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La révolte des jeunes au conseil municipal de st-étienne

Pas de consensus possible avec les promoteurs d’une politique injuste et sécuritaire.

mercredi 16 novembre 2005, par Roger Dubien

Une discussion sur la révolte des jeunes dans les quartiers et les banlieues a eu lieu ce lundi 14 novembre au conseil municipal de St-Etienne.
Le maire de St-Etienne M. Thiollière a tenu un discours réac de maintien de l’ordre, et appelé au consensus autour de cette politique : "ces évènements doivent nous rassembler dans un esprit républicain pour que la loi soit respectée... Il parle de 54 interpellations, de "travail diligent de la police" et espère que "la Justice suivra"... Il a "confiance dans la loi de la République", sans se demander si la devise de cette république - liberté, égalité, fraternité - n’est pas violée quotidiennement, ce qui pourrait peut-être expliquer cette révolte d’une partie de la jeunesse.
Il s’est ensuite interrogé sur "les raisons de ces débordements". Car "une fois que l’ordre républicain sera rétabli, le temps viendra de discuter..." Et le maire "ne voudrait pas" qu’avec tout ça "des quartiers soient stigmatisés plus que d’autres", non. Il est conscient que "des jeunes français trouvent des difficultés à s’insérer". Des "jeunes français d’origine française et des jeunes français d’origine immigrée"... Mais St-Etienne est "une ville d’immigration, de fraternité et de cohésion sociale". Donc il faut que ces jeunes se prennent en mains. Il veut bien aider ceux d’entre eux dont l’objectif n’est pas de "déstructurer la société" et d’instaurer "l’anarchie"...
N’en jetez plus.

Après quoi le 1er adjoint Argoud a expliqué que tout allait bien pour le programme ANRU dans les 4 quartiers GPV. Le député UDF Artigues a parlé d’une augmentation de 25% des crédits ANRU et demandé une accélération car "les gens s’impatientent". Il a annoncé une somme de "100 millions d’euros pour 14 000 structures qui assurent le lien dans les quartiers" (à mettre au bilan positif des jeunes qui se sont révoltés ?). Et il a dit qu’il avait interpellé le Garde des Sceaux (ministre de la Justice) à l’Assemblée Nationale, pour faire preuve de fermeté sur ces évènements, notamment à St-Etienne. Il aurait pu lui dire ici puisque P. Clément, président du conseil général, loge à 100 mètres, juste de l’autre coté de la Place J. Jaurès...
Ensuite, Mme Schériani, adjointe à la vie associative, a passé de la pommade aux associations : "on est prêt à prendre en compte des projets des associations... à l’écoute des jeunes... et à soutenir...", et "pour les jeunes, la mairie se retourne vers les centres sociaux".

Pas de surprise du côté du FN, qui a mis en cause les immigrés.

Peu de surprise du côté du PS qui a St-Etienne soutient la politique sécuritaire du maire (quelques minutes après le PS votera la délibération pour l’installation de nouvelles caméras vidéos etc...). Il ne veut pas être "traité de laxiste" et commence donc par une longue condamnation de la révolte des jeunes, déclarant que les fonctionnaires doivent être soutenus et demandant "une politique de sécurité publique". C’est un préalable. Après viennent bien sûr des critiques sur la politique gouvernementale car sur tout ça le PS ferait mieux, bien entendu.

Un peu plus surprenant quand même la position des Verts stéphanois, qui d’ailleurs quelques minutes plus tard s’abstiendront sur l’installation d’une nouvelle batterie de caméras vidéo. "Les Verts félicitent les forces de l’ordre" !! Avant de critiquer aussi le gouvernement et la mairie, bien entendu.

Autre tonalité de la part d’Alain Pecel, élu communiste, qui tout en condamnant les violences et en appelant à l’indemnisation des victimes met en cause la crise sociale et les politiques menées depuis 20 ans, prenant l’exemple de Montreynaud où sont concentrés 25% des rmistes du département, de la disparition des sites de services publics de proximité, des fermetures de classes, du développement de la précarité, de la baisse des moyens de la vie associative. Il a mis en cause le bilan de la zone franche sur Montreynaud : des boites aux lettres plus que des entreprises. Et pas d’emplois pour les jeunes.

Pour ce qui me concerne, j’ai dit qu’on avait pas à faire à un problème de maintien de l’ordre avec cette révolte d’une partie de la jeunesse et des quartiers populaires mais à une crise sociale. C’est un rappel à la réalité. Ces jeunes ne sont ni des trafiquants ni des maffieux. ça fait des années qu’ils subissent chômage, discriminations, exclusion de l’école, manque de respect et harcèlement quotidien de la part des forces de police. Et en plus les insultes de Sarkozy.
Ceci est le résultat des politiques néolibérales, qui comportent de plus en plus une dérive sécuritaire pour mater les explosions sociales.
J’ai protesté contre la prolongation de l’état d’urgence, demandé sa levée, des décisions réelles dans le budget de la ville, et de la démocratie, entre autres l’ouverture des conseils de quartiers aux jeunes.

Roger Dubien
conseiller municipal, Réseaux citoyens de St-Etienne.