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6 décembre : 1er Forum des droits sociaux

mercredi 10 décembre 2003, par Georges Günther

Cette journée nationale d’action contre le chômage et la précarité avait été décidée par les associations de chômeurs (APEIS, AC ! , MNCP, Comités chômeurs CGT), pour demander le retrait du projet de loi RMI-RMA, protester contre la dégradation de l’indemnisation des chômeurs, exiger de nouveaux droits.
Les signataires de l’appel pour une alternative à gauche avaient appelé à cette journée.
Pour la région stéphanoise, ils avaient proposé un rassemblement devant la préfecture à 15h suivi par un forum des droits sociaux. Les syndicats, élus et partis de gauche, associations et réseaux humanitaires avaient été contactés.

Nous étions entre 80 et 90 devant la préfecture à 15H et 34 au forum des droits sociaux à l’amicale laïque de Beaubrun.
L’APEIS, la FSU, SUD santé du CHRU de ST-Etienne, avaient appelé publiquement à cette journée.

Une délégation a été reçue par le sous préfet, M. Fournier.

Elle était composée de 8 personnes représentant l’APEIS, les Alternatifs, la LCR, ATTAC, la FSU, les signataires de l’appel pour une alternative à gauche, et Roger Dubien qui siège en tant qu’élu au CCAS de St-Etienne.

Qu’a-t-il été abordé lors de la délégation ?
- L’APEIS a remis les 334 premières signatures recueillies sur la pétition demandant le retrait du projet de loi RMI-RMA.
- Nous avons demandé outre le retrait de ce projet de loi RMI-RMA :
. Une politique d’insertion pour les chômeurs et Rmistes.
. L’évaluation de l’activité des associations de formation-insertion des Rmistes qui reçoivent pas mal d’argent public, pour des formations plus ou moins bidons.
. Une affectation de l’argent public à des organismes et des associations compétentes, sur des projets d’insertion et de formation qualifiants.
. Le versement d’une " prime de Noël " pour toutes les personnes (chômeurs, précaires, Rmistes), dont le revenu est inférieur au Smic.
. Le report de la décentralisation de la gestion et du financement du RMI aux Conseils Généraux à partir du 1er janvier pour qu’il n’y ait pas de rupture de versement du RMI du fait de la précipitation.
- Nous avons alerté sur la multiplication des coupures d’électricité par EDF, et sur leur aspect illégal.
- Roger Dubien a informé du refus du CCAS de St-Etienne de répondre positivement à la demande du préfet, adressée à toutes les communes, de verser 0,20 € par habitant au FSL (fonds solidarité logement).

Les réponses du sous préfet :
- Les services du préfet seront " extrêmement attentif à ce qu’il n’y ait pas de rupture dans le versement du RMI au 1er janvier ". L’alerte lancée l’APEIS notamment, a donc eu un premier effet.
- Confirmation de l’illégalité des coupures d’électricité. Le préfet intervient d’ailleurs pour que les entreprises qui ne payent pas leurs factures dans les délais, ne soient pas coupées, dans le but de préserver l’emploi. Nous lui avons demandé qu’il en fasse de même pour les particuliers.
Il nous a incité à écrire au préfet, toutes les fois que nous aurons connaissance de coupures. Celui ci interviendra pour faire rétablir l’électricité.
Pour prévenir ces coupures, Marc Souveton de la FSU, a demandé que le préfet rappelle la direction d’EDF au respect de la loi.

Les idées débattues lors du forum des droits sociaux et les décisions prises :

Sommairement et en vrac...
- Des CCAS plus près de la population (une décentralisation dans les quartiers). Ils pourraient devenir des lieux d’informations sur les droits et procédures, très mal connus par les chômeurs et familles pauvres.
A St-Etienne, les associations de solidarité sont exclues du CA du CCAS. Il y a un problème de réapropriation de la gestion du CCAS par ceux qui se battent pour la solidarité.
Un budget du CCAS très insuffisant à St-Etienne : 3,3 millions de francs. En 2002 2,23 millions de francs sont allés à l’aide sociale. Tout cela pour une ville de 180 000 habitants où la misère est grande. Nécessité de mieux faire émerger le mauvais fonctionnement du CCAS à St-Etienne.

