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Le témoignage de syndicalistes de l’ANPE :

Il n’y a pas un travail pour tous...

contribution lors du récent Forum social local

mercredi 18 février 2004, par André Momein, Monique Defour

Lors de l’atelier "précarité, exclusion, citoyenneté" (31 janvier) du récent Forum Social Local, André Momein et Monique Defour, qui travaillent à l’ANPE et animent le syndicat SNU-ANPE, ont témoigné de ce qui se passe dans les ANPE et de la réalité de la politique mise en oeuvre vis à vis de l’emploi, du chômage et des chômeurs.

Notre organisation syndicale le SNU TEFI, adhérent à la FSU, s’est créé à partir des militants de la section CFDT de l’ANPE en opposition à la signature du PARE.
L’une de nos préoccupations est de faire le lien avec les associations de chômeurs, et les autres organisations syndicales de salariés. Mais hélas notre appel est resté vain, aussi nous espérons que cette journée sera une occasion à saisir.

Nous sommes convaincus que ce n’est que par l’alliance entre salariés et demandeurs d’emploi que nous pourrons résister à cette attaque du MEDEF, du Gouvernement et des organisations syndicales qui les soutiennent.

Actuellement nous assistons à une remontée du nombre de chômeurs, il augmente plus vite qu’on ne le croit. La catégorie 2 (recherche à temps partiel) n’est plus prise en compte et le nombre de radiations a augmenté de plus de 70 % en 1 an . Beaucoup ne savent pas utiliser l’actualisation de leur situation par téléphone.

Nous pensons qu’il n’y a pas un travail pour tous. L’organisation de la société fait que le poids du chômage est important par rapport au salaire, et pour la pression sociale qu’il exerce (risque de licenciements).
C’est pour cela qu’à la suite du PARE, les ASSEDICS ont baissé les revenus des demandeurs d’emploi, et recalculé leurs indemnités. Il en résulte qu’un certain nombre de demandeurs ont vu leur durée d’indemnisation se réduire de plusieurs mois.

En janvier 2004, 13.000 dossiers de demandes d’allocation spécifique de solidarité (Etat) ont été envoyés par les ASSEDICS de St ETIENNE, et à ce jour 8.000 dossiers ont été retournés.

La décentralisation du RMI va être gérée par les Conseils Généraux. Le nombre de Rmistes va augmenter systématiquement suite aux rejet des indemnités ASSEDICS. Le risque est grand de voir les crédits d’insertion se réduire et le nombre de suspensions du RMI croître pour éviter une augmentation importante des impôts locaux.
La pression est forte : plus de 70% des Français pensent que l’on en fait trop pour les chômeurs et qu’ils sont trop assistés. En fait on les culpabilise. Nous pensons qu’il n’y a pas autant d’offres que de demandeurs.

Sur le RMA nous partageons la même analyse.

L’ANPE vient de changer de statut, nous avons fait plusieurs journées de grève, nous avons perdu . L’Agence est gérée comme une entreprise privée, avec des objectifs, des résultats à atteindre et des primes de performance pour le hiérarchie. Nous sommes en train de perdre notre rôle de conseil, d’aide aux personnes. En ce sens nous rejoignons bien la lutte contre les privatisations. Une partie de notre travail est sous-traité à des associations subventionnées par l’Etat, le Conseil Général ou le MEDEF. Certains y ont leur siège.
Les budgets formation de l’Etat se réduisent. Et pour les objectifs de formation nous dépendons de plus en plus des décisions des ASSEDICS depuis le PARE. Or le patronat ne veut financer que des formations courtes qui conduisent à un emploi dans les secteurs en déficit .Nous connaissons bien le pourquoi de cette situation : conditions de travail difficiles, salaires très bas, précarisation par les CDD, temps partiel, intérim.