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Hébergement des familles Rroms de Saint Etienne

La mairie tente de se débarrasser du problème en l’aggravant

Elle veut créer un véritable ghetto en entassant plus de 200 personnes sur un même site.

mercredi 1er août 2007, par Georges Günther

Mardi 31 juillet, le réseau de solidarité avec les familles Rroms de St-Etienne a tenu une conférence de presse dont voici l’essentiel du texte introductif.
Au cours de cette conférence de presse les familles Rroms de Montplaisir et de Béraud ont informé que l’évêque de Saint Etienne, Monseigneur Lebrun, était venu la veille leur rendre visite.

Le 11 mai dernier, la mairie avait coupé court aux discussions en proposant de reloger deux familles et de chasser toutes les autres sans solution alternative, c’est-à-dire de les mettre à la rue.
Nous avions fait connaître par écrit notre position au Maire : nous ne pouvions accepter le relogement de deux familles que si cela s’intégrait dans un processus rapide d’hébergement durable pour l’ensemble des personnes vivant rue Béraud et rue de Terrenoire. Nous n’avions pas eu de réaction de la mairie, ni de réponse du maire. Le 4 juin, 300 personnes s’étaient rassemblées avec les familles roms sur les marches de l’hôtel de ville pour demander des solutions d’hébergement et de logement décents et durables pour tous.
Le 17 juillet, en concertation avec Mme Dumont, adjointe chargée par le maire de réfléchir à des solutions, le Directeur du centre social Espace Loisirs avait organisé une réunion pour reprendre le dialogue.

Lors de cette réunion, Mme Dumont s’était engagée sur trois choses :
1. L’accueil immédiat de deux familles, une de la rue Béraud et une de Montplaisir, dans deux logements situés rue Tournefort et rue du Vernay. Nous avions communiqué les noms de ces familles. La visite devait avoir lieu le lundi 23 juillet.
2. Chercher des lieux d’hébergement pour les autres familles.
3. Fixer une nouveau rendez-vous fin août afin de poursuivre le travail pour dégager des solutions humaines, dignes et durables pour toutes les familles Rroms qui souhaitent rester à St Etienne.
Puis la visite des appartements a été annulée sans aucune explication et, malgré nos relances, nous n’avions plus aucun contact avec des responsables ou des élus municipaux. Et, vendredi matin 27 juillet, un Directeur Général Adjoint de la ville, par un simple coup de téléphone, nous a appris que la municipalité souhaitait le déménagement, avant jeudi, des 120 personnes du squat de la rue Béraud dans l’école primaire de Montplaisir située sur le même site que celle de l’école maternelle déjà squattée par des familles. Si les personnes n’étaient pas parties avant jeudi, ce D.G.A. laissait entendre qu’il y aurait expulsion. Enfin les familles ne pourraient pas rester sur ce nouveau lieu plus de 3 à 6 mois (il faut savoir que ces locaux doivent être détruits en 2008). Quand aux deux familles avec enfants, qui devaient bénéficier de logements, elles devraient désormais s’installer dans les anciens logements de fonction des instituteurs situés également sur le site (logements qui n’ont plus ni eau, ni sanitaires en état de fonctionnement).

Une telle décision est absolument inacceptable sur la forme comme sur le fond.
Quelle désinvolture vis-à-vis des familles et de leurs difficultés, vis-à-vis du travail de solidarité ! On ne peut pas traiter par un simple coup de téléphone des questions aussi importantes qui concernent des dizaines de familles. Nous voulons faire respecter les droits fondamentaux de ces familles, leur dignité.
Quant au fond elle est inacceptable pour au moins trois raisons :
- Entasser sur ce lieu plus de 200 personnes, dans une situation de totale précarité, c’est créer des conditions invivables, inhumaines pour les familles. Le bâtiment de l’école primaire est bien plus petit en superficie que les locaux de Béraud. C’est aggraver la promiscuité, pousser aux tensions.
- C’est créer à coup sûr des problèmes graves avec le voisinage.
- Ce serait une dégradation importante de la situation actuelle particulièrement pour les enfants. Toute une partie qui a été scolarisée cette année ne pourraient plus l’être l’année prochaine : trop d’enfants concentrés sur le site de Montplaisir obligera à les scolariser dans des écoles extérieures au quartier, l’éloignement avec le problème du transport et de son coup entraînera la déscolarisation de beaucoup d’entre eux.

Ce serait créer un véritable ghetto avec tous les risques que cela comporte.

C’est une remise en cause complète des engagements pris par Mme Dumont le 17 juillet.

Cette proposition est en contradiction avec le souci que le maire avait exprimé en septembre 2006 : trouver ensemble une solution humaine aux problèmes des Roms à St Etienne.

Nous ne pouvons donc pas l’accepter.
Nous agissons pour défendre des droits pas pour des pis aller.
Avec l’action bénévole de dizaines de personnes, de plusieurs associations, de travailleurs sociaux, nous avons construit des avancées. Nous souhaitons que la collectivité locale aide ce travail et non qu’elle le remette en cause. La solidarité est une des dimensions qui favorisera le renouveau de notre ville.

Nous en restons aux engagements pris par Mme Dumont le 17 juillet :
- Deux logements pour deux familles.
- La recherche de lieux d’hébergements durables et décents pour les autres familles.
- La poursuite d’un vrai processus de travail pour dégager des solutions.

Nous avons demandé par écrit une rencontre en urgence au Maire et au Préfet.

Nous voulons des conditions d’hébergement et de logement durables et dignes. Il est tout à fait possible de créer des lieux d’hébergement relais à Saint Etienne vu le nombre de logements et de locaux vacants du fait de la baisse de population qui continue. Cela nécessite d’en discuter sérieusement, franchement, autour d’une table avec des engagements réciproques, écrits. Nous voulons que ces familles soient respectées, que leur dignité d’êtres humains soit respectée. Nous voulons aussi que soit respecté le travail bénévole de solidarité.
La mairie ne peut pas tenter de se débarrasser des problèmes en les aggravant. Elle doit réellement décider de s’engager dans un vrai processus de travail qui associe aussi la préfecture et le Conseil Général.