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Financement de l’A45 : Qui raconte des bobards ?

lundi 8 février 2010, par Huguette Bruyas

Durant le dernier trimestre 2009, le ministère de l’écologie a demandé à différentes collectivités locales, de s’engager dans le financement d’une partie du projet autoroutier A45 Saint-Etienne - Lyon , il était question de 550 à 720 Millions d’euros. Ces chiffres ont de nouveau été cités dans un article de la Tribune - le Progrès du 31 janvier 2010.

Plusieurs personnalités ligériennes ont fait part de leur opposition à cette demande.

M Mounier, président de CCI Saint Etienne - Montbrison, a déclaré, à plusieurs reprises, qu’il n’était pas certain que le projet nécessite de subventions. Dans une interview du 21/01 dernier, au journal « Le Progrès », il avance même que « les concessionnaires sont prêts à financer cette autoroute dans son intégralité ».

Toujours sur ce thème du financement de l’A45, M. Vincent, Maire de Saint-Etienne écrit quant à lui sur son site internet «  personne de sérieux ne peut prétendre qu’une telle contribution est nécessaire ».

Ces déclarations ne correspondent pas aux résultats des études faites par les services de l’équipement.

En effet, il faut distinguer deux approches économiques dans ce genre de projet :

La 1ère est celle dite du « bilan pour la collectivité ». Il s’agit d’un calcul théorique, résultant de modèles mathématiques utilisés par les services de l’équipement, essayant de donner une valeur à des critères tels que le gain de temps sur le parcours, l’évolution du nombre d’accident et de leur gravité, de la pollution, etc...
Toute chose n’ayant pas de valeur monétaire directe. De ce calcul, il ressort, pour l’A45, un bénéfice économique très élevé (à noter cependant que l’effet néfaste de la pollution à l’ozone induite n’a pas été pris en compte dans le calcul, de même que d’autres coûts indirects).
Mais, les techniciens ayant conduit les études reconnaissent que « Le gain de temps qu’il apporte aux usagers du mode routier est la principale cause de ce fort excédent ». De ce fait, ce résultat est sujet à caution, car il s’appuie sur des estimations de trafic. Ces prévisions sont aléatoires, et elles sont souvent surestimées. Dans un de ses rapports, la Cour des Comptes a dénoncé cette surestimation des trafic associée à la sous-estimation des coûts de construction de la part des services chargées des études de nouvelles autoroutes.
Les études A45 intègrent également celles d’un « scénario alternatif A47 qui consiste à réaménager l’itinéraire A72 / RN88 / A47 / A7 de manière à ce que le trafic puisse s’y écouler correctement. Les résultats de ce scénario sont assez comparables au bilan du programme A45. Le bénéfice du scénario, moins élevé que pour le scénario de base, est compensé par un coût de réalisation moins important ».

La 2ème approche, est celle du financement concret du projet A45.
La Page 61 du document « A45 APS K1 Étude de trafic interurbaine » récapitule les résultats des 6 scénarii envisagés par l’administration pour le financement de l’A45.
Dans 5 cas, il est nécessaire d’avoir recours aux subventions publiques représentant de 84% à 85% du projet, soit plus de 940 Millions d’€.
Dans le dernier cas, le plus « favorable » on arrive à un taux de 73% et 810 Millions d’€ en respectant les conditions suivantes présentées dans les conclusions du dossier :

« Sur le plan financier, avec les hypothèses de croissance envisagées, le scénario avec A47 réaménagé à la mise en service d’A45 selon le contenu de la pièce O3, et un niveau de péage très élevé, présente le meilleur résultat parmi les tests exécutés.
De plus, ce scénario correspond au programme d’A45, dans la mesure où il intègre un réaménagement d’A47 à la mise en service d’A45. Cependant, le niveau de subvention d’équilibre pour la concession est élevé : 810 millions d’euros HT. Pour les finances publiques, il faut ajouter à ce montant de subvention le coût estimé du réaménagement d’A47 (85 millions d’euros HT) et les aménagements sur A450 à l’arrivée sur Lyon (37 millions d’euros HT), soit un total de participation des fonds publics de 930 millions d’euros HT.

Il s’agit du scénario pour lequel il faudrait poursuivre les investigations après l’APS, par exemple en recherchant des économies sur le coût du projet, ou en considérant de nouvelles hypothèses de croissance de trafic.
L’ensemble des estimations reste tributaire des différents aléas pouvant survenir d’ici la réalisation du projet (évolution de l’indice du coût de construction, de la croissance du trafic notamment au regard du prix du carburant, des taux d’intérêt) »
.

La proposition de requalification d’A47 à la mise en service d’A45 décrite dans la pièce O3 de l’APS, consiste à restreindre la capacité de la section entre Rive-de-Gier et Saint-Chamond du fait de la transformation des diffuseurs en carrefours plan. Il en découlerait des reports de trafic supplémentaires de A47.

Après le scandale écologique, voici le scandale financier et social de l’A45.

Non seulement les contribuables risquent d’être sollicités largement, mais on va créer sciemment de la congestion sur l’A47 pour inciter ses usagers à emprunter l’A45 au péage élevé. Le trafic A45 prévu serait principalement local, ce sont donc les usagers utilisant quotidiennement leur voiture pour aller travailler qui seraient lourdement pénalisés.

Une justification de l’A45 est la congestion, à certaines heures, de l’A47 ; et pour résoudre cette congestion on étudie un projet qui va l’accroître. C’est aussi absurde qu’Ubuesque ! ! ! De ce fait l’A45 est injustifiable.

Avant de s’enferrer dans des arguments fallacieux, les tenants de cette autoroute feraient mieux d’étudier les dossiers, et sortir des idées reçues du siècle dernier.

Huguette Bruyas
Sauvegarde des Coteaux du Jarez

Télécharger un document de la direction régionale de l’Equipement Rhône-Alpes : A45 St-Etienne/Lyon, Avant-Projet Sommaire, études de trafic étude interurbaine (2005)