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Insupportable

Les affaires des familles Rroms ont été détruites et les locaux de l’école de Montplaisir ont été saccagés

La mairie de Saint-Etienne doit se ressaisir et trouver un hébergement digne pour les familles et enfants Rroms qu’elle a jetés à la rue.

samedi 19 juillet 2008

On sait maintenant avec plus de précision - parce que plusieurs personnes sont allées voir et peuvent en témoigner - ce qui s’est passé jeudi matin après que les familles et les enfants Rroms aient été expulsés des bâtiments de l’école désaffectée de Montplaisir.


dans ces pièces (ex-salles de classe), vivaient des familles et des enfants.

Les photos ont été prises dans le bâtiment de l’ex-école primaire, situé en façade sur la rue de Terrenoire, celui même dont la mairie avait donné les clés en 2007 lors de l’expulsion du squat Béraud...
Avertissement : le contraste diminue la noirceur de tout ce qui est là. Quand on le voit en direct, le sentiment de désolation est plus grand encore, avec l’odeur âcre et irrespirable des pneus brûlés en plus.

Hier, nouvelle vision d’horreur à Montplaisir.

Comme si l’expulsion n’avait pas été assez violente, il ne fallait rien
qu’il reste du passage des Rroms à Montplaisir.
Les familles ont eu très peu de temps pour récupérer leurs affaires.
J’étais là-bas, au côté des familles : on leur disait "après, après...".
Après, rien, ou quelques minutes pour les plus chanceux ! J’ai pu sortir
le véhicule d’une famille, une des seules choses qu’ils possèdent. Pour
le reste, nous étions 5 (non Rroms bien sûr) à pouvoir aller et venir
dans le premier bâtiment pour récupérer à bout de bras quelques
couvertures et matelas. Top chrono, nous avons eu une demie heure...
pour récupérer des affaires pour plus de 80 personnes. Et attention, une
fois les 30 minutes écoulées, si nous franchissions la grille d’entrée
du squat, nous ne pouvions plus rerentrer.

Réflexion faite à un enfant de 11 ans par un gendarme ou un CRS (je sais
plus, ils étaient tellement nombreux et camouflés qu’il était difficile
de les différencier) : "toi, tu fais trop le malin !". J’étais à côté, et
ai dit au malin : "c’est un enfant !". Il m’a répondu sur un ton sec :
"mais, il fait trop le malin". Imaginez à quel point un enfant de 11 ans
peut faire son malin alors qu’il se fait expulser, et ne sais pas où il
dormira le soir, où il ira à l’école à la rentrée...

Alors que des familles, donc des enfants, étaient encore présents à côté
du squat, ne sachant quoi faire et espérant récupérer quelques affaires,
nous entendions les casseurs en train d’éclater toutes les vitres
intérieures.
Pourquoi ont-ils commencé par cela ? Certainement pour réussir au
mieux leur "opération pneus brûlés", et ainsi faciliter le passage de
l’épaisse fumée noire dans les différentes pièces.

Effectivement, face à l’impossibilité de murer le squat pour le rendre
impénétrable (Montplaisir étant une ancienne école, certains pans de
murs sont entièrement vitrés), les lieux ont été saccagés. Etaient
présents au moment du saccage : la police municipale, des employés
municipaux et des pompiers.

Hier, nous sommes retournées sur place pour voir dans quel état était le
squat. Au travers des vitres noircies par la fumée, nous distinguons des
meubles renversés, des portes enfoncées, les vitres du couloir
explosées... Quand nous sommes entrées dans le squat, j’étais
tremblante, outrée devant un tel spectacle, devant la preuve de
l’acharnement à détruire du matériel pour rendre la vie impossible.
Dans ces pièces que nous avions connues habitées, pleine de vie,
organisées, il ne reste que du noir partout sur les sols, les meubles,
les aliments ; les éviers ont été cassés, toutes les affaires
retournées... Tout ce qui avait été généreusement donné par des
associations, des particuliers, ou acheté par les familles, les affaires
d’école, les vêtements, les meubles... tout a été saccagé. Dans la salle
du squat dédiée aux activités avec les enfants, il ne reste rien... Un
coffre à jouets, des dessins d’enfants pendus aux quelques morceaux de
vitres éclatées qui ne sont pas tombés, les têtes à gazons faites
quelques semaines auparavant avec les enfants...

