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"Nous vivons, nous étudions, nous restons ensemble"

Les lycéens de la Loire toujours mobilisés contre les expulsions de leurs camarades “étrangers”

vendredi 16 mai 2014, par Roger Dubien

Environ 400 lycéens ont manifesté dans le centre-ville de St-Etienne mercredi 14 mai. Quelques dizaines d’enseignants et de militants d’associations étaient présents à leurs côtés.
400 manifestants, c’est deux fois moins que le 17 avril. Mais c’est parce que la période n’est pas facile : toutes celles et ceux qui sont en Terminale sont maintenant en plein dans le Bac. En tous cas, les lycéens restent “déterminés”, comme ils l’ont dit en slogans et en chansons, tout au long du défilé, pendant plus d’une heure, dans la grande-rue, de la place du Peuple à la Préfecture, avec plusieurs haltes et prises de paroles.



Leur message est clair et fondamental : “nous ne sommes pas que des papiers” ; “Nous vivons, nous étudions, nous restons ensemble” ; “Solidarité aux sans papiers” ; “1ère, 2ème, 3ème génération : nous sommes tous des enfants d’immigrés” ; “abolition des expulsions, ou sinon révolution”...
Ils mettent en cause une politique qui fait que c’est nous tous qui devenons des étrangers en France, dans notre propre pays. Les jeunes qui manifestent avec ce message là sont l’honneur de la France.
Après la manifestation, une délégation a été reçue en Préfecture.

Face à cette mobilisation, la préfecture manoeuvre, bien obligée de tenir compte de cet obstacle dans l’application de la politique gouvernementale. Difficile de répondre à ces jeunes : allez vous faire foutre et laissez-nous expulser. Ça les mettrait en colère, et bien des parents avec. Et on ne sait jamais comment ça peut finir, avec les jeunes, surtout en mai-juin.

La faute à la préfète ? Oui : à une préfète qui applique avec zèle la politique du gouvernement Valls...

Alors Mme Buccio, préfète de la Loire, propose une usine à gaz, exposée par son directeur de cabinet, qui a bien appris sa leçon et les “éléments de langage” élaborés par les communicants de Valls : “fermeté et humanité”. histoire d’enfumer la réalité , qui est : brutalité et inhumanité. L’objectif n’est pas bien difficile à deviner : gagner du temps, et que ça se tasse, que les vacances dispersent tous ces jeunes, et qu’elle puisse expulser sans vagues.
Concrètement, le directeur de cabinet explique qu’il faudrait que ces jeunes (toujours menacés 24h sur 24 d’être arrêtés et mis dans un avion, c’est l’idéal quand on prépare un examen...) “rentrent chez eux” d’abord, en Albanie et au Congo, puis fassent une demande de “visa étudiant” pour revenir en France.

Une question vient tout de suite à l’esprit : si la préfète n’est pas contre que ces jeunes puissent rester, pourquoi leur demander de partir d’abord pour revenir ensuite ? Qu’elle leur donne tout de suite les papiers ! Surtout que son directeur de cabinet reconnaît que “ces jeunes disposent de tous les critères pour bénéficier de ce visa : ils ont un logement (...) sont inscrits dans un établissement scolaire et ont un soutien associatif pour s’assumer financièrement”. Alors, que faut-il de plus à la préfète pour annuler les OQTF et faire gagner du temps et économiser des frais à tout le monde ?
Evidemment, le directeur de cabinet précise qu’il ne peut rien promettre : il sait bien que d’office la plupart ne pourraient plus jamais sortir d’Albanie ou du Congo ou d’ailleurs, et entrer en France. Et pour finir il indique que ces jeunes ne doivent de toutes façons pas espérer une régularisation.
Cette "ouverture" est donc piégée.

Mais le problème ne se réduit pas à l’obstination d’une préfète, d’autant qu’elle n’est pas là par hasard : c’est une proche de Valls, qui l’a choisie en 2013 dans son groupe de travail chargé de revoir la politique concernant les réfugiés et demandeurs d’asile.
Au delà de la préfète, c’est la politique d’expulsion des étrangers qu’elle applique, qui doit être mise en cause, parce qu’indigne des valeurs qui sont pour nous celles de la France. Ne parlons même pas des valeurs de la gauche...

On en est là parce que le gouvernement Valls-Hollande expulse. Et que ce soit Sarkozy qui le fasse ou Hollande n’y change rien, c’est scandaleux et insupportable. Et ce n’est d’ailleurs que ce pourquoi milite l’extrême-droite depuis 35 ans. Alors ils ont belle mine ceux qui font semblant de s’inquiéter de la montée du FN et qui appliquent eux-mêmes les décisions qui sont dans son programme.
En plus, comment ne pas remarquer que cette chasse aux étrangers se déroule en même temps que les négociations très secrètes pour le Grand Marché Transatlantique, qui vise à supprimer toutes les barrières qui gênent encore les firmes multinationales, la libre circulation de la finance et de ses serviteurs. Des murs pour les humains, des boulevards pour les capitaux et les capitalistes... Si Mirush, Fatos, Rahman, Djimy, Pedro, Euron, Arber, Bechar et les autres étaient des financiers, ils n’auraient pas d’OQTF.
D’ailleurs, c’est aussi pour désamorcer la colère contre cette déréglementation généralisée qui précarise la vie du plus grand nombre que le pouvoir prend des postures et des décisions anti-étrangers. La politique d’expulsion des étrangers est le verso de celle qui donne toujours plus de pouvoirs aux firmes multinationales.



Le fait que cette politique vise aujourd’hui de plus en plus de jeunes (chez nous il y a les 5 de Clairvivre, bien sûr, mais pas que : les trois jeunes de la famille Tali - scolarisés 2 à Dasté, 1 à Andrézieux -, un jeune d’Urfé etc...) fait toucher du doigt son caractère insupportable. Le combat contre cette politique indigne d’expulsions n’est donc pas prêt de s’arrêter.

Parmi les prochains rendez-vous : une rencontre de tous les comités de soutien aura lieu samedi 31 mai de 10h30 à 12h30 au Méliès, à l’invitation du collectif "pour que personne ne dorme à la rue. “Logement, éducation, migrations : nous choisissons la solidarité” . Cette rencontre veut permettre à celles et ceux qui construisent au quotidien la solidarité de mieux se connaître, de partager et mutualiser leurs expériences. Et d’envisager des perspectives d’actions communes.