociale, le salaire à vie, antidote contre l’extrême droite

mardi 20 mai 2014

En France, le FN est donné en tête des intentions de vote dans les sondages. Dans plusieurs pays d’Europe, des gens sont séduits par "un discours qui prône le protectionnisme, l’individualisme et le repli identitaire, un pouvoir fort, mais qui reste au service de l’ultra-libéralisme".
Bernard Friot vient d’être interrogé par Anja Vogel sur France Info sur cette situation et la possibilité de combattre l’extrème-droite : “Comment expliquer cette attirance, cette fascination pour l’extrême-droite ?“ Bernard Friot propose "un remède à cette dynamique, dont il annonce qu’elle se retournera immanquablement contre les plus fragiles : défendre avec fierté nos acquis sociaux et instaurer un salaire à vie pour tous.”

Des extraits (texte et son) sont à http://www.franceinfo.fr/emission/l-europe-au-quotidien

Bernard Friot : “Oui, c’est très curieux que l’on se tourne vers des gens dont l’histoire nous montre qu’ils vont mettre en place une dictature, un gouvernement fort, au service du capital, c’est-à-dire au service de ceux-là même qui nous mettent aujourd’hui dans la difficulté (...) Nous sommes impuissants devant des fermetures d’entreprises que leurs propriétaires ont décidé de délocaliser. C’est de tout cela que se nourrit le Front National".
“Et nous ne pourrons vaincre cette espèce de fascination – organisée quand même par un certain nombre de médias – non pas par de la morale, mais en étant plus offensifs encore contre la façon dont le capitalisme organise le travail. Et en préconisant l’antidote qui est déjà là : le salaire à vie, tel qu’on l’exprime déjà dans la retraite, dans la fonction publique, et la copropriété d’usage des entreprises, telle que la cotisation sociale permet déjà de l’anticiper”. (...) C’est par une hausse de la cotisation maladie que l’on a financé l’investissement des CHU (...) on peut très bien demain financer tout l’investissement par des cotisations.”

... Et pour vous on pourrait le faire dès à présent ? Ça ne coûterait pas plus cher d’avoir un salaire à vie qui irait de 1500 à 6000 euros, c’est ça ?

“Oui. On passe à 1500€ tout ce qui est dans les pensions, les salaires, les indemnités inférieures à 1500€. On ramène à 6000 tout ce qui est supérieur à 6000. Et dans cette fourchette là, avec mettons un salaire moyen de 25 000 euros par an, eh bien nous pouvons assurer, de 18 ans à la mort, un salaire à vie.
25 000€ fois 50 millions de plus de 18 ans que nous sommes en France, ça fait 1250 milliards : c’est ce que nous consacrons déjà de toutes façons aux salaires, puisque dans le PIB il y a 700 milliards de profits, 100 milliards pour les travailleurs indépendants, et 1200 milliards pour le salaire.”

... Et en plus on serait de nouveau heureux ?

“... Nous serions heureux déjà parce que nous n’aurions plus cette épée de Damoclès permanente : qu’est-ce que va devenir mon emploi ? Cette obligation qu’on fait aux jeunes de “s’insérer”, de réduire leurs aspirations pour être “performants” sur le marché du travail. Donc bien sûr que nous serions beaucoup plus heureux...”

Assumer fièrement notre histoire sociale et ses acquis

Alors, "nous battrons cette fascination pour la force, et inverserons la dynamique électorale actuelle en assumant notre histoire et en revendiquant fièrement la sécurité sociale, la fonction publique et le salaire détaché de l’emploi".

"Les conquêtes de 1945 sont anticapitalistes parce qu’elles inaugurent une autre pratique de la valeur et du travail que leur pratique capitaliste. D’où vient le salaire des fonctionnaires, des retraités, des soignants, des parents et des chômeurs ? De leur travail. Ce sont les fonctionnaires, les retraités,
les soignants, les parents, les chômeurs qui produisent la valeur que reconnaissent l’impôt et les cotisations sociales, et cela sans marché
du travail, sans mesure de la valeur par le temps de travail, sans actionnaire et sans crédit".

Le site de Réseau Salariat