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La question des tournesols OGM est maintenant sur la table. Et plus largement, celle des OGM fabriqués par mutagénèse...

Les Faucheurs Volontaires qui s’étaient trompés pour 2 des 9 parcelles partiellement fauchées le 2 septembre ont réparé auprès des paysans concernés...

jeudi 13 septembre 2012, par Roger Dubien

Sans qu’on le sache, l’huile issue de tournesols OGM est déjà dans la sauce de nos salades. On peut penser cependant que cette affaire des tournesols OGM mutés est maintenant elle aussi sur la table...

C’est en août 2011 que les Faucheurs volontaires ont mis les pieds dans le plat des tournesols OGM obtenus par mutagénèse. Ils l’ont fait à St-Georges d’Espéranche, un lieu hautement symbolique du combat anti-OGM puisque c’est ici qu’a été fauché en 1997 le 1er champ d’OGM en France : du colza manipulé de Monsanto. Colza qui fut ensuite interdit par la loi. (sur l’action de 2011, voir Le combat contre les OGM relancé à St-Georges d’Espéranche, et Obtenus par mutagénèse ou par transgénèse, les OGM sont des OGM !)

Cette action, et aussi les multiples réunions d’information et de formation qui ont suivi en France au cours de la dernière année, avaient permis que quelques milliers de personnes sachent maintenant à quoi s’en tenir à propos des tournesols ExpressSun de Pioneer et Clearfield de BASF, et plus globalement des OGM obtenus par mutagénèse.

Mais là, avec les fauchages simultanés de 9 parcelles le 2 septembre (Voir), les choses ont pris une autre ampleur. En témoigne l’article du Monde du 5 septembre, le premier sur cette question dans ce journal : Les Faucheurs volontaires prennent pour cible des tournesols "mutés". Et en témoignent aussi les réactions publiques de personnes qui ont une responsabilité dans cette situation, comme G. Seigle Vatte, président de la Chambre d’agriculture de Rhône-Alpes et de la Chambre d’agriculture de l’Isère, ou celle de J. Robin-Brosse, président de la FDSEA de l’Isère.
Les deux, bien entendu, condamnent avec virulence les Faucheurs. Si le premier (mieux informé ou plus prudent ?) reste vague sur ce que sont ces tournesols mutés, se pose en défenseur de la recherche et "des avancées de la génétique" et prétend que ce sont les Chambres d’agriculture qui sont seules légitimes pour décider, le responsable de la FNSEA affirme lui avec aplomb que ces tournesols mutés ne sont pas des OGM, que la mutagénèse "n’a rien à voir avec les OGM". Il ne faut pas en rire, parce que les conséquences de cette affaire sont hyper-graves. Mais en tous cas, on peut en conclure qu’une bataille féroce est engagée pour faire croire que les OGM obtenus par mutagénèse ne sont pas des OGM. Un peu comme il a été longtemps affirmé que l’amiante était sans danger, et que les farines animales étaient un aliment très nourrissant pour les vaches. Mais on sait comment ceci s’est terminé...

Cette bataille, il va donc falloir la mener et la gagner. Il y a en France pas mal de paysans et d’autres citoyens capables d’y réfléchir. Il y a aussi des scientifiques et des chercheurs qui ont une éthique et ne sont pas paresseux, ni prêts à affirmer le contraire de la vérité en échange de quelques avantages. On peut donc penser que les vendeurs d’OGM mutagénèse perdront. A condition que suffisamment de citoyens s’en occupent un peu...

Quand les Faucheurs se trompent, ils le reconnaissent et s’efforcent de réparer

Selon les "vendeurs" du tournesol OGM muté, il y avait en 2011 au moins 70 000 hectares de ces tournesols en France, soit 10% des surfaces de tournesol - leur objectif étant, selon un responsable du CETIOM, d’atteindre rapidement 50%, soit environ 350 000 hectares, après avoir infesté plusieurs pays d’Europe centrale et d’Europe de l’Est avec 700 000 hectares de Clearfield et de 300 000 hectares d’ExpressSun.
Mais en Rhône-Alpes, la proportion était déjà de 30% de tournesols OGM en 2011 (soit 6 000 hectares sur 20 000), au nom de l’urgence de la lutte contre l’ambroisie... Et en 2012, cette proportion serait quelque part entre 30% et 50%...

C’est cette réalité massive que les Faucheurs Volontaires ont voulu faire éclater au grand jour en fauchant simultanément (et partiellement) 9 parcelles le 2 septembre.

Manque de chance, 2 des 9 parcelles choisies par les Faucheurs se sont révélées ne pas être des tournesols OGM. Des parcelles situées dans l’Isère, à Auberives sur Varèze. Ce sont les paysans propriétaires de ces parcelles qui - après avoir vérifié qu’ils ne s’étaient pas fait fourguer des OGM sans le savoir, parce qu’ils ne veulent pas d’OGM - ont contacté les Faucheurs. Bien sûr on imagine la difficulté de la situation. Pour ces paysans d’abord, ressentant ce fauchage comme une profonde injustice et une mise en cause de leur travail. Et pour les Faucheurs Volontaires aussi, dont certains sont d’ailleurs eux-mêmes des paysans et imaginent donc bien ce qu’on peut ressentir dans ce genre de situation.
Les Faucheurs ne sont pas des adeptes de la pratique des "dommages collatéraux". Ils ont rasé des parcelles d’essais OGM cachés au milieu de grands champs en fauchant au plant de tournesol ou de maïs près, mais là, ils ont fait une erreur. Ils l’ont reconnu, et ont présenté leurs excuses.
Comment une telle erreur a-t-elle été possible ? Pour une part, c’est parce qu’il n’existe pas pour le moment de "test" pour détecter ces tournesols mutés, et en l’absence de certitudes par ailleurs, il faut se baser sur le comportement de la plante et la présence ou pas dans le champ de "mauvaises herbes", et notamment de mauvaises herbes comme l’ambroisie "grillées" par les pesticides alors même que les tournesols ont déjà "levé". Et là, les conditions climatiques de l’année semblent avoir permis une confusion.

