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Prochaine manifestation à St-Etienne jeudi 26 mai, RDV à 10h30 à Chateaucreux. Et manifestation nationale à Paris mardi 14 juin.

La "loi travail" ne passera pas.

Et le moment vient de discuter aussi de ce qu’on peut changer.

mercredi 18 mai 2016, par Roger Dubien

 Dernière minute (jeudi après-midi) Au moins 6.000 personnes ont manifesté à St-Etienne ce jeudi 19 mai, de la Bourse du Travail à la mairie, par l’avenue de la Libération, la Place Jean Moulin et la Rue de la République. C’est plus de deux fois la participation de mardi. Toujours beaucoup de jeunes, et des salariés d’entreprises bien plus nombreux. La mobilisation sociale continue à se construire...
Dans toute la France, ce sont près de 400.000 personnes qui ont manifesté. En même temps que les mobilisations se diversifient, deux nouvelles journées nationales d’action sont fixées : dans les villes jeudi 26 mai, et manifestation nationale à Paris mardi 14 juin
A St-Etienne, rassemblement jeudi à 10h30 devant la gare de Chateaucreux. Jonction avec les gérants non salariés de Casino qui viennent manifester jeudi de toute la France...
 

Sous 2 mois la "loi travail" dictée par le MEDEF peut aller à la poubelle. Elle a certes franchi un obstacle le 12 mai à l’Assemblée Nationale : en sautant par dessus le vote des députés ! Puisque, comme il n’y avait pas assez de députés prêts à la voter, le gouvernement a sorti le 49.3 : adoption sans vote ! Mais rien n’est fini...
Dans la société le rejet est massif : près de 75%. Et les grèves et manifestations prennent une autre ampleur cette semaine... Et c’est bien ce que redoutent Hollande et Valls, quand ils s’empressent de marteler : "je ne céderai pas", ou "la loi travail ira jusqu’au bout". Comme le CPE ou la déchéance de nationalité, en somme...

Loi pour le MEDEF, et déni de démocratie


Imposer une loi grâce au 49.3, ça en dit long. Ce genre de coup de force a des précédents. Par exemple, le 9 février 2006, De Villepin avait imposé le CPE-contrat 1ère embauche, qui livrait les jeunes pieds et poings liés au patronat jusqu’à l’âge de 26 ans (possibilité de licencier tout jeune à volonté, sans aucune justification à donner, pendant les deux premières années après son embauche...) (1). Le CPE avait même été "adopté" définitivement le 31 mars et la loi promulguée par Chirac, président de la République. Mais ça n’avait pas suffi. Le 10 avril, Villepin annonçait l’abandon du CPE, abrogé par la loi le 21 avril...
Voir Il y a 10 ans, le CPE, pourtant voté par le Parlement était retiré par Chirac et Villepin....

La "loi travail" doit finir comme le CPE. Après les réactions immédiates des 10 et 12 mai suite au coup de force du 49.3, les mobilisations s’organisent, les annonces de grèves et de manifestations se multiplient. Des branches de l’économie se mobilisent. Les routiers sont entrés dans la bataille. C’est vital pour leurs salaires, qui sont très bas, et qu’ils améliorent un peu avec des heures supplémentaires payées + 25 ou 30%. Avec la "loi travail", elles tomberont à +10%. Une perte nette mensuelle de centaines d’euros. Dumping social général. Appels à la grève aussi chez les cheminots, les travailleurs des ports...

Dans la population française, l’hostilité est massive. Les sondages valent ce qu’ils valent, mais les dernières "enquêtes d’opinion" indiquent qu’une large majorité de la population est contre : 74%, un français sur 4 seulement est pour. 1 français sur 2 (48%) est favorable au retrait pur et simple, 38% à des modifications profondes. 13% (1 sur 8 !) est content du projet tel qu’il est.
C’est que la réalité de cette loi est de mieux en mieux connue. Et notamment son coeur : l’inversion des normes, la suppression de fait du code du travail. 70% estiment maintenant que cette loi est "favorable au patronat", 20% seulement qu’elle est "équilibrée"... et 10% qu’elle est favorable aux salariés. 70% des français sont également opposés au passage en force du 49.3.

 Anne Braun, responsable du pôle droits, libertés et actions juridiques de la CGT (9 mai) :


Et maintenant ?

