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Toujours dans nos assiettes et peut-être à nouveau dans nos champs ?

Non aux OGM, même cachés !

vendredi 4 septembre 2009, par Martine Chevalier

Où en est-on en cette rentrée 2009 pour ce qui est des OGM ? L’année qui arrive promet à nouveau d’être chaude...

Au fil des mois, le refus des OGM continue à se renforcer. C’est que plus on s’informe, plus on y réfléchit, et plus cela paraît clair : l’objectif des promoteurs des OGM - les multinationales de l’agrochimie et des semences, puisque les trusts de la chimie ont racheté les entreprises de semences - n’est que de faire beaucoup de profit en prenant le contrôle de l’alimentation mondiale au moyen des brevets sur le vivant, et en vendant des pesticides. Ce faisant, ils aggraveront la famine, qui touche pour le moment plus de 852 millions de personnes sur la planète.

L’argument selon lequel les OGM permettraient de diminuer l’utilisation des pesticides s’est avéré être un énorme mensonge : les pesticides augmentent avec les cultures d’OGM. 
Et on vient d’apprendre par exemple que pour la première fois depuis 2000, les cultures de soja OGM diminuent en 2009 aux USA, au profit du soja non OGM. Plusieurs raisons à cela : d’abord, Monsanto augmente continuellement le prix des semences de soja OGM, qui coûtent 35 dollars le sac au lieu de 17 dollars pour les semences non OGM. Et puis Monsanto augmente aussi le prix de l’herbicide Roundup qui va avec, alors qu’il faut une quantité toujours plus massive de cet herbicide avec le soja OGM car les mauvaises herbes deviennent de plus en plus résistantes.

L’argument selon lequel les OGM permettraient de nourrir l’humanité en augmentant les rendements s’avère être un autre énorme mensonge : ça les diminue plutôt. Sans parler de l’amère expérience de l’Afrique du Sud où 82 000 hectares de maïs OGM Monsanto ont poussé en 2009 ... sans donner de grains.

Arrive maintenant un nouveau mensonge : l’argument des “gènes du climat” : les OGM permettraient de faire pousser des plantes adaptées aux nouvelles conditions du réchauffement climatique. Les Monsanto et cie sont en train de déposer des brevets... Mais c’est la défense et le développement de la biodiversité dans les champs des paysans et les jardins des jardiniers qui peut seule permettre aux paysans et jardiniers de développer des espèces et variétés adaptées aux changements climatiques, dans le monde entier.

Cependant, les promoteurs des OGM ne renoncent pas à leur projet totalitaire.

Le combat s’engage contre les OGM cachés, obtenus par mutagénèse...

Prenant en compte le refus massif des OGM en Europe, ils ne se contentent pas d’essayer de les imposer dans les pays du Sud (où ça résiste de plus en plus aussi). Si en France le combat contre le maïs pesticide Monsanto 810 est gagné, voici qu’arrivent les OGM cachés notamment pour le tournesol et le colza. Des OGM obtenus par mutagénèse (choc chimique, irradiation ... au lieu de transgénèse - transfert de gènes d’une espèce à une autre). Ce sont bien des OGM. Mais la réglementation européenne a été faite pour les exclure de la législation et des procédures en vigueur concernant les OGM : la directive européenne sur les OGM ne s’applique que la fabrication des OGM par transgénèse. La directive 2001-18 définit bien les organismes obtenus par mutagénèse comme des OGM, mais elle les exclut de son champ d’application (très fort !). Ceux obtenus par mutagénèse n’ont donc pour le moment pas besoin d’autorisation ni d’évaluation pour être mis sur le marché. Ce sont des OGM “hors cadre de la loi”...
En mai 2009 au CETIOM de Bollène, un collectif d’associations a organisé un rassemblement pour dénoncer les cultures de semences de tournesol OGM caché. (voir : Des OGM clandestins : les tournesols mutés résistants à un herbicide)





A Bollene en mai 2009...

Ces 26 et 27 août, les Faucheurs Volontaires (qui ont tenu leur assemblée annuelle mi-juillet en Vendée) ont manifesté à 150 devant le centre de recherche du semencier Pioneer à Montech (Tarn-et-Garonne), toujours contre le développement "des OGM cachés". Il s’agit là encore de tournesols (“Expressun”), dont on apprend qu’ils sont déjà cultivés sur 1.000 hectares !
Cette fois encore, le centre d’essais des tournesols OGM était gardé par un escadron de gendarmerie...
"Pioneer, le pire à venir”. "Nous demandons à Pioneer de renoncer à commercialiser l’an prochain un tournesol résistant aux herbicides baptisé Expressun". Les Faucheurs volontaires, reçus ce 4 septembre au secrétariat d’Etat à l’Ecologie demandent “au ministère de l’Environnement de décider un moratoire sur ce type de tournesols mutagènes en attendant une évaluation”. Ils veulent aussi “que l’Union européenne soumette ces OGM aux mêmes règles de transparence et d’évaluation que les maïs transgéniques".






