Mon site SPIP

Accueil > Réseau RESF > Euron, Arber, Béchar et leur mère libérés du centre de rétention de (...)

Euron, Arber, Béchar et leur mère libérés du centre de rétention de Lyon.

Mais OQTF maintenus pour "les 5 de Clairvivre". Manifestation des lycéens contre les expulsions ce jeudi 17 avril à 10h30 à St-Etienne, place du Peuple.

mardi 15 avril 2014

Mercredi dernier à l’heure d’aller au collège et au lycée, 3 jeunes avaient été raflés avec leur mère et embarqués au centre de rétention de Satolas pour être expulsés.
Voir Raflés ce mercredi 9 avril

Cet acte commis sur ordre de la préfète de la Loire a suscité une énorme réprobation. Dans la matinée, tous les professeurs du collège Jean Dasté de St-Etienne où étudient Euron et Arber ont cessé les cours et demandé le retour de leurs élèves. Jeudi 11 avril, 300 à 400 lycéens et une majorité des enseignants des lycées d’Andrézieux-Bouthéon - où étudie Béchar - se rassemblaient à leur tour pour exiger le retour de Béchar et de ses frères.

Dimanche 13 avril, le juge des libertés du Tribunal de Grande Instance de Lyon ordonnait la libération des 3 jeunes, mais maintenait la détention de leur mère en centre de rétention, pour 20 jours. La famille refusait alors de se séparer.
Lundi 14 avril, la juge qui présidait le Tribunal administratif de Lyon ordonnait de libérer toute la famille.
C’est une victoire de la justice et de la solidarité. Mais attention, les OQTF sont maintenus, la Préfète de la Loire a été désavouée par la Justice mais elle n’a renoncé à rien. Il y aura sans doute de nouvelles tentatives. Lire plus bas le témoignage de Jean-Marc Goubier, qui a accompagné cette famille...

Autre urgence : malgré une énorme mobilisation solidaire au cours de ces derniers mois (1), les “5 de Clairvivre” : Mirush, Fatos, Rahman, Djimy et Pedro, que la Préfète de la Loire a décidé d’expulser vers l’Albanie et le Congo parce qu’ils ont atteint l’âge de 18 ans, sont à nouveau gravement menacés.
Le recours contre les OQTF dont ils sont victimes a été rejeté par le Tribunal administratif. La nouvelle est tombée le 8 avril, veille de l’arrestation de la famille Tali. Monique Garnier, présidente du Comité de soutien (3 000 signataires) a annoncé que les jeunes feraient appel.
Et on a appris qu’un autre lycéen d’origine albanaise, Shefquet, qui prépare un CAP d’ébénisterie au lycée professionnel Benoît Fourneyron à Saint-Etienne, a lui aussi reçu une OQTF.
Les OQTF tombent sur des jeunes du département.

C’est dans ces conditions qu’une manifestation de lycéens de plusieurs lycées s’organise pour ce jeudi 17 avril à St-Etienne, à 10h30 Place du Peuple, pour protester contre les menaces d’expulsion de leurs camarades.
RESF appelle à rejoindre cette mobilisation lycéenne. Pour que la France redevienne une terre d’asile.

(1) Voir Mirush, Fatos, Rahman, Djimy et Pedro doivent pouvoir continuer leurs études et leur vie en France !
Et Plusieurs centaines de lycéens mobilisés à Andrézieux et à St-Etienne pour empêcher l’expulsion des 5 de Clairvivre

Libération de la famille Tali : le témoignage de Jean-Marc Goubier

“J’étais hier après-midi 14 avril au tribunal administratif de Lyon avec la famille TALI : la maman et les 3 fils, détenus depuis le mercredi 9 avril au centre de rétention administrative de Saint-Exupéry. L’audience avait lieu à 14 heures.
A 17 heures, la présidente du tribunal ordonnait de libérer la famille.
Vous comprendrez que depuis mercredi, j’étais sous pression, alors j’ai applaudi et on s’est embrassé.

Ensuite, à 18 h 30, j’étais au centre de rétention pour prendre la famille et récupérer les bagages. Les gardiens ont été obligés de me faire rentrer avec mon véhicule dans le centre, car il y avait énormément de bagages. Mercredi dernier, la maman avait
rassemblé beaucoup de choses car elle était certaine d’être expulsée.
On a chargé la voiture au maximum : 5 passagers + les bagages, il y en avait partout.
A 20 h, la famille regagnait son appartement avec grand plaisir, douche, repas, sommeil.
Au centre les sanitaires sont sales et les avions empêchent de dormir.

Aujourd’hui, les enfants reprennent l’école, 2 sont en stage cette semaine. Un des fils doit se rendre au CHPL, il n’a pu honorer son RV la semaine dernière pour une blessure au pied. La maman va aller au cours de français et de couture.

Je ne suis pas juriste et je n’ai pas tout compris dans les différentes juridictions. Dimanche (je dis bien dimanche !), la maman et les 3 enfants ont été convoqués à une audience devant le juge des libertés du tribunal de grande instance de Lyon. Le juge, ce dimanche, a libéré les 3 enfants mais a indiqué que la maman était retenue pour 20 jours au centre de rétention. Après concertation, la maman a voulu garder ses 3 fils avec elle.
Hier lundi devant une autre juridiction au tribunal administratif, une décision contraire a été prise.

Apparemment, on parlait du même dossier, des mêmes personnes, mais pas "tout à fait" des mêmes choses, mais pour moi toujours des êtres humains. J’en déduis qu’on empile les juridictions, les lois, les textes, les circulaires, les réglementations, c’est-à-dire que l’on se fait "enfumer", alors que notre lutte, au moins la mienne, est avant tout humaine pour que notre pays soit et reste une terre d’asile et d’accueil et que la haine, le refus de l’autre soient rejetés.

Mme la préfète a été hier déboutée au tribunal, mais je pense qu’elle n’a pas renoncé, l’OQTF envers cette famille existe encore.
Je demande à Mme la Préfète que l’on se rencontre, que l’on se parle, il y a certainement des solutions à trouver notamment accorder un titre de séjour à cette famille.

Cette famille est complètement intégrée et est à Saint-Etienne depuis 2011. Elle a un logement, les enfants sont scolarisés, les parents suivent des cours de français, la maman prend des cours de couture, le papa est bénévole dans une association.

Je voulais vous faire partager cet épisode de vie d’une famille kosovar.”

contact : jmgoubier@voila.fr