Imposée par 49.3 à l’Assemblée, cette loi va aller devant le Sénat, en commission à partir du 1er juin, et en séance plénière à partir du 13 juin. Là, pour les objectifs qui sont les siens, la droite va s’amuser - en attendant son heure - et ré-écrire le texte. Le président LR/UMP du Sénat Larcher a dit que la mouture initiale de la "loi travail" lui convenait très bien...
Fin juin, retour du paquet à l’Assemblée Nationale. Et probable nouvelle utilisation du 49.3, puisque Valls n’a pas de majorité pour faire voter son texte. Il est possible alors qu’il y ait cette fois suffisamment de députés se proclamant "de gauche" pour déposer une motion de censure et faire chuter le gouvernement Valls. Il y en a déjà eu 56 (sur 58 nécessaires pour déposer une motion de censure) au 1er tour... Si ce n’est pas le cas, et si ceux qui se disent opposés à la casse du code du travail le sont vraiment, il leur sera possible de voter la motion de censure de la droite. 234 voix "de droite" + 56 "de gauche", ça fait 290, et il en faut seulement 288 pour clore l’épisode Valls. C’est au pied du mur qu’on va voir les maçons. Et qu’on nous épargne les salades sur l’impossibilité de "voter avec la droite" (en passant : de nombreux députés socialistes s’apprêtaient à le faire pour imposer la déchéance de nationalité, qui est une mesure d’extrême droite...). Il s’agit juste d’envoyer à la poubelle cette loi désastreuse. Si Valls saute, ça obligera Hollande à nommer un autre 1er ministre, et ça ne sera pas une perte.

Ce qui est sûr c’est que d’ici fin juin, ce sont les mobilisations populaires multiformes qui seront décisives pour changer la situation.

 Philippe Martinez de la CGT : 

12 mai à St-Etienne : l’interpellation des députés Juanico et Gagnaire


Jeudi 12 mai en fin d’après-midi, au moins 1000 personnes, dont beaucoup de jeunes, ont manifesté.

Télécharger la prise de parole de Sylvain Valla, de la CGT, devant la permanence de R. Juanico

D’abord de la Bourse du Travail à la permanence de Régis Juanico, rue de la Résistance. Là, Sylvain Valla, secrétaire de l’Union Locale CGT, a pris la parole, rappelé ce qui était en jeu pour le monde du travail avec cette loi, et demandé à R. Juanico, qui se déclare opposé à cette loi et opposé au 49.3 (qu’il qualifie ainsi "49.3 : un passage en force inacceptable"), d’être conséquent et de faire le nécessaire dans les prochaines étapes. Juanico absent, une motion a été remise à un collaborateur.



Ensuite, la manifestation a remonté la grande-rue jusqu’à la rue Faure-Bellon, en face de la Bourse du Travail, devant la permanence de JL Gagnaire.
Moment de tension juste avant au-dessus de la Place du Peuple, quand 2 policiers déguisés en manifestants et infiltrés dans le cortège des jeunes ont été priés par la manifestation - qui s’est arrêtée une minute - de dégager.
L’utilisation de certains policiers - déguisés en manifestants - pour infiltrer et provoquer des jeunes (par exemple en les traitant de "bâtards" et de "fils de pute", ou en les menaçant) est insupportable. Elle juge le gouvernement par lequel ces actes sont commis.

Au pied de la permanence de Gagnaire, 4 jeunes sont montés accrocher au balcon une grande banderole rappelant quelques hauts faits du député qui se présente de gauche mais soutient à fond la "loi travail", tout comme il a soutenu la tentative de constitutionnaliser l’état d’urgence et d’instaurer la déchéance de nationalité, et a demandé l’utilisation du 49.3.
Ceci n’est pas exhaustif d’ailleurs. En décembre 2015, il avait activement participé, à la demande directe de Valls, au maintien de l’évasion fiscale, au profit des grandes entreprises et de leurs actionnaires (2).
Rien n’a été cassé. L’article de D. Goubatian dans Le Progrès, qui parle de "permanence vandalisée" est mensonger. Mettre une banderole au balcon pour dénoncer "un passage en force inacceptable" (Juanico) de la part de quelqu’un qui est censé représenter le peuple et défendre la démocratie, où est le vandalisme ? La charge des policiers pour protéger une vitrine ? invention. Aucune vitrine n’a été menacée ni touchée.
France Bleu a parlé de 16 policiers blessés... Fantaisiste. Car impossible. Pas un cheveu des policiers déguisés en manifestants qui ont été priés de sortir de la manifestation n’a été touché. Ensuite, ce sont les jeunes qui sont allés accrocher la banderole au balcon qui ont été molestés, et mis en joue pour au moins l’un d’entre eux : "bouge pas ou je te bute". Pour une banderole ? Ces jeunes n’ont rien cassé, ni frappé personne.
Ensuite, devant l’immeuble, les jeunes et manifestants présents ont été chargés par 5 policiers en tenue de combat (boucliers, grenades lacrymogènes, matraques). Ces jeunes étaient à mains nues, dont plusieurs filles. Mais ils n’ont pas reculé. Comme le montre la vidéo de FR3, au moins un de ces policiers n’a pas bougé, 3 ou 4 ont frappé, et des jeunes ont pris des coups. Quelques uns ont aussi reçu du gaz lacrymogène...

