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CCAS (1)

A quoi peut et doit servir un CCAS ?

Une discussion est ouverte sur la politique sociale de la ville de St-Etienne

samedi 26 février 2005, par Roger Dubien

Parmi les outils pour lutter contre la pauvreté et "l’exclusion", il y a les politiques sociales et les services sociaux des collectivités territoriales. Dans chaque commune, il y a en général un CCAS : centre communal d’action sociale (c’est le cas à St-Etienne), ou alors existe un centre d’action sociale intercommunal.
On peut considérer que ce dispositif là (qui varie d’une ville à l’autre, parce que les lois qui régissent l’action sociale donnent aux CCAS une grande marge de manoeuvre et d’initiative), fait partie du service public, et de l’Etat au sens large. Il y a à cette échelle de territoire là des droits à faire respecter et aussi des droits à conquérir. Car une fois que des règles sont fixées (à l’intérieur de ce que permettent les lois), ça devient en fait un droit, une partie des lois sociales.
Cela peut donc être intéressant de regarder aussi tout ça de plus près dans le processus d’Assises des droits sociaux mis en route en Rhône-Alpes.

Je suis depuis maintenant presque 4 ans membre du Conseil d’administration du CCAS de St-Etienne. J’y suis en tant qu’élu, conseiller municipal "minoritaire" (la majorité municipale est UMP/UDF). Je fais partie aussi de la "commission permanente" du CCAS. Un bien grand mot, qui signifie seulement que je participe à l’une des "3 commissions" de 3 personnes chacune (2 membres du CA + 1 membre du personnel du CCAS) qui examinent les demandes d’"aide facultative", chaque lundi, et qui décide de l’attribution ou non d’une aide, et du montant de cette aide.

Arrivant dans ce CCAS en 2001, Je me suis battu pour faire augmenter les aides accordées. Et, découvrant la faiblesse des aides, et aussi qu’il y avait la valeur d’une année d’aides (une cagnotte de 2,75 MF, alors) qui avait été "mise de coté" au cours des années précédentes, alors que beaucoup de personnes essuyaient des refus d’aides, j’ai pu dans un premier temps aider à desserrer un peu l’étau et à faire augmenter les sommes distribuées (en gros de 25% en valeur réelle). Mais assez rapidement, il y a eu reprise en main. Cette action là a atteint ses limites. Elle est face à une volonté de bloquer les aides, et il y a divers moyens de refuser des aides et d’abord de dissuader des personnes de faire une demande.
On est arrivé à ce paradoxe : il y a plus de pauvreté dans la ville, et moins de personnes qui demandent une aide au CCAS...

Il apparaît que c’est tout un fonctionnement de "l’aide sociale", et toute une conception des personnes en difficulté sociale, qui sont en cause. Parce que derrière ces politiques, il y a bien sûr une lecture et une conception de la société.
Je me rends bien compte d’ailleurs combien tout se tient, et combien serait utile pour faire reculer la misère une démarche beaucoup plus élaborée et créatrice.
On devrait dans un CCAS réfléchir aux démarches et aux moyens pour aider des personnes à sortir des grandes difficultés. Je crois qu’il faut se battre sur tous les fronts des difficultés, des inégalités, des discriminations, et en même temps que le problème doit être complètement repensé, de façon globale. Parce qu’aujourd’hui, dans la société comme elle est, c’est sans fin et sans solution véritable...

Beaucoup de choses doivent changer dans le fonctionnement du CCAS de St-Etienne...
Il a été question de la politique sociale de la ville lors de la discussion du budget 2005 au conseil municipal du 20 décembre 2004. En partie suite à ça, le journal Le Progrès vient de son côté de consacrer une page, le 11 février, à l’action sociale municipale et au fonctionnement du CCAS, et pointé des problèmes (dossier réalisé par Véronique Décot).

En plus de demander une augmentation du budget de l’aide sociale (le CCAS est financé par le budget municipal), une modification des critères et une augmentation des aides accordées, j’ai proposé deux choses : que les principales associations de solidarité qui agissent sur le terrain fassent partie du Conseil d’administration du CCAS (ce qui est refusé) et que la politique sociale de la ville (et les choix budgétaires correspondants) soit décidée en associant tous les "acteurs" de l’action sociale et de la solidarité, en particulier au moyen d’Assises annuelles de l’action sociale, dans une démarche de "budget participatif" qui associe aux choix politiques toutes les forces impliquées dans la lutte contre la pauvreté. Pour le moment, côté mairie, c’est non.

Question "Assises de la politique sociale", nous avons cependant lancé un processus dans la "société civile" en 2004 à St-Etienne. Bien entendu, la politique sociale de la ville n’est qu’un des aspects de la question...

Au plan régional Rhône-Alpes, il y a un processus d’Assises pour les droits sociaux qui est maintenant engagé avec la participation de plusieurs associations, syndicats, mouvements. Avec des ateliers de travail organisés autour des droits à faire respecter et à conquérir, et un prochain rendez-vous le 12 mars.

La politique sociale de la ville de St-Etienne, la politique sociale des autres collectivités territoriales, font partie de ce dont il faut s’occuper dans le combat contre la pauvreté et l’exclusion. Même si ce n’est bien sûr qu’une partie du problème. Dans les prochaines semaines, nous nous efforcerons de faire le point sur la façon dont tout cela fonctionne ici. Toutes les informations et propositions sur ce qui se fait dans d’autres villes et départements, et sur les luttes et propositions, seront bienvenues.

Roger Dubien
Conseiller municipal de st-étienne, Réseaux citoyens.