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Non au coup de force ! Cette loi selon Monsanto sera illégitime

La société ne veut pas des OGM, ni dans les champs ni dans les assiettes

Conférence-débat avec Guy Kastler sur l’enjeu des semences, lundi 26 mai à 20h à Saint-Genest-Lerpt

jeudi 15 mai 2008, par Roger Dubien

OGM : la société n’en veut pas et elle résiste de plus en plus fort, et cela se mesure jusque sur les bancs de l’Assemblée Nationale où le projet de loi qui légalisait la contamination a été rejeté ce mardi 13 mai, à la faveur d’une “motion de procédure” indiquant qu’il n’y avait “pas lieu de délibérer” puisque le texte n’était pas satisfaisant.
Que de chemin parcouru depuis le 1er fauchage d’un champ de colza transgénique à Saint-Georges d’Espéranche (Isère) en juin 1997 !
Ce qui s’est passé à l’Assemblée Nationale n’est pas une péripétie : une telle situation est impossible sans une opposition puissante de la société civile. Le vote des députés le 13 mai est une expression de ce refus. Et c’est d’ailleurs dans une Assemblée entourée de 2000 manifestants venus de toutes les régions (même si les forces de police ont empêché la réalisation de la chaîne humaine prévue) que ce vote a eu lieu.

Voir le reportage d’Eric Boutarin, sur le site de la Télévision Paysanne - cliquer sur vidéo.

Résultat du vote des députés : 136 contre la loi OGM, 135 pour, loi refusée : "L’Assemblée Nationale n’a pas adopté le projet de loi en deuxième lecture". Ceci n’a été possible que parce que des députés UMP ont voté “avec leurs pieds”, en décidant d’être ailleurs, comme l’a dit l’un d’eux, malgré tous les rappels à l’obéissance.

Dans cette situation, le respect le plus élémentaire de la démocratie exige que la loi sur les OGM soit remise en chantier, qu’un nouveau texte de loi soit écrit qui garantisse enfin le droit et la liberté de produire et de consommer sans OGM, comme l’engagement en a d’ailleurs été pris au Grenelle de l’environnement.

Mais c’est la fuite en avant dans le coup de force que semble avoir choisi le gouvernement. Vous n’en voulez pas ? Vous en aurez quand même, de cette loi selon Monsanto ! En moins de 24 heures, une commission mixte paritaire (7 députés - 7 sénateurs) sur mesure a été réunie sur décision de Fillon. Elle a adopté sans y changer une virgule le texte de loi refusé le 13 mai par l’Assemblée ! Le Sénat et l’Assemblée seront appelés à ratifier cette loi avant fin mai, peut-être même dès la semaine prochaine, sans aucune discussion. On connaissait la formule : “la dictature c’est ferme ta gueule, la démocratie c’est cause toujours”. Dans ce domaine, on en est où, exactement, en France, en 2008 ? quelque part entre les deux ?

Mais ce n’est pas terminé ! Des millions de citoyens ne sont pas prêts à accepter ni une loi selon Monsanto ni un tel déni de démocratie. Et cela va se voir.
La mobilisation de la société doit grandir.


13 mai - une centaine de personnes ont participé au pique-nique anti OGM vers la Préfecture à st-étienne.
Un car était parti à 6h du matin pour participer à la chaîne humaine autour de l’ l’Assemblée Nationale...

Conférence-débat avec Guy Kastler, lundi 26 mai à 20h à Saint-Genest-Lerpt (salle Louis Richard)

L’enjeu des semences pour nourrir l’humanité et pour la bio-diversité

 L’après-midi, Guy Kastler participera à une réunion de travail de paysans...


Dans la Loire, la venue de Guy Kastler lundi 26 mai est l’un des prochains rendez-vous pour réfléchir et agir ensemble.
Une rencontre a lieu en soirée à St-Genest Lerpt à l’invitation des Réseaux citoyens de St-Etienne, de la Confédération Paysanne, du collectif Zérogm42, d’Alliance PEC Loire, de Lerpt Environnement.
Dans l’après-midi, Guy Kastler participera à une réunion de travail et de formation avec des paysans, sur la question des semences, organisée par la Confédération paysanne de la Loire, au GAEC de la Révolanche, chez Sylviane et Raymond Pitiot à St-Paul en jarez.

Bien entendu, compte tenu de l’actualité autour de la loi OGM, on pourra profiter de la rencontre de Saint-Genest Lerpt pour faire le point sur la bataille d’ensemble contre les OGM.
Guy Kastler, paysan dans l’Hérault, militant de la Confédération paysanne, est très impliqué dans ce combat. Et il a pu participer (au nom des Amis de la Terre) au groupe de travail du Grenelle de l’environnement sur les OGM (voir par exemple : “Grenelle de l’environnement” : manipulations en cours... et Le point du Grenelle de l’environnement).
On ne sait pas aujourd’hui où l’on en sera le 26 mai du coup de force pour imposer une loi de contamination, mais quoi qu’il en soit on pourra ce jour là faire le point et réfléchir à la suite.

Mais le 1er objectif de cette soirée est de mieux comprendre ce qui est en train de se jouer dans le domaine des semences, et les enjeux de cette question pour nourrir l’humanité et pour la bio-diversité.
Guy Kastler anime le Réseau Semences Paysannes (voir www.semencespaysannes.org), créé en 2003, un réseau qui permet aux paysans créateurs, producteurs et reproducteurs de semences d’échanger leurs semences de ferme pour cultiver, et pour faire vivre la biodiversité. Il a été le représentant de Via Campesina pour défendre les droits des paysans dans le Traité International sur les Ressources Phytogénétiques et la Biodiversité pour l’Agriculture et l’Alimentation et dans la Convention pour la Diversité Biologique (FAO), en 2007 à Rome.

