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Vivre les changements souhaités

mardi 8 novembre 2005, par Marcos D’Aquino

Est-ce qu’il serait possible, dans un avenir proche, de réfléchir sur des actions et répertorier toutes celles que nous pouvons mener dès maintenant dans le sens de créer une société différente ? En sachant que le sens donné à toute action, à toute pensée est celui de la construction de rapports qui soient en conformité avec nos aspirations les plus profondes ; Il s’agit ici de se positionner pour la construction de la société souhaitée. Et construire la société souhaitée veut dire vivre les changements souhaités. Ceci pose la question suivante : que sommes-nous prêts à vivre comme changement dans notre propre vie, dans notre mode de penser, dans les différents domaines de nos existences, de sorte à commencer dès maintenant à créer une société différente, c’est-à-dire, à la vivre ?

Par exemple : lorsque je lis dans les journaux ou autre source d’information, sur les expériences de "ré-insertion" professionnelle, je vois cela comme l’analogue d’un rattrapage scolaire. C’est-à-dire qu’il y a dans ce dernier un effort qui est fait dans le sens de remettre l’élève dans le suivi normal de l’école en conformité avec le cadre de l’éducation nationale : son programme, l’ensemble de règles disciplinaires, les objectifs à atteindre, etc. Il en va de même pour la réinsertion sociale : réinsérer la personne exclue dan le cadre social qui l’avait rejetée implique la reconnaissance, à travers le travail de réinsertion, de l’importance du cadre établit par la société néo-libérale, c’est-à-dire qu’il y a un effort d’y réinsérer tous ceux qui ne se sont pas adaptés à ses règles, à ses valeurs et qui ont été exclus, de ce fait, par cette même société. En définitif, les valeurs de la société capitaliste néo-libérale - la compétitivité, le profit, le productivisme, le consumérisme- sont réconfortées dans cette action.

Nous pourrions poser la question : quelle structure d’accueil serons-nous capables de créer dont le mode de fonctionnement soit différent du modèle néo-libéral ?

Un autre exemple : d’une façon générale, lorsqu’il y a les élections, nous suivons les choix qui nous sont présentés par les partis politiques. Or, il s’agit de leurs choix et qui sont le plus souvent détournés, déformés ou simplement oubliés après les élections. Pour le mieux, nous adaptons nos attentes, ce qui nous voulons comme société pour nous, à leur choix à eux. Pour le pire, nous acceptons leur choix sans rien demander en retour. Et, dans tous les cas, ils feront comme ils voudront. Le dernier exemple en cours ce fut le référendum : pour ou contre le traité constitutionnel européen. La lecture qu’ils en ont fait du "non" est volontairement détournée et encadrée selon leurs choix.

La question peut être celle-ci : que pouvons-nous faire pour que ce soit l’inverse qui se produise ? Faire valoir nos choix au bout du vote ?

Qu’est-ce que nous en empêche, à savoir, construire une plate-forme au niveau local, régional, national et européen si possible, dans laquelle chacun apporte son expérience, son idée, ce qu’il souhaite comme changement social et, une fois construite cette plate-forme, la soumettre au candidat, quel qu’il soit, pour qu’il y pose sa signature de sorte à s’engager publiquement à faire appliquer la plate-forme en échange du vote de tous ceux qui l’ont construite ?

Ceci inverse complètement la donne : nous ne suivons plus personne, nous ne sommes plus derrière aucun parti, nous n’acceptons plus leurs choix. Nous affirmons les nôtres et nous en faisons la condition sine quae non de notre vote. Nous choisissons la société que nous voulons vivre.

Vivre les changements que nous souhaitons est aussi cela. Mais pas seulement. Cela peut aller beaucoup plus loin. Et il est en chacun de nous une parcelle de cette possibilité. L’interdépendance crée l’autonomie.

Ou bien, est-ce que nous voulons les "biens faits" du capitalisme mais sans les capitalistes ? Est-ce que nous voulons les "biens faits" de cette société productiviste et consumériste mais sans ceux-là même qui la construisent ? Ceci sonne un peu comme celui qui veut le beurre et l’argent du beurre. J’ai eu à écouter des réflexions comme celle-ci : le Brésil est un très beau pays, dommage qu’il y ait trop de brésiliens... S’il y en a qui trouve cette société de consommation un beau système, il ne faudrait pas qu’il s’en prenne à ceux qui le rendent tel qu’il est.

Et la question demeure : que sommes-nous prêts à vivre - en pensée, en action, dans nos rapports humains, en famille, en société, dans le travail, - dès maintenant qui soit différent de la société globalisée et en conformité avec ce que nous sommes au plus profond de nous mêmes ? Il s’agit donc plus de vivre les changements souhaités que de créer les conditions du changement.

Voici exposé d’une façon très résumée le fond qui porte la proposition présente. La problématique reste vaste, complexe, où tous les éléments s’imbriquent car ils demeurent interdépendants. Tout reste à faire ; n’est-ce pas merveilleux ?

Je lance un appel à toutes celles et à tous ceux qui y trouvent un intérêt : et si nous commencions dès maintenant à oeuvrer à ce chantier à la fois si vaste et si éloigné de nos habitudes...?

Cela pourra débuter à l’occasion d’une rencontre à cet effet, à la date et endroit à déterminer.

Cordialement,

Marcos D’AQUINO

Merci de nous faire parvenir vos réactions :

marcosdaquino@yahoo.com.br

escazaux.sylvette@wanadoo.fr

Sylvette ESCAZAUX s’est proposée à organiser cette rencontre à coté de Prades, dans les Pyrénées Orientales, au cours d’un week-end, par exemple. Les dates seraient à fixer prochainement.

 Le site web de Marcos d’Aquino