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Encore 9 paysans convoqués au Tribunal au nom de tous les autres

Le procès des paysans qui veulent le rester aura lieu le jeudi 4 octobre à 13h30

Près de 300 personnes ont accompagné les 9 prévenus au Tribunal ce jeudi 3 mai.

mardi 24 avril 2012

 3 mai - Dernière minute  : Christophe Bard, Lionel Bouchet, David Debout, Michel Dumas, Patrick Devigne, Laurent Pinatel, François Pitaval, Raymond Pitiot, Damien Venet, n’étaient pas seuls ce jeudi 3 mai pour se rendre au Palais de Justice de St-Etienne. Près de 300 personnes se sont rassemblées à partir de 12h place Jean Jaurès à St-Etienne et les ont accompagnés ensuite jusqu’au Palais de Justice au cours d’une marche silencieuse et digne.
Qu’ont donc fait ces 9 producteurs de lait pour être convoqués au Palais de Justice ? Ils étaient parmi les centaines de paysans qui se sont mobilisés des semaines durant en 2009 pour ne pas disparaître. Et ils ont participé à la manifestation du 21 septembre 2009 à la Cité de l’Agriculture.
(Voir plus bas...)
Ils ont ensuite été choisis pour payer pour tous les autres, histoire d’apprendre à tous à résister, sans doute.
Choisis par qui ? Le Parquet n’ayant pas donné suite à des plaintes déposées contre les paysans après cette manifestation du 21 septembre, ce sont la Chambre d’Agriculture et des OPA-organisations professionnelles agricoles qui ont cru bon de poursuivre les paysans. Besoin d’un peu d’exercice après être restées totalement silencieuses et inactives pendant la bataille du lait ?
A Jaurès et devant le Palais de Justice, plusieurs prises de parole ont eu lieu. Pour rappeler les raisons des actions paysannes en 2009, pour rappeler aussi qu’à la base, c’était le monde paysan dans sa diversité syndicale qui avait agi - Confédération Paysanne, APLI, Coordination Rurale, non syndiqués, et y compris des membres de la FDSEA. Et le rassemblement d’aujourd’hui était à l’image de cette diversité, avec aussi la présence de plusieurs élus.
Le maître mot de tous était : solidarité ! Les 9 ont monté les marches du Palais de Justice sous des applaudissements qui ont duré de longues minutes.
De la solidarité, d’ailleurs, il y en aura besoin pas seulement pour ce procès : l’industrie laitière, par la voix de la FNIL, est en train d’annoncer qu’en 2012 le prix moyen des 1000 litres de lait tomberait sans doute à 270 euros, après être remonté jusque vers 320. En 2009, le prix moyen avait été effondré à 268 euros (avec un moment à 215 qui avait mis le feu aux poudres). Depuis cette date, environ 20 000 paysans producteurs de lait auraient disparu. Et ils veulent remettre ça ?
Aujourd’hui, la date du jugement a été fixée au jeudi 4 octobre à 13h30, au Tribunal de St-Etienne.
Une date à inscrire d’ores et déjà sur les agendas, pour être aux côtés des paysans qui veulent pouvoir le rester, en vivant de leur travail.










 24 avril -

Tous au procès des paysans producteurs de lait, jeudi 3 mai à St-Etienne

Jeudi 3 mai, 9 paysans de la Loire : Christophe Bard, Lionel Bouchet, David Debout, Michel Dumas, Patrick Devigne, Laurent Pinatel, François Pitaval, Raymond Pitiot, Damien Venet, sont convoqués au Tribunal de St-Etienne.
Les 9 prévenus sont “cités en justice” par les Organisations Professionnelles agricoles pour avoir le 21 septembre 2009 déversé du lait sur les bâtiments lors d’une manifestation à la Cité de l’agriculture. (Voir Les paysans ont mis “les responsables” devant leurs responsabilités). Ils ont donc été choisis pour “payer” au nom des 300 paysans dans l’action ce jour-là, et, au-delà, pour tous ceux qui ont lutté en 2009 au moment de la bataille du lait...

Un cortège - “une marche silencieuse, pacifique, sans affichage syndical ou politique - avec les producteurs de lait qui veulent assurer la pérennité de leur métier “- les accompagnera. Rendez-vous à midi Place Jean Jaurès, pour se rendre au Tribunal correctionnel, au Palais de Justice. Cette première audience du jeudi 3 mai fixera la consignation (frais de procédure) aux victimes et la date de la plaidoirie...