Mais qui a organisé ce saccage ? Qui a accepté de le mettre en oeuvre ?
Qui avait autant de haine envers eux pour être capable de détruire tout
ce qu’ils possédaient sans scrupules ? Qui a pu entrer, et même face à
des jouets d’enfants, tout péter ?
A quelle époque vivons-nous ? Quel choc supplémentaire cela va être pour
les familles quand elles verront ce qui a été fait de leurs affaires, de
leur lieu de vie ?

Ce lieu restera ainsi certainement durant des années, alors que les
familles Rroms campent sous le kiosque de la ville, sans accès à l’eau,
avec des toilettes publiques fermées... Dans quel monde vivons nous ?

Au kiosque, comme partout où sont rejetées ces familles, heureusement la
solidarité s’organise. Les commerçants du centre ville, les habitants
font preuve de générosité.

Anne-Sara Le Cardiet


Ce qui reste dans la salle de classe des enfants au rez de chaussée du bâtiment

toutes les vitres des fenètres intérieures ont été cassées...

toutes les portes ont été démontées

au pied de l’escalier, côté est, 2 pneus ont été brûlés

Nous pensions le savoir...

nous avions entendu des bruits de cassage de vitres ,
nous avions vu des fumées s’échapper de Montplaisir dans l’après-midi
de ce jeudi 17 juillet,
jour de l’expulsion,
Hier nous avons voulu voir et photographier .
Et ce que nous avons vu est assez indescriptible.
Tous les biens personnels des familles rroms ont été saccagés,
retournés, réduits à néant,
les vitres des fenêtres des coursives intérieures ont été effectivement
entièrement cassées,
les sols des pièces ne sont qu’un amas de suie.
("Ils" ont même entièrement cassé les petits lavabos de l’école.)
C’est à dire que pendant quelques heures, ordre a été donné de faire
brûler des pneux dans le bâtiment afin que rien ne soit récupérable et que tout soit
inutilisable.
les portes ont toutes été arrachées,
Tout .... "Ils" ont tout fait :
pour piétiner les biens personnels, pour réduire à néant la mémoire
même de ceux qui ont habité là,
pour surtout qu’ils ne reviennent plus jamais dans ce lieu.
mais cela me semble aller beaucoup plus loin ....
pour qu’ils ne reviennent plus jamais nulle part ? sur St-Etienne ? et
même ailleurs ?

Ceux qui ont exécuté cela n’ont pas à être fiers
et c’est un bas mot !
mais il faut maintenant savoir qui a donné l’ordre de ce saccage tant
matériel que psychologique.

marie-pierre vincent


pneu brulé vers l’escalier côté est

Dans un panier, reste les carottes...

Maintenant, il faut reloger d’urgence ces familles et ces enfants !

Je suis allé cet après-midi, avec Marie-Pierre et avec une conseillère municipale, voir ce qui s’était passé à l’école de Montplaisir.
Nous avons vu que c’est un saccage qui a été perpétré ici. A l’étage comme au rez de chaussée, tout a été détruit, le sol est jonché des affaires des familles, tout est renversé, beaucoup de choses ont été cassées. Et une épaisse couche de suie grasse recouvre absolument tout et rend tout irrécupérable.
Pourquoi ce déchaînement, méthodique, qui a dû nécessiter plusieurs heures pour détruire ainsi 3 bâtiments ? Pour faire ça, il faut de la haine.
Apparemment les choses ont été froidement pensées. Cassage des vitres en petits morceaux et démontage des portes, incendie des pneus au bas de chaque escalier, tous les lavabos détruits à la masse...
Dans l’autre bâtiment, situé derrière, celui de l’ex-école maternelle, tout a été détruit exactement de la même façon. Nous n’avons pas pu entrer dans ce bâtiment, car aucune fenêtre extérieure n’est cassée, mais nous avons pu voir à l’intérieur...

