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Adoptons "la technique du réveil" et la poursuite décidée de ce que nous avons déjà conquis !

mercredi 2 mars 2016, par Florence Dursapt

La pétition contre la réforme du Code du travail atteint plus de 800.000 signataires : et si c’était 1 million et sur le net et dans la rue (et plus) ? Continuons à la signer et à la relayer.
Reste à nous convaincre encore plus que nous sommes tous concernés, les salariés en CDI, les chômeurs de longue durée, les fonctionnaires, les retraités dans tous les domaines du travail, les services, l’industrie et pas seulement "l’avant garde" de la jeunesse précarisée. Et elle s’est sacrément mobilisée avec les armes de l’internet. Elle a contraint la ministre du travail à leur répondre : les esprits chagrins y verront un simple buzz, mais nous nous y voyons un véritable courage pour se positionner sur la scène publique.
Le gouvernement a repoussé l’examen de son projet de loi de 15 jours tout en affirmant qu’avant l’été, il sera à nouveau examiné. Si c’est une opération de déminage et qu’elle aie pour seul seul effet calmer les frondeurs, il faut dire non !
La CGT appelle d’ores et déjà au retrait du projet et à une discussion saine pour que "le code du travail soit le même pour tous les salariés", "pour un code du travail du 21éme siècle".
Il faut faire maintenant le pont entre cette citoyenneté (numérique) et la mobilisation syndicale traditionnelle et celle des organisations de jeunesse, dans l’optique de temps forts - pas dématérialisés - de la mobilisation, le 9 et le 31 mars ?
Et bout à bout, les réformes du gouvernement Hollande doivent nous amener à interroger moins timidement sur ce qu’elle signifient quand elles frappent au coeur du droit ou du pacte social !
Il ne s’agit pas seulement - et c’est déjà beaucoup - d’une réforme des acquis sociaux mais de la participation à une contre-révolution (réaction) "nihiliste" qui détruit les liens collectifs, les liens inter-générationnels, remet en cause la souveraineté populaire, jusqu’où ?

Alors osons quitte à passer pour de doux rêveurs l’affirmer : la question des" alternatives" se pose dés maintenant hic et nunc, comme aussi dans la perspective d’une transformation plus profonde de la société.
En témoigne cet excellent débat organisé par "@rrêt sur image" :
La question d’un revenu inconditionnel ou d’un salaire à vie semble pour beaucoup une douce utopie mais "le collectif exprime ses conditions dans le rêve". Walter Benjamin est ainsi cité dans un formidable article de Miguel Abensour dans l’Atlas des Utopies (le Monde) : l’utopie, une nécessaire technique du réveil, mais ne s’agit-il pas plutôt de la poursuite décidée de ce qui a déjà été conquis ? (Bernard Friot, dans "Emanciper le travail" ; préambule : VAINCRE) ?

Bernard Friot (RESEAU SALARIAT), Baptiste Mylondo (enseignant chercheur en philosophie politique à Lyon ), Michel Lussault (ATTAC) sont ici d’accord sur la marchandisation du travail, cependant ils sont aussi partagés sur les solutions et stratégies à mettre en oeuvre et sur les ressorts de la mobilisation entre tradition et revendication de nouveaux droits : baisse du temps de travail, continuation des luttes pour le développement de l’emploi (Michel Lussault) ou salaire à vie et copropriété des moyens de production pour redevenir les maitres de la production et de la valeur économique en s’appuyant sur le "déjà-là subversif" (Bernard Friot), ou encore un revenu inconditionnel pour une sortie progressive de la sphère de la production dans une société de la décroissance (Baptiste Mylondo).
Mais c’est justement les questions qu’ils mettent en débat qui sont les plus utiles !
Par raisonnements hypothético-déductifs (avec des si on refait pas le monde disent certains !), ils mettant en avant des propositions et alors on sort de "notre sommeil dogmatique"...