Les "professionnels de la haine" selon Cazeneuve... au 1er rang, quand les policiers ont chargé, une jeune femme. Une autre main tient une cigarette. Des casseurs, vraiment ?.

La protestation de l’ensemble des manifestants a ensuite obtenu que les policiers se retirent. Et que les 4 jeunes retenus dans l’immeuble soient relâchés.
Alors d’où sortent ces 16 policiers blessés ? Le ministre de l’intérieur Cazeneuve venu dans la Loire le 13 mai a parlé - en mélangeant hardiment Euro2016, manifestations contre la loi travail et terrorisme-, de "casseurs" et de "professionnels de la haine". Tout est dit sur le divorce total entre ce gouvernement et la jeunesse et le monde du travail.

Télécharger la prise de parole de Sylvain Valla devant la permanence de JL Gagnaire

Mais toutes les manigances pour inciter le mouvement à lâcher le sujet : la mise au panier de cette loi écrite pour le MEDEF, ne suffiront pas.

Mardi 17 mai, plus de 2000 manifestants à St-Etienne...

Selon la CGT, qui appelle à "amplifier le mouvement jusqu’au retrait du projet de loi travail et l’ouverture de véritables négociations pour l’obtention de droits nouveaux pour tous les salariés", 220 000 personnes ont manifesté en France ce 17 mai, soit deux fois plus que le 12 mai.


A St-Etienne, partie de la Bourse du Travail, la manifestation a rejoint la place de l’Hôtel de Ville.

la mise en garde de Mireille Carrot au départ de la manifestation

Dès le départ, Mireille Carrot a mis en garde le pouvoir contre les violences et le mépris de la démocratie. Et demandé une vigilance particulière. Tout au long de la manifestation d’ailleurs, des militants syndicalistes nombreux ont accompagné le cortège des jeunes dont plusieurs centaines portaient des foulards/baillons multicolores, en protestation contre le 49.3.
Beaucoup de jeunes dans cette manifestation. Et souvent le slogan "A ceux qui veulent précariser les jeunes, les jeunes répondent : résistance !"... ou bien "St-Etienne, debout ! soulève-toi !" scandé par toute la manif devant l’Hôtel de ville...
Sur le passage, des banques ont été taguées. Peut-être pour rappeler que l’ennemi c’est la finance...
Place Dorian, la rue de la République était barrée par des CRS, juste avant le siège du FN...







Place de l’Hôtel de ville, prises de parole. Jean-Michel Gourgaud pour la CGT a demandé le retrait de la loi travail et un code du travail du 21ème siècle. Eric Blachon pour FO a rappelé pourquoi les forces du capitalisme voulaient à ce point détruire le code du travail. "Aujourd’hui le code du travail et demain le statut des fonctionnaires, et demain tous auto-entrepreneurs dans une société ubérisée...".

Télécharger l’intervention de Jean-Michel Gourgaud, secrétaire de l’UD-CGT, devant la mairie
Télécharger l’intervention d’Eric Blachon, de Force Ouvrière, devant la mairie.


Puis après eux, Myriam Garcia pour Solidaires, un enseignant de la FSU, et Martin Pontier de la JC...

La loi travail ne passe pas. Elle ne passera pas.

Roger Dubien.

(1) Il y a 10 ans, Hollande a jugé lui-même ce qu’il est en train de faire aujourd’hui. En 2006, il déclarait à propos de l’utilisation du 49.3 pour imposer le CPE : "une violation des droits du Parlement, une brutalité, un déni de démocratie, une manière de freiner ou d’empêcher la mobilisation"...

(2) Voir Le député J-L Gagnaire participe au maintien de l’évasion fiscale, au profit des grandes entreprises et de leurs actionnaires
JL Gagnaire s’est opposé puis a participé à faire annuler un amendement voté par une majorité de députés présents qui rendait plus difficile ce qui est pudiquement nommé "optimisation fiscale", c’est-à-dire la pratique de la plupart des grandes entreprises qui s’arrangent pour transférer les bénéfices d’un pays à l’autre et ne pas payer d’impôt en France ! Un trou noir d’au moins 50 à 80 milliards d’euros... Valls a obtenu l’organisation immédiate d’un nouveau vote, qui a annulé cette décision. Jean-Louis Gagnaire, député de St-Etienne, a participé à ce coup de force.