Est-ce que le Maire et les autres élus savent ce qui s’est passé ici ? Selon leurs déclarations, non, puisqu’ils disent que les affaires des Rroms ont été préservées (voir ci-dessous la “mise au point” du Maire de St-Etienne). Alors, il faut d’urgence qu’ils aillent voir ! Comment se fait-il qu’aucun élu n’était présent le jour de l’expulsion ?
Devant ces faits, le Maire de St-Etienne doit ordonner une enquête pour établir les responsabilités : qui au juste a ordonné et qui a commis ces destructions ?
D’autant que les affaires des familles Rroms sont détruites, mais les locaux municipaux aussi sont détruits...
En 2006, au moment de l’expulsion des Rroms du Clapier par M. Thiollière, un journal national avait écrit : “A St-Etienne, les Rroms s’expulsent à la pelleteuse”. En 2008, à St-Etienne, les Rroms s’expulsent à la masse et par le feu.
C’est insupportable et indigne d’une municipalité de gauche dont beaucoup attendent un comportement de respect et d’écoute.

Et maintenant ?
Les familles et les enfants Rroms qui ont quasiment tout perdu vont passer leur troisième nuit sous le kiosque à musique et à côté, dans les toiles de tente qui ont été installées. Les toilettes publiques de la Place Jean Jaurès sont fermées, inutilisables, et rien d’autre n’a été installé.
Qu’attend la mairie de St-Etienne qui a pris la responsabilité de cette situation pour faire des propositions honnêtes aux familles Rroms et au réseau de solidarité ?
Exigeons une solution digne et humaine pour les familles et les enfants Rroms !

Roger Dubien
ancien conseiller municipal de St-Etienne.

Messages

  • Une déclaration du Maire de Saint-Etienne...

    18 juillet 2008

    "Mise au point sur les décisions prises par la Municipalité concernant les populations Roms

    Quelques communiqués ou prises de position extrêmement agressives et mensongères à l’égard de la municipalité ont été diffusées sur internet, par tract ou publiées dans la presse.

    Je ne peux laisser dire n’importe quoi ni salir l’action de mes adjoints qui, depuis plusieurs mois, sont investis sur ce difficile dossier. Laissant à quelques extrémistes la responsabilité d’utiliser à des fins purement politiciennes une situation aussi dramatique, je me contenterai de rappeler les faits, comme ce fut le cas dans le courrier envoyé le 15 juillet en réponse à une demande du réseau de solidarité avec les Roms.

    1/ Dès mon élection, la situation des Roms de Montplaisir a été prise en considération par l’équipe municipale. M. Coynel, 1er Adjoint, a pris contact avec les associations et les populations concernées.

    2/ Nous avons rapidement rétabli le chauffage dans un des bâtiments pour offrir enfin des conditions de vie minimales et mettre un terme à une situation humainement insupportable.

    3/ J’ai alerté la Commission Européenne et le Parlement européen sur la situation de ces populations car c’est à ce niveau que doit s’esquisser une politique globale en leur faveur, impliquant la Roumanie, seule voie susceptible de mettre un terme à leur errance dans toute l’Europe avec parfois des risques de crise gravissime comme par exemple en Italie.

    4/ Concernant la situation de Montplaisir, j’ai fait explorer diverses solutions. Il est ainsi apparu que seulement 3 familles, depuis deux ans, avaient pu obtenir un emploi et par suite un logement, s’inscrivant donc dans un processus d’intégration qui se poursuit.

    5/ Il s’est aussi avéré, à l’inverse, que le fonctionnement de l’occupation générait des dérives de plus en plus organisées que personne ne peut encourager. Parmi elles, outre les questions de salubrité, la dégradation des conditions de sécurité pouvait laisser craindre un risque majeur d’incendie de l’école et donc de péril pour les adultes et les enfants. L’intervention à ma demande, des services de la ville sur les installations électriques n’a jamais pu régler définitivement cette question.

