Mon site SPIP

Accueil > Agriculture paysanne > 250 personnes à Roche la Molière pour soutenir Laurent Pinatel et la (...)

250 personnes à Roche la Molière pour soutenir Laurent Pinatel et la Confédération Paysanne et s’opposer aux fermes à 1000 vaches.

mardi 16 décembre 2014

Laurent Pinatel s’est rendu - pas seul - vendredi 12 décembre au commissariat de Roche la Molière pour être entendu sur l’affaire grave de la vitre cassée il y un an au siège du financier du BTP Ramery bâtisseur sur fonds publics et pour profits privés de la ferme à 1000 vaches.
Importante mobilisation policière. Rien à redire d’ailleurs sur le comportement des policiers à l’extérieur, tout à fait coopératif. Mais combien ça coûte à la collectivité un tel déploiement ?
C’est vrai qu’il fallait barrer la circulation, puisqu’environ 250 personnes sont restées toute la matinée devant le commissariat. Des paysans, et aussi d’autres citoyens, des responsables d’associations, des élus...


Pourquoi tout ce bazar ? A cause d’une vitre cassée lors d’une manifestation chez Ramery. Par un paysan de la Conf’. Il est identifié, il ne l’a pas fait exprès, il a même proposé de payer la réparation. En plus, il est assuré. Mais c’est trop grave, alors il a été entendu. Il faut bien savoir s’il a cassé cette vitre sur ordre de Pinatel. Il a dit que non. On ne l’a pas cru. Et voilà comment Laurent Pinatel a été convoqué au commissariat de Roche la Molière.
Apparemment, Ramery, se sachant soutenu, voudrait aussi récupérer des dommages et intérêts pour le dérangement causé par cette manifestation.
Indépendance de la Justice, ça ? Non. Tentative de criminaliser les actions qui s’opposent à la politique menée. Pas n’importe quelles actions, donc. Parce que la liste est longue des saccages considérables faits à visage découvert lors de mobilisations de la FNSEA, et qui n’ont eu aucune suite. Par exemple l’incendie en septembre du Centre des impôts et de la MSA de Morlaix. Dégâts considérables justifiés par la FNSEA et l’extrême droite. Aucune interpellation.

La Confédération paysanne est dans le collimateur parce qu’elle défend l’agriculture paysanne, qu’elle a décidé (notamment avec son combat contre la ferme des 1000 vaches) d’ouvrir en France un débat sur la nouvelle étape de la dérive industrielle et financière de l’agriculture. Pour les tenants de la politique actuelle, il faut la faire taire.
L’acharnement contre la Conf’ vise évidemment à déplacer le problème, à nous réduire à manifester pour "libérer nos camarades", alors que l’industrialisation-financiarisation de l’agriculture va être relancée. Par exemple, Sofiprotéol (Xavier Beulin - FNSEA) est en train de construire en Vendée une porcherie de 3000 truies...
Et la triste réalité est qu’à l’agriculture, quand Le Foll est ministre, c’est Beulin qui prescrit et qui arbitre.

Pour les producteurs de lait, les clignotants sont repassés au rouge. Dans quelques semaines, fini les quotas laitiers en Europe. Sur 2014, déjà, les capacités de production de lait ont augmenté en France de 7 à 8%. Mais pas la demande. Ce qui va se passer ? Nouvelle crise du lait. Baisse des prix. Et élimination des paysans, de l’agriculture paysanne. En Rhône-Alpes où 45% des fermes sont encore de "petites fermes", l’agriculture a encore perdu 0,9% d’emplois cette année...


A Roche la Molière, diverses prises de parole d’explication ou de soutien ont eu lieu. A un moment, ça a chauffé un peu, quand Jean-Claude Tissot a déclaré que les élus socialistes de la Loire et la fédération du PS soutenaient totalement le combat de la Conf’ Paysanne contre la ferme des 1000 vaches et ce type d’agriculture, et dit qu’il ne fallait pas confondre la politique nationale du gouvernement et le Parti socialiste. Malaise, et quelques remous dans l’assistance...
Conseiller général et responsable des élus PS à l’Assemblée départementale, JC Tissot est par ailleurs paysan et membre de la Conf’ Paysanne. Ceux qui le connaissent ne doutent pas de son engagement. Le problème est que la politique réelle menée aujourd’hui par le PS est à l’opposé. Et que ce qui se profile à l’horizon est une catastrophe politique.
C’est ce qu’a rendu palpable, avec son franc-parler, Bernard Gerin, paysan retraité. Il a pris la parole un peu pour aider JC Tissot à se sortir de cette situation difficile. Mais son témoignage sur la situation dans les campagnes et le désarroi politique des gens était accablant pour la politique du gouvernement, et a fait sentir l’impasse dans laquelle on se trouve. Malaise.
Y a-t-il une porte de sortie autre que le désastre ?

Le député PS de la circonscription Régis Juanico a ensuite lui aussi pris la parole. Contre l’agriculture industrielle et contre le "2 poids 2 mesures" qui fait que les actions syndicales de la Conf’ sont criminalisées quand d’autres franchement destructrices n’ont aucune suite. Alors évidemment on peut préférer entendre ça que le contraire, mais quel crédit y accorder quand c’est dit par un député dirigeant national du parti qui dirige le gouvernement ? On aimerait que le discours tenu à l’Assemblée Nationale soit le même que celui tenu à Roche la Molière. R. Juanico a fini en lançant "pour le TAFTA, vous allez voir, on va s’en occuper". Sauf que pour ce qui dépend que du gouvernement, c’est déjà tout vu.

Alors, reste que la mobilisation paysanne, populaire, citoyenne, pour une agriculture paysanne - la seule qui puisse bien nourrir le monde - doit continuer.

Laurent Pinatel a donné rendez-vous dans quelques jours à Privas, Ardèche, pour une manifestation avec les éleveurs de moutons contre l’obligation de puçage électronique. Conçu, mis en place et rendu obligatoire pour tous les paysans non pas pour des raisons sanitaires (c’est inutilisable dans les abattoirs) mais pour permettre la gestion de très grands troupeaux. Encore une métastase de l’agriculture industrielle et financiarisée.

A suivre.