- Agir pour un budget participatif de l’action sociale sur St-Etienne et St-Etienne Métropole (discussion dans les conseils de quartiers, avec les associations humanitaires...).

- Combattre la culpabilisation des chômeurs qui ne sont pas oisifs par choix ou fainéant. Le problème c’est qu’il n’y a pas d’emplois.

- Les secteurs qui se plaignent de manquer de mains d’œuvre, offrent des emplois dégradant. Il y a de plus en plus d’emplois où la dignité humaine n’est pas respectée. Cette question de la dignité dans le travail devient aujourd’hui très importante. Il n’y aura pas d’action efficace contre la pauvreté et le chômage, si on ne prend pas en compte cet aspect.
Les patrons font jouer la concurrence des salariés en Europe pour dégrader les normes d’emplois et salariales. Et le gouvernement en s’attaquant à l’indemnisation des chômeurs et avec le RMA veut contraindre à accepter des emplois de plus en plus dégradés et mal payés.
Aujourd’hui Casino demande que les entreprises d’intérim lèvent le secret du casier judiciaire pour des emplois de magasiniers.
Certains décideurs pensent qu’ils existent des sous humains. C’est une conception d’apartheid social et économique. Il y a là une question de civilisation, du sens de l’humain.

- Un revenu minimum garanti au niveau européen, déconnecté de la notion de travail, permettrait de refuser des emplois dégradants pour la dignité humaine. Cette proposition a été avancée par des syndicalistes polonais lors du FSE.

- De plus en plus d’entreprises violent le code du travail, payent les heures supplémentaires de la main à la main. Les inspecteurs du travail sont débordés.

- La lutte contre l’échec scolaire : une action essentielle contre la pauvreté. Un enfant d’ouvrier a 18 probabilités sur 100 de redoubler en CP, un enfant de cadre1 probabilité sur 100. Et les enfants qui ont redoublé en CP ont 7 fois plus de probabilité de ne pas aller au bac.

- De plus en plus d’étudiants sont SDF.

- Ies entreprises d’insertions dans la Loire. Il y en a 10. Elles ne sont pas soutenues localement. St-Etienne est la dernière ville de Rhône Alpes à avoir un PLI.

- Travailler avec le réseau Alerte.

- C’est en obtenant des résultats concrets, en se donnant plus d’efficacité qu’on fera grandir l’intervention des chômeurs, des pauvres.

- Proposition de mettre en place une coordination, un réseau où tous ceux qui agissent contre la pauvreté, le chômage, la précarité, dans le domaine humanitaire, puissent se retrouver pour échanger des idées, des expériences, agir ensemble pour avoir un rapport de force meilleur, additionner des expériences pour peser au plan politique. Un forum qui permette le dialogue et l’action. Un endroit où l’on parle de notre conception de l’insertion et de la société, de notre conception de l’homme.

Les décisions prises :

- Poursuivre l’échange lors du débat sur le thème " Participation citoyenne et pauvreté, précarité " dans le cadre de l’initiative du FSL les 30, 31 janvier et 1er février.
- Pérenniser ce forum des droits sociaux. Qu’il devienne un lieu de rencontre entre tous ceux qui agissent pour les droits sociaux, contre la pauvreté, le chômage, l’exclusion ( organisations de solidarité, syndicats, militants des droits sociaux, enseignants, associations de l’enfance...), et aussi élus, militants d’organisations politiques. Un lieu où on élabore des propositions, où on discute d’actions communes. Un lieu où on ne s’interdit pas de parler de conceptions de société et de conceptions politiques en matière de pauvreté, de chômage, d’emplois, de citoyenneté sans instrumentalisation des uns et des autres, chacun gardant son libre arbitre, son autonomie.
- Préparer une réunion de travail de ce forum des droits sociaux le samedi 21 février avec divers ateliers.
Un groupe de préparation de cette journée est mis en place.