Avec la question des semences, on est au coeur des questions d’alimentation mondiale et de souveraineté alimentaire, et de la défense de la biodiversité. La mainmise sur les semences est d’ailleurs un objectif central des OGM, avec celui de vendre des pesticides. Des OGM qui sont la plus récente invention (mais pas la dernière) pour le brevetage et la privatisation du vivant, pour empêcher les peuples - et d’abord les paysans - de re-semer leurs cultures, pour en finir avec cette anomalie pour les multinationales : la semence, la reproduction de la vie, est gratuite.
Mais déjà d’autres étapes se préparent : une nouvelle bataille se profile avec les plantes brevetées issues de la mutagenèse ou des nanotechnologies, de la “sélection assistée par marqueur”...

Pourtant la situation dans le domaine des semences est moins connue du grand public.
Brevets, COV-certificats d’obtention végétale, inscription au catalogue officiel du GNIS, UPOV, hybrides, “variétés population”... Qu’est-ce que cela veut dire au juste ?
On a bien sûr tous plus ou moins entendu parler des ennuis faits à l’association Kokopelli, visée par des procès et de lourdes amendes parce qu’elle sauve et diffuse des semences à la barbe des multinationales. Mais qui sait que depuis octobre 2007, à la faveur d’une loi sur les contrefaçons, les paysans français eux-mêmes n’ont plus le droit de ressemer leurs semences de ferme ? Oui, ressemer son blé peut être de la contrefaçon car les semences paysannes et traditionnelles sont maintenant interdites par la loi en France !

Contrôler les semences pour contrôler l’alimentation mondiale : une dizaine de multinationales de l’agro-chimie (DuPont, Syngenta, Monsanto, Limagrain...), ont racheté des milliers de maisons de semences, et contrôlent déjà près de 50% du secteur semencier de la planète.
C’est comme cela aussi qu’il faut comprendre l’“arche de noë végétale” ouverte au Spitzberg en Norvège en 2008 par Bill Gates et Cie... Un bunker qui contient la richesse de 12 000 ans d’agriculture, le trésor de la terre : les semences de toutes les plantes cultivées. Un bunker dont quelques multinationales ont la clé de la porte.

La crise alimentaire mondiale est maintenant là, devant nous, nous sommes entrés dans la période des émeutes de la faim. Ceci est le résultat d’une industrialisation forcenée de l’agriculture mondiale dominée par les multinationales de l’agro-industrie. Les solutions sont du côté de la souveraineté alimentaire des peuples du monde.
C’est ce que dit le rapport d’avril 2008 des 400 experts de l’IAASTD (EISTAD en français : Evaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement) chargés de définir les voies que devrait suivre la recherche agronomique pour relever le défi alimentaire dans les prochaines décennies. Ce rapport appelle à repenser l’agriculture de demain.
(Voir : Hervé Kempf : Des experts appellent à repenser l’agriculture de demain)

Nous pourrons parler de tout cela le 26 mai avec Guy Kastler. Et surtout y voir plus clair sur ce que nous pouvons faire, nous - sur ce qui se fait déjà - pour résister à cette main-mise sur la vie.

Voici quelques documents pour celles et ceux qui souhaitent préparer la rencontre avec Guy Kastler :

Deux vidéos :

- la vidéo d’une interview de Guy Kastler, en octobre 2007, à St-Denis, à l’arrivée de la marche anti-OGM Chartres-Paris.

- une interview de Vandana Shiva : "La prochaine décennie sera celle de l’alimentation et de l’agriculture"
Indienne, Vandana Shiva lutte contre le brevetage du vivant et la bio-piraterie, c’est-à-dire l’appropriation par les firmes agrochimiques des ressources universelles, notamment les semences. Elle a créé en 1987 le mouvement Navdanya, une ONG indienne qui défend et lutte pour la biodiversité et l’autosuffisance des paysans par l’agriculture traditionnelle. Elle a entrepris un “pélerinage des semences" qui l’a fait passer en France en mai 2006 dernier, alors que se tenait le procès d’Orléans contre les Faucheurs Volontaires.

Des textes :

- Les semences paysannes : situation actuelle, difficultés techniques et besoin d’un cadre juridique

- Document de travail du réseau Semences Paysannes - Droit de propriété intellectuelle et gestion de la biodiversité : quelles alternatives ?

- Des experts appellent à repenser l’agriculture de demain - Hervé Kempf

- un rapport de Grain (Canada) : “Les entreprises de semences veulent interdire la semence de ferme” février 2007

- Quelles semences pour nourrir les peuples ? Le point de vue de Kokopelli

- Guy Kastler - Evolution du paysage semencier européen

- Sauvons les semences paysannes, 1er maillon de la chaîne alimentaire

- Le Réseau Semences Paysanne remet en cause “l’Arche de Noé végétale” : qui aura la clé de la porte ?

- Monsanto : porté par ses semences OGM, revoit à la hausse ses prévisions 2008

- Guy Kastler à la réunion du traité de la FAO sur la biodiversité végétale (TIRPAA) à Rome en 2007

- Le résumé de la présentation de Marc Bardin à la réunion de mars 2008 du collectif zérogm42 : Libérons les semences




au pique nique à la préfecture...
photos Marie-Pierre Vincent