Rappel : Septembre 2009 - il y a 2 ans et demi déjà. Comme dans tous les départements “laitiers”, les paysans producteurs de lait de la Loire et du Rhône étaient en grand nombre dans l’action, presque quotidiennement, pour exiger le rétablissement du prix du lait, qui avait été effondré, et pouvoir rester paysans, survivre. Ce n’était pas pour rire ! Malgré une certaine correction du prix du lait obtenue de plusieurs groupes laitiers dans les mois qui ont suivi, 10 % des agriculteurs de la Loire ont demandé le RSA en 2010 (sachant que 45 % des paysans de la Loire produisent du lait)...
Après “la ferme” installée pendant 15 jours en août place Jean Jaurès à St-Etienne, c’était donc en septembre 2009 des jours de “grève du lait”, d’épandages de lait - ce qui en dit long sur l’exaspération des paysans, qui n’ont pas l’habitude de jeter le lait -, de manifestations en directions des trusts laitiers et d’interpellation des responsables professionnels et politiques.

“En Avril 2009, le prix du lait nous a été payé moins de 220 € la tonne, pas question de se résigner à cette situation inacceptable, déconnectée de la réalité économique des fermes.
Pour nous, seule la maîtrise de la production menée par une politique laitière ambitieuse, permettrait d’obtenir un prix correct de notre lait.
Les OPA-Organisations Professionnelles Agricoles, sensées défendre le revenu des paysans, ont été interpellées sur 3 actions différentes à la Cité de l’agriculture. Mobilisés sans relâche depuis 6 mois pour défendre un prix du lait rémunérateur, nous avons attendu un soutien de la chambre d’agriculture, en vain.
Un trop plein de colère, de frustrations, de provocations contre les paysans et de réactions à une cogestion désastreuse et incomprise s’est déversé sur la cité de l’agriculture (...) La soupape a explosé ce jour-là devant l’autisme, le mépris avec lequel nous avons été traité, on nous a refusé le dialogue. Nous étions au bout du rouleau, désespérés.”

Ce silence des organisations professionnelles agricoles devant la situation dramatique de beaucoup d’entre eux était d’autant plus révoltant que les paysans venaient d’apprendre que la MSA (Mutualité Sociale Agricole) Ardèche/Loire venait de verser (payés par les cotisations des paysans) 400 000 euros d’indemnité de départ à son directeur - soit 44 ans de retraite un paysan (760 euros/mois)...



Or voici que plus de 2 ans après, la Chambre d’Agriculture, l’ADASEA de la Loire, Groupama Rhône Alpes, la Mutualité Sociale Agricole Ardèche/Drôme/Loire et le syndicat des copropriétaires Agrivert assignent neuf paysans au tribunal correctionnel Jeudi 3 Mai à St Étienne.
Pourquoi 9 ? “Nous étions 300 le jour de l’action, il n’y a pas de raison que seuls 9 d’entre nous, payent les pots cassés !” disent les paysans. “C’est collectivement et au delà des appartenances syndicales que nous avons refusé ensemble d’être la variable d’ajustement, ceux à qui l’on donne ce qu’il reste"

Ce procès, comme d’autres (1), ne suffira pas à faire se résigner celles et ceux qui aiment leur travail et veulent pouvoir en vivre dignement. "Aujourd’hui encore, nous défendons un prix juste et équitable de nos productions et de notre travail. Les pressions judiciaires ne nous empêcherons pas de continuer à faire entendre nos valeurs de maîtrise, d’équité et de solidarité.”
Mais pour que la justice gagne, la solidarité est indispensable. Alors jeudi 3 mai, soyons nombreux aux côtés de Christophe Bard, Lionel Bouchet, David Debout, Michel Dumas, Patrick Devigne, Laurent Pinatel, François Pitaval, Raymond Pitiot, Damien Venet pour les accompagner au Tribunal.
Rendez-vous à midi Place Jean Jaurès !

(1) Lactalis remet ça. En décembre 2011, le groupe Lactalis a perdu son procès contre Philippe Marquet et la Confédération Paysanne de la Loire (Voir : La multinationale Lactalis perd son procès contre les paysans). Mais Lactalis a fait appel, et donc un nouveau procès aura lieu...