Mon site SPIP

Accueil > Collectif Liberté Justice Palestine > Le terroriste de Oudine

Le terroriste de Oudine

samedi 29 juillet 2006, par Sélim Mehiou

Oudine est un lieu dit, un domaine, situé à 3 kilomètres environ des villages de Andquit et Qobayat, à la frontière nord du Liban avec la Syrie.

Plutôt que de villages, il s’agit de gros bourgs peuplés exclusivement de chrétiens maronites, et qui s’étendent sur une grande superficie dans un paysage qui ressemble aux Alpes de Haute Provence.

Sur les collines au dessus de Qobayat trône une énorme croix en bois, comme pour marquer l’appartenance religieuse des habitants du coin, appartenance qui leur a valu d’être encerclés et attaqués de toute part au début de la guerre civile libanaise.

L’économie de cette partie du Liban est également liée à l’appartenance religieuse de ses habitants ; en effet beaucoup de jeunes du lieu s’engagent comme soldats ou officiers dans l’armée libanaise. Le fait d’être chrétien leur facilite l’accès aux fonctions militaires ; non à cause d’un quelconque « privilège des chrétiens », mais tout simplement parce que le recrutement dans l’armée se fait, entre autres, sur une base confessionnelle ; il s’agit de garder un équilibre entre le nombre de chrétiens et de musulmans au sein de l’institution (la population libanaise compte en effet 60% de musulmans et 40% de chrétiens).

L’autre élément important de l’économie du coin est l’agriculture ; sur les pentes escarpées de la partie septentrionale du Mont Liban, les villageois ont créé des espaces cultivables en construisant des jardins en terrasse ; Oudine en fait partie.

Ce vaste domaine est constitué de vergers, vignobles et de cultures maraîchères ; en son milieu se trouve la chapelle Saint Elie. Tous les ans, le 19 juillet pour la fête du saint patron, les habitants de Andquit et de Qobayat abandonnent leurs maisons, transportent victuailles et couvertures dans le but de passer une nuit festive autour de la chapelle de Oudine. La fête culmine avec le feu d’artifice aux alentours de minuit.

Mais le 19 juillet 2006, fusées et pétards ont été remplacés par une bombe israélienne tirée depuis un avion F 16 ; 500 personnes se trouvaient à 200 m du lieu de l’impact qui a creusé un cratère de 5 m de diamètre. Heureusement (certains diraient miracle) il n’y a pas eu de victimes.

Mais que cherchait donc le pilote ?

A Oudine, il n’y a pas de Hezbollah.
Il n’y a pas non plus de chiites.
Il n’y pas de pont.
Il n’y a pas d’antenne de téléphonie portable.
Il n’y a pas de centrale électrique.
Il n’y pas d’usine de lait (Liban lait, filiale de Candia a été bombardée dans la journée du 19 juillet).
Il n’y pas de camion (les pilotes de chasse israéliens scrutent le sol libanais pour détruire tout objet roulant de plus de 3,5 tonnes).
Il n’y pas d’usine de couches pour bébé (Pampers a été également détruit le 19 juillet).

A Oudine, il n’y avait, face au pilote, que Saint Elie.
Cherchez le terroriste...

Sélim Méhiou