    6/ Le contact maintenu avec les associations a d’ailleurs conduit à un consensus sur la nécessité de ne plus laisser perdurer l’utilisation de ce lieu, devenu dangereux et de moins en moins toléré – quoiqu’en disent certains reportages – par les riverains. J’ai ainsi clairement annoncé lors du Conseil municipal du 30 juin que, dans ces conditions, la municipalité ne s’opposerait par à une évacuation devenue inévitable. J’ai aussi indiqué qu’il fallait privilégier les solutions les plus dignes, notamment celle d’un retour accompagné des familles en Roumanie, avec un pécule et des perspectives de réinstallation.

    7/ Ce n’est pas la municipalité, faut-il le rappeler, mais la Préfecture qui s’est chargée de l’évacuation, conformément au droit. S’y opposer aurait signifié le choix municipal de maintenir coûte que coûte l’occupation, alors même que personne de sérieux ne le souhaitait et que, je le rappelle, la sécurité des personnes était clairement mise en danger. En toute responsabilité, j’ai estimé que mon devoir était de ne pas s’opposer à cette évacuation en dépit du caractère toujours douloureux de ce type d’opération. Je considère que toute autre décision eût été irresponsable.

    8/ J’ai souhaité, dans la discrétion, un accompagnement social plus marqué pour les familles disposant encore d’allocations familiales. Il s’avère que ceci n’a pas été possible, je le regrette. Mais j’observe aussi que l’évacuation s’est passée sans violence, ce qui ne saurait être négligé. L’intervention des services municipaux a également permis que les familles retrouvent la plus grande partie de leur mobilier.

    9/ Je sais que certaines associations de soutien aux familles Roms, refusant de voir dans l’accompagnement une mesure acceptable, auraient souhaité que d’autres solutions (propositions de travail, de logement…) soient faites aux familles. C’est là que nous atteignons les limites de l’action d’une municipalité : il est impossible de s’engager dans de telles voies, sauf à pénaliser celles et ceux qui, régulièrement installés sur notre territoire, attendent eux aussi qu’une solution leur soit proposée. Je regrette que ces associations refusent de le comprendre.

    Vouloir pérenniser une situation de précarité invivable pour les familles Roms n’a pas de sens. En l’absence de solution concrète, parce qu’il n’y en a pas à notre niveau, confrontée aux drames humains et à l’extrême complexité de ce dossier, notre équipe municipale a veillé à garantir la dignité des familles dans le cadre de ce que je considère comme la moins mauvaise des solutions.

    Je remercie tous ceux qui, à la Mairie et dans les autres institutions, se sont impliqués et les assure de mon soutien. Avec eux, je reste évidemment attentif aux cas individuels qui pourraient encore se poser."

    Maurice Vincent
    Maire de Saint-Etienne
    Président de Saint-Etienne Métropole

    • Une prise de position du diocèse de Saint-Etienne

      “Communiqué au sujet des Roms

      Vendredi 18 juillet 2008

      Les responsables du diocèse de Saint-Etienne s’émeuvent fortement des expulsions qui viennent d’avoir lieu ce vendredi 18 juillet 2008 à Saint-Etienne. Ils appuient avec insistance la demande du réseau Solidarité Roms pour le relogement des roms dans des conditions décentes. Ils espèrent que tous les efforts seront faits en ce sens.

      Thierry Magnin, vicaire général, et Alain Arnaud, délégué diocésain à la solidarité.

      http://catholique-saint-etienne.cef.fr/article.php3?id_article=1226

    • Réponse un peu simple et à la limite de l’acceptable pour une municipalité socialiste.
      Inacceptable en particulier "l’aide au retour", joujou favori du ministre de la honte et du drapeau, Hortefeux.
      Un peu simple l’alerte de la commission européenne. on peut aussi alerter l’ONU... D’autant que plusieurs rapports sur la situations des Rroms en Europe ont déjà été publiés.
      Refuser de proposer des logements, au prétexte de "pénaliser celles et ceux qui, régulièrement installés sur notre territoire, attendent eux aussi qu’une solution leur soit proposée.", c’est faire fi du droit au logement. C’est entrer dans la logique du bon et du mauvais Rrom. Les enfants sont ils traités en fonction du casier judiciaire ou de la fiche de salaire de leurs parents ?

      Jean-Michel Labonne
      membre de la section PS de Cluny (71)
      militant "non extrémiste" de resf 71...