Mon site SPIP

Accueil > Collectif Liberté Justice Palestine > Entre le fondamentalisme et la corruption, quelle alternative pour la (...)

L’initiative Nationale Palestinienne

Entre le fondamentalisme et la corruption, quelle alternative pour la Palestine ?

mardi 3 mai 2005, par Tareq Sadeq

Une réjouissance, des espoirs et des discours optimistes ont éclaté après l’élection de Mahmoud Abbas à la tête de l’autorité palestinienne. Les négociations ont « repris » selon les médias et le sommet de Charm El-Cheikh et le redéploiement de Gaza ont apparu comme la solution miraculeuse pour la région.

Sur le terrain un mur encercle les palestiniens et les sépare de leurs terres, de leurs écoles et de toute sorte de vie normale, en laissant d’un côté un peuple souffrir le calvaire de vie et une histoire lourde de pertes successives, et de l’autre côté des colonies vivant sur les sources d’eau et les terres agricoles annexées par le mur. Du côté annexé du mur, les colonies sont en expansion rapide et des usines sont en cours de construction pour accueillir la main d’oeuvre palestinienne car elle coûte moins cher que celle israélienne.

C’est un projet qui ne date pas de l’arrivée de Sharon au pouvoir mais plutôt de plusieurs décennies où le Likoud et les travaillistes ont travaillé pour cet objectif. Le choix de lieux des colonies juives implantés en Cisjordanie montre l’intelligence de la colonisation israélienne. Les premières colonies ont été construites au dessus des collines près des sources d’eau au milieu de la Cisjordanie pour arriver à des séparations à l’intérieur du territoire palestinien, c’est le cas des premières colonies (Ariel, Elkana au nord et Alon Shvut au sud de Jérusalem). Puis la colonisation continue et s’élargit afin de s’installer dans des points stratégiques en Cisjordanie. Les accords d’Oslo, signés en Septembre 1993, ont accordé au côté israélien de garder les colonies sous le contrôle israélien et de négocier sur étapes le retrait du reste de la Cisjordanie.

Mais le point le plus désastreux dans ces accords n’était pas que cela, les négociateurs palestiniens ont accordé aux israéliens de construire des « routes de contournement », qui relient les colonies et les territoires d’Israël, c’était un des premiers signes qu’Israël ne démantèlera pas ces colonies. Ce qui s’est passé après ces accords est qu’Israël a continué la colonisation de façon plus rapide quand le monde entier était convaincu que le gouvernement israélien ira vers une solution avec les palestiniens, car l’image de l’état d’Israël comme un soldat israélien courrant derrière un enfant a été remplacée dans les yeux de la communauté internationale par celle du « négociateur israélien face au négociateur palestinien », le monde entier est tombé dans cet équilibrisme, y compris les négociateurs palestiniens eux-mêmes au point que le mot "occupation" fut remplacé par « le conflit israélo-palestinien ».

La politique de « déchirer la Palestine » continue, Quelques mois après le redéploiement des villes de zone A des checkpoints ont été installé aux entrées des villes et des villages afin de continuer la politique de déchirure de la Cisjordanie. Cette politique est claire par l’utilisation permanente des israéliens du mot « territoires » au pluriel. Le nombre de colons a triplé durant ces 10 ans, les communes palestiniennes demeurent séparées par des blocs de colonies, de plus, la ville de Jérusalem se trouve maintenant bouclée par une ceinture de colonies. Au même temps Israël refusait de donner des espaces vides au contrôle de l’autorité palestinienne afin d’empêcher tout développement et expansion géographique des palestiniens. C’est pour cette raison que le mur d’annexion aligne aujourd’hui les villes et villages palestiniens sans laisser des espaces de la campagne. C’est un projet de créer des bantoustans où les palestiniens vivent sous la pauvreté et le chômage sans même le droit d’un développement naturel. Le résultat de ce plan d’apartheid est non seulement d’empêcher la création d’un état palestinien mais aussi rendre la vie dans ces bantoustans insupportable et donc « terminer le rêve sioniste » du TRANSFERT.

Le mur, en cours de construction en ce moment, incarne ce projet et impose la vision israélienne que Sharon a déclaré lors de son élection en 2001 : « Le rêve sioniste n’est pas encore achevé, la guerre de 1948 n’est pas encore terminée ». Un désespoir a régné sur l’esprit des palestiniens dû à la colonisation continue, au calvaire des checkpoints et à l’arrivée d’une nouvelle classe « une bourgeoisie parasite » dans la société palestinienne.