A Montech, les 26 et 27 août

Donc : le combat contre les OGM continue, et il vient d’entrer dans une nouvelle phase avec la lutte contre les OGM cachés. C’est ce qu’a indiqué José Bové : "les firmes semencières ont décidé de changer leur fusil d’épaule en utilisant de nouvelles technologies mutagènes, car ils n’ont pas besoin d’autorisations : avec ces OGM clandestins elles essaient de contourner l’obstacle de la mobilisation contre les OGM".

Avant juin 2010, une nouvelle loi devra être votée en France concernant les OGM

Autre chose, qui n’était pas prévu : suite à un recours déposé par le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRII-GEN), le Conseil d’Etat vient d’annuler un décret de 2007 sur les OGM parce que ce n’était pas suffisant côté information du public.
Le gouvernement devra donc soumettre au Parlement d’ici juin 2010 une nouvelle loi concernant les OGM, qui fixe les obligations pour l’information sur les cultures OGM et le suivi des contaminations... Ceci va se discuter alors que de nouvelles études montrent qu’il ne peut y avoir de coexistence entre cultures OGM et non OGM... Ça promet.
Tout cela ne réjouit pas l’agro-industrie et les politiques qui la servent. Car plus il y a information et débat, plus l’opposition aux OGM se renforce.

Les OGM, du port aux cochons. L’alimentation animale est aussi au coeur du problème.

Le moment est venu aussi de s’intéresser de plus près à l’utilisation des OGM pour la nourriture des animaux.
Ici en France, nous consommons très souvent sans le savoir des produits (lait, viande, oeufs) provenant d’animaux nourris aux OGM.
Le tourteau de soja importé par millions de tonnes dans les ports de l’Atlantique et aussi par le port de Sète sur la Méditerranée, est OGM à 80%. Il est massivement utilisé pour l’alimentation des porcs et des volailles, et il l’est aussi pour les bovins, en complément de l’utilisation du maïs.
Evidemment, ces tourteaux de soja arrivent aussi dans la Loire. Apparemment surtout en provenance de Sète. Si l’on n’a plus d’OGM dans les champs, on les a donc quand même dans les assiettes, sans le savoir. Et là-bas, en Argentine et au Brésil, ce soja OGM détruit les sols, la santé des populations, et leur droit de vivre sur leurs terres... Il faut arrêter ça.

A noter que depuis mai 2009, le Conseil National de la Consommation autorise l’étiquetage “Animaux nourris sans utilisation d’OGM“. On peut donc s’organiser pour cesser de consommer des produits issus d’animaux nourris aux OGM.

Création de l’association nationale des communes sans OGM

Le 4 juillet 2009 a eu lieu à Millau l’assemblée constitutive de “l’association nationale des communes sans OGM” . Elle se donne comme objectif la défense d’une agriculture et d’une alimentation de qualité sans OGM. Le critère d’adhésion pour les communes est la prise d’un arrêté municipal anti-OGM (pour le moment, 120 maires ont signé un tel arrêté en France) ou bien le vote d’une délibération ou d’une motion anti-OGM.
En Rhône-Alpes, 29 communes ont pris de telles positions. La dernière (juin 2009) est celle d’Ajoux, en Ardèche. 7 communes de la Loire (Burdignes, Saint-Marcel de Félines, Balbigny, Fraisses, Boën, Firminy, Unieux) ont pris position, ainsi que 8 d’Ardèche, 7 du Rhône, 2 de la Drôme, 2 de l’Isère, 1 de Savoie et 1 de l’Ain (voir la liste des communes et les délibérations sur le site de Res’OGM Info)

Dans le même temps, un certain nombre de communes prennent des décisions concernant les cantines, scolaires notamment. Pour exclure les OGM de l’alimentation, et pour certaines en décidant de passer au bio.
La ville de St-Etienne a décider de passer les cantines scolaires au bio : à 50% à la rentrée de septembre 2009, pour aller à 100% en 2014. Malheureusement, elle a à nouveau concédé pour 5 ans les cantines (privatisées depuis 1995) au grand groupe privé de restauration Avenance, ce qui risque de limiter beaucoup la portée des changements...

Martine Chevalier

Pour la Loire, le collectif zérogm42 travaille sur ces sujets.
Sa prochaine réunion : ce lundi 7 septembre à 19h30 au café culturel coopératif “Les Pères peinards”
, 5 rue du Jeu de l’Arc à St-Etienne. Et ensuite tous les derniers lundis de chaque mois.