Quelques si.....
Et si les luttes pour l’emploi ou pour la diminution du temps de travail étaient obsolètes ?
Si l’emploi est déterminé par les propriétaires du capital et par le marché, les organisations syndicales n’ont telles pas signifié leur échec à ne se battre que pour l’amélioration des conditions de travail et la création d’emplois ? (Bernard Friot) mais le droit de travailler, le droit à l’emploi comme nécessité pour l’insertion sociale, n’est-ce pas le droit réel, effectif et pas seulement formel, correspondant à une société historique déterminée et à un état défini de son évolution ? L’émancipation ne doit-elle pas passer par des étapes dialectiques ? (Michel Lussault)
Et si la question de la sortie du capitalisme n’était pas un voeu pieu mais seulement la question de l’angle d’attaque pour le faire (question passionnante non ?) ?
Si avec la sécurité sociale nous avons déjà institué une mutualisation de la "valeur ajoutée" par le travail, pourquoi ne pas généraliser la cotisation sociale ? Le salaire ne serait plus versé par l’entreprise : elle cotisera à une caisse, pourra garantir les salaires. De même, une cotisation économique financera l’investissement et mettra fin à la propriété lucrative en laissant la place à une propriété d’usage des lieux de production par tous les salariés. Les caisses d’investissements et de salaires seraient gérées par les salariés, comme l’ont été les caisses de Sécurité sociale jusqu’en 1960. (Bernard Friot) ?
Et si la monnaie n’était pas ce qui sépare et endette mais ce qui lie, à la condition qu’elle ne soit pas au service de la propriété lucrative ? (Bernard Friot) ?
Et si on pouvait motiver à travailler sans passer par la soumission à l’employeur ? Quel travail une société doit-elle développer et comment le partager, qu’est-ce qui peut produire la motivation sociale (à travailler, à produire de la valeur ?) : en effet si on établissait un salaire à vie ou un revenu inconditionnel qu’est-ce qui nous pousserait à travailler ? (le travail est-il une nécessité anthroplogique (Bernard Friot ) ou le travail est une activité parmi d’autres, se laisser vivre comme Alexandre le bienheureux est-ce sans valeur, si cela ouvre le champ de la pensée : un producteur d’armes chimiques n’est-il pas plus dangereux qu’Alexandre le bienheureux (Baptiste Mylondo) ?
Et si le Le travail n’était pas une valeur centrale de la société et qu’il fallait d’autres droits politiques garantissant une égalité, ces droits concernant non notre rapport au fruit de notre travail (les choses, les marchandises) mais aux "autres hommes" ?
A quoi servirait par exemple un salaire à vie ou un revenu inconditionnel, si ce n’était que prétexte à "renvoyer les femmes à la maison", car c’est souvent elles qui s’emparent des congés parentaux pour élever les enfants, qu’en pensent les féministes ? (Michel Lussault)
Et si on mettait en place un revenu inconditionnel ou un salaire à vie, qui ferait les travaux pénibles ? : cette question ne permet-elle pas d’interroger l’évaluation de la valeur des activités ou une autre répartition plus équitable des tâches ?

Oui vraiment regardez cette vidéo jusqu’au bout et, double satisfaction, cette vidéo est relayée par un site "Hacking social" animé par un des vidéastes qui ont lançé la pétition : "nous valons mieux que ça". Il s’interroge ici sur le chômage dans un article qui réveille : "chômage, solution à la crise !" : le chômeur est-il un profiteur, un fainéant, assisté, ou le chômeur est-il un actif ? a t-il le droit à la parole et à la citoyenneté ?
http://hacking-social.com/2014/01/30/chomage-solution-crise/

Hacking social : "le hacking social consiste à modifier son environnement social via des expérimentations, des actions ou des attitudes réfléchies. Ces modifications visent essentiellement à saper des structures nuisibles à la liberté et à la dignité humaine, à les détourner pour le bien du plus grand nombre".

Florence Dursapt