Cette bourgeoisie est capable de tout faire et à signé un accord avec les israéliens à n’importe quel prix pour garder le pouvoir et pour augmenter la plus value à travers les grandes entreprises qu’ils possèdent depuis les accords d’Oslo. Au même moment les islamistes avaient commencé de s’installer sur la scène de l’opposition et de s’organiser pour une large domination. Face à cette politique, quelle était la stratégie palestinienne ? Les élections législatives et présidentielles ont eu lieu en 1996, où les partis d’extrême gauche (FPLP et FDLP) et le Hamas ont boycotté les élections.

Les partis de gauche ont boycotté mais sans donner une autre alternative à celle du Fatah, contrairement au Hamas qui est apparu comme les seuls résistants face à l’occupation israélienne, ainsi qu’aider la base sociale dans la société palestinienne. Le résultat de ces élections et la suite était l’effondrement de la gauche et la monté des islamistes d’un côté et une autorité corrompue et inefficace d’un autre côté. L’autorité palestinienne a montré une inefficacité de son programme : du côté économique, les promesses de croissance économique et de baisse du chômage n’ont jamais vu le jour non seulement à cause de la corruption large à l’intérieur de l’autorité mais aussi à cause des blocus israéliens répétitifs. Cela nous conduit à penser à l’inefficacité politique et à la façon de diriger les négociations avec le gouvernement israélien.

Aujourd’hui l’occupation israélienne atteint un point crucial, notamment par la construction du mur d’apartheid et la politique de vider des villes et des villages de leurs habitants palestiniens. L’autorité palestinienne continue la même stratégie dans les négociations, négocier sur des étapes non seulement en reportant un accord final avec les israéliens, mais aussi les redéploiements de l’armée israélienne des villes principales en Cisjordanie. C’est-à-dire que les palestiniens sont conduits à baisser le plafond de leurs revendications, même si les discours officiels de l’autorité sont stables, pour l’instant, concernant les revendications nationales qui sont un consensus national pour le peuple palestinien. Malheureusement, la corruption n’était pas que financière et administrative mais aussi une corruption politique, des membres de l’autorité palestinienne et de l’OLP ont lancé des initiatives politiques « à titre individuel » en sortant au-delà du consensus politique national palestinien. L’autorité n’a prononcé un seul mot concernant ces initiatives, ce qui indique que c’était des ballons d’essai de la part de l’autorité pour voir la réaction du peuple. Cela a encore nourrit les fondamentalistes islamistes. Après l’élection de Mahmoud Abbas la stratégie n’a guère changé, dans le sommet de Charm El-Cheikh, Israël a réussi à imposer sa vision sécuritaire du conflit. L’autorité palestinienne a déclaré une trêve avec Israël.

Pourtant Israël ne s’est engagé qu’au fameux plan de « retrait de Gaza », un retrait « immédiat » de 5 villes en Cisjordanie où la police palestinienne peut maintenir « la sécurité », à savoir que le retrait de chacune de ces villes a besoin de négociations qui peuvent durer plusieurs semaines. Concernant les prisonniers et les détenus palestiniens dans les geôles israéliennes, Israël s’est engagé à libérer 500 prisonniers, mais comme le gouvernement israélien nous y a toujours habitué la majorité des prisonniers « libérés » allaient terminer leurs périodes de jugement. Le sujet des prisonniers mérite un arrêt car c’est un des sujets les plus importants et critiques dans la société palestinienne, il s’agit de milliers de familles qui ont des enfants en prison, des familles qui avaient des enfants emprisonnés ou celles qui en auront encore, c’est un drame social, humanitaire et politique. Normalement, dans tout accord ou trêve entre deux parties, les prisonniers de guerre sont libérés, M. Abbas s’est engagé dans sa campagne électorale de ne signer aucun accord avec Israël sans la libération totale des prisonniers.

Maintenant après son arrivée au pouvoir on découvre que ses discours n’étaient que des discours de campagne électorale, même concernant les réformes, pour l’instant ce ne sont que des réformes sécuritaires. Par exemple, les nouveaux critères de retraite n’ont été appliqués que sur les forces de sécurité. Cela était clair depuis que Abou Mazen a nommé Ahmad Qorei comme premier ministre sans aucune investigation dans le dossier du ciment vendu aux israéliens pour construire le mur. Le dossier était simplement clos. Des analyses politiques de la société palestinienne ont montré dernièrement que la moitié des palestiniens ne soutiennent aucun parti politique (24% pour le Hamas et le Jihad islamique, 23% pour le Fatah, 4% pour l’extrême gauche et 49% aucun des partis existants). Cela veut dire qu’il y a une majorité d’opposition silencieuse qui n’est pas satisfaite du comportement de l’autorité palestinienne et elle ne se retrouve pas dans le fondamentalisme islamiste. C’est une opposition silencieuse qui demande une Palestine démocratique.

