Mon site SPIP

Accueil > Agriculture paysanne > Du développement à la liquidation de la laiterie de Balbigny

Une usine qui fonctionnait à plein régime fermée 5 ans après sa prise de contrôle par Lactalis

Du développement à la liquidation de la laiterie de Balbigny

mardi 7 juin 2011, par Jean-Claude Ker

Voici un autre épisode récent dans la “saga” Lactalis...
Jean-Claude Ker est paysan retraité à Feurs. Cet article a paru dans le numéro spécial de “Solidarité Paysanne” consacré au procès fait par Lactalis aux paysans. Jean-Claude Ker a témoigné à nouveau lors du forum mercredi 1er juin sous le chapiteau place Jean Jaurès à St-Etienne...


Alors qu’elle tournait à plein régime, l’usine Lactalis de Balbigny vient de fermer ses portes le 29 avril. Nous avons rencontré les salariés qui y travaillaient. Ils nous retracent ses 70 ans d’histoire.

Au début du 20ème siècle, le site agro-alimentaire situé sur les berges de la Loire était une féculerie.
Après la guerre, une laiterie, plus connue sous le nom d’ « Essor Laitier », fait suite à la féculerie. L’approvisionnement se faisait par ramassage dans les fermes du secteur.
A la fin des années 60, pour mieux valoriser leur production, les paysans du secteur se regroupent en coopérative de vente de lait, (Aix et Loire), affiliée à l’URCVL. Le lait de 600 producteurs est transformé localement.
Dans les années 70, l’Essor Laitier est repris par l’industriel Marcillat, déjà implanté dans les Vosges. L’usine de Balbigny se modernise pour transformer 1 million de litres par semaine dans les années 80 : c’est le début de la concentration des industries agro-alimentaires.
Au début des années 80, l’usine est reprise par l’entreprise Triballat (basée à Noyel sur Vilaine en Bretagne). Les produits laitiers (tomme, séchon, confiture de lait, brique, carré, petit bleu, etc.) sont commercialisés sous la marque Rians. L’usine emploie une centaine de personnes, crée un magasin d’usine, et 2 camionnettes effectuent la vente à domicile dans les villages de la région.
En 2000, l’usine est entièrement rénovée et modernisée.
En 2006, le groupe Lactalis rachète et spécialise l’usine de Balbigny (ainsi que le site de St Bonnet le Courreau) en même temps qu’il ferme l’usine de Laqueille dans le Puy-de-Dôme. A cette époque, l’usine emploie une cinquantaine de personnes et transforme 45 000 litres de lait par jour. Aucun investissement n’est fait sur le site.
En novembre 2010, alors que l’usine fonctionne normalement avec 43 employés, la direction propose au personnel 7 à 9 départs volontaires indemnisés à hauteur de 20 000€ pour « pérenniser le site et améliorer la productivité ». Fin décembre 2010, 11 employés sont candidats au départ. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, d’un côté une multinationale qui a horreur des syndicats et de toute forme de résistance à sa stratégie, et de l’autre, des employés, imprégnés de la culture paysanne, prêts à faire des sacrifices pour sauver l’essentiel : conserver la proximité de l’emploi en s’adaptant à la flexibilité voulue par l’entreprise. Mais... !
Le 9 février 2011, le Directeur des Ressources Humaines de l’entreprise annonce la fermeture du site, prétextant que les clients (le hard discount) préfèrent le lait de montagne... ! Il propose 10 reclassements sur le site d’Andrézieux et de St Bonnet le Courreau, et 22 licenciements.
Pour le personnel, les habitants, les responsables et élus locaux, c’est la « douche froide ». Personne ne comprend une telle décision aussi brutale alors que tout fonctionne normalement. Mais la logique de l’économie libérale des multinationales est toute autre : le profit maximum uniquement pour devenir le n°1 mondial... !

Jean-Claude Ker

Suite à un entretien avec des salariés de l’usine Lactalis de Balbigny.




banderoles sur l’usine de Balbigny, en protestation contre la fermeture et les suppressions d’emplois...