Les Faucheurs ont donc rencontré les trois paysans concernés, Mickaël Thaize et son frère, et Patrice Rouché, et un dialogue s’est noué. Ils seront indemnisés pour leur récolte. Il doit être dit clairement aussi (d’autant que l’un d’eux est aussi maraîcher) qu’ils ne cultivent pas d’OGM. Et puis il y avait une urgence : ramasser les capitules de tournesol fauchées, avant qu’il ne pleuve, pour que les graines ne germent pas dans la culture de l’an prochain. C’est ce que les Faucheurs Volontaires et aussi d’autres militants anti-OGM venus les aider ont fait dimanche 9 et mardi 11 septembre. Au total, plus de 50 personnes ont participé à ce ramassage, et 4 grandes bennes de capitules de tournesols ont été ainsi récoltées, au sécateur (!).


Cette attitude des Faucheurs est conforme à ce qu’ils sont. Pas des délinquants mais des citoyens qui prennent leurs responsabilités, font des actes de désobéissance civique revendiqués (la liste des 100 personnes qui ont participé aux fauchages du 2 septembre a été remise à la gendarmerie), pour obtenir que des choses graves soient enfin mises sur la place publique et fassent l’objet de décisions de la société en connaissance de cause. Pour que ce qui est légal se rapproche un peu de ce qui est légitime. Pour que la loi bouge et que les tournesols OGM obtenus par mutagénèse soient traités pour ce qu’ils sont : des OGM, c’est à dire des plantes manipulées, pesticides, et brevetées. Qui sont aujourd’hui mélangées - sans qu’on le sache - à d’autres tournesols pour fabriquer l’huile que tout le monde trouve ensuite dans le commerce.

Le communiqué des Faucheurs Volontaires suite à l’action du 2 septembre :

Lyon, le 6 septembre 2012

FAUCHAGES DE TOURNESOL

Suite aux fauchages partiels dans de nombreuses parcelles de tournesol de la région et des articles de presse qui ont suivi, les Faucheurs Volontaires tiennent à apporter les précisions suivantes :
- Ces variétés issues de mutagénèse incitée sont bien des OGM, non seulement parce que la directive européenne 2001-18 les définit comme tels (art 2 et annexe 1A 1ère partie), mais aussi parce qu’elles sont bien obtenues par des techniques non naturelles de manipulation génétique, et qu’elles sont brevetées. Ce sont des plantes tolérantes à des herbicides, ce qui se traduit par encore plus de pesticides dans nos champs, dans l’eau et dans nos assiettes.
- Leur exclusion du champ d’application de cette directive les rend légales, sans aucune obligation d’évaluation, de traçabilité et séparation des récoltes, étiquetage ..., et le consommateur ne peut plus faire le choix d’une huile de tournesol non OGM.
- Nous rappelons qu’il n’était pas question de montrer du doigt les producteurs de tournesol, à qui les fournisseurs de semences se gardent bien de dire la vérité. A noter le grand silence des opérateurs de la filière, le groupe La Dauhinoise en tête, qui préfèrent laisser les agriculteurs concernés monter au créneau.
- Le problème des allergies à l’ambroisie n’est que prétexte. Les firmes qui vendent ces semences savent très bien que l’utilisation répétée de leurs herbicides provoque systématiquement l’apparition de « mauvaises herbes » résistantes. Certains parlent « d’éradication de l’ambroisie », comme si sa disparition des champs de tournesol la faisait disparaître des friches et des bords de route. Ils prétendent régler le problème de santé publique, qui au contraire sera encore aggravé : d’une part, l’ambroisie est la première mauvaise herbe qui repousse après le passage de l’herbicide, d’autre part le développement des ambroisies résistantes sera rapidement incontrôlable.

D’autres arguments évoqués pourraient être développés, par exemple sur la quantité d’herbicides utilisés (quelques dizaines de grammes à l’hectare). La concentration de ces produits est telle qu’ils n’ont pas moins d’effet sur l’environnement et la santé. Même si ces herbicides de post-levée n’ont pas été utilisés systématiquement cette année, il y a globalement plus de pesticides épandus.
Par ailleurs les études d’évaluation réalisées aux Etats-Unis et au Canada ont démontré le caractère cancérigène du tribénuron-méthyl, matière active du désherbant utilisé sur une des deux variétés de tournesol mutés.

Nous dénonçons cette fuite en avant d’une agriculture industrielle promue par les firmes agrochimiques et semencières et par un certain nombre d’organisations agricoles. Le développement des surfaces de tournesol muté, et peut-être bientôt celui du colza, fait partie de cette logique qui a pour outils les OGM, les pesticides, et les semences brevetées.

Faucheurs Volontaires, nous sommes des paysans et des citoyens responsables, qui refusons la confiscation et la privatisation du vivant. Nous assumons les risques juridiques liés à notre action de désobéissance civile ; nous venons d’ailleurs de déposer à la gendarmerie la liste des 100 participants aux fauchages partiels du 2 septembre

PAS D’OGM DANS NOS CHAMPS ET NOS ASSIETTES
QU’ILS SOIENT ISSUS DE TRANSGENESE OU DE MUTAGENESE

Les Faucheurs Volontaires
Contact : 06 72 03 14 26