Cela est la voie de l’initiative nationale palestinienne, lancée en Juin 2002 par plusieurs personnalités palestiniennes (Haidar Abed Elshafi, Moustafa Barghouti, Ibrahim Dakkak, Edouard Saïd,.) pour représenter cette majorité silencieuse et pour donner une alternative à une autorité inefficace et au fondamentalisme islamiste qui risquait de dominer sur la société palestinienne, vu l’absence d’une stratégie de résistance face à la montée de la violence de la part d’Israël. Le peuple palestinien a besoin en ce moment de montrer cette troisième voix, celle pour une Palestine démocratique, celle de la justice sociale et du droit international. Le peuple palestinien a besoin d’une stratégie basé sur deux pistes :

- La première est une stratégie interne de reformer l’autorité palestinienne, combattre la corruption, construire un état de droit, construire un système judiciaire pour juger ceux qui sont hors la loi, séparer les autorités judiciaire, exécutive et législative les unes des autres. Puis déterminer une stratégie de résistance claire et unifier l’ensemble du peuple sous cette stratégie par la composition d’un gouvernement d’unité nationale rassemblant l’ensemble des tendances politiques qui aura comme objectif défendre le peuple palestinien en aidant les plus défavorisés et lutter contre l’occupation. Cela permettra les palestiniens de sortir du désespoir et de l’ignorance dus à un processus de paix qui a épuisé les palestiniens et de reconstruire l’appartenance du peuple à sa cause en formant une résistance populaire. qui est la seule qui peut ramener l’image de l’occupation pour la communauté internationale au lieu de celle d’un conflit entre deux états.

- La deuxième piste est internationale, il s’agit d’organiser une solidarité internationale à tous les niveaux, faire entendre la voix des palestiniens notamment les plus touchés par l’occupation, montrer la souffrance du peuple palestinien et la politique israélienne de torture. Puis le plus important est d’appuyer dans le sens qu’Israël soit isolée avec la politique qu’elle mène, en appuyant pour des sanctions populaires et officielles vis-à-vis de l’apartheid.

Le rôle que la communauté internationale doit prendre en ce moment en urgence est d’organiser une conférence internationale pour donner une vision claire de l’accord final pour une paix juste et durable entre les palestiniens et les israéliens fondé sur les résolutions de l’ONU, avant que cela soit trop tard, car la construction du mur d’apartheid et la colonisation de la Cisjordanie ne laissera aucune chance aux palestiniens d’avoir un état viable, où le peuple palestinien peut avoir sa propre économie et souveraineté. Une fois que le mur est terminé, Israël imposera les frontières du futur état palestinien morcelé et isolé du monde entier, qui ne peut jamais avoir une indépendance. Dans ce cas, le peuple palestinien n’aura que demander l’égalité de droits dans un seul état démocratique et laïque.

Cette dernière solution n’est facile ni à appliquer ni même à revendiquer. Pour cela, nous devrons nous préparer à une lutte qui durera encore long temps et à aider le peuple palestinien tenir le coup devant l’occupation.

Le peuple palestinien a besoin, en urgence, d’être entendu, de faire entendre sa troisième voix démocratique et de voir une solidarité internationale efficace qui appuie dans le sens de l’application de tous les droits nationaux du peuple palestinien.

Tareq Sadeq
tareq.sadeq@free.fr
25 avril 2005.

L’Initiative Nationale Palestinienne (Almubadara)
Almubadara France : almubadara_france@yahoo.fr

Messages

  • Une façon de changer les choses seraient de générer une association internationale qui recueillerait l’argent et les dons de tous les sympatisans de la cause palestinienne à travars le monde. Si ceux qui sont touchés par les crimes d’Israël verseraient un certain montant, les sommes recueillient pourraient servir à la formation d’une entité indépendante qui permettrait l’aide au plus démunie, mais aussi l’aide au famille des prisonnier et au chomeur. L’aide masive gérée par un association internationale empêcherait la corruption et le détournement de fond. Et en étant internationale Israël seraient obliger d’en tenir compte.

    Seul l’aide des pauvres et des familles peut venir à bout du cercle vicieux dee la violence. L’argent recueillie pourrait aussi aide à la création d’emploi agricole si possible. Il faut agir pour rendre leur terres aux Palestiniens. Seul la voie internationale peut contrer la réprétion ignoble de l’ennemi