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St-Etienne : plus de 500 lycéens en manif contre les expulsions :

"ils étudient, ils restent, nous vivons ensemble"

vendredi 15 mai 2015, par Roger Dubien

500 à 600 lycéens accompagnés d’enseignants et de militants de plusieurs associations ont manifesté au centre ville de St-Etienne ce mardi 12 mai, pour demander l’annulation de l’expulsion de leurs camarades étrangers.
Le rendez-vous avait été donné pour 10h30 Place du Peuple, pour rejoindre la Préfecture par la Grande-Rue. Mais une partie des lycéens, venus du lycée Honoré d’Urfé notamment, était déjà descendue en cortège jusqu’au Peuple...
Le message porté par les jeunes est aussi clair et déterminé que l’an passé, au mois d’avril, quand la première manifestation de cette sorte avait fait évènement (“Nous vivons, nous étudions, nous restons ensemble”), et avait été le 1er temps fort d’une multitude d’actions qui ont débouché sur la régularisation de 4 jeunes lycéens "étrangers", arrivés en France mineurs, et que le ministre de l’intérieur puis 1er ministre Valls, et la préfète de la Loire, avaient décidé d’expulser de la France. Suite à toutes ces mobilisations, les 4 ont obtenu des papiers en octobre 2014.
Voir : Mirush, Fatos, Rahman, Shehqet de retour avec leurs papiers



Un an après, le problème continue. Cette fois ce sont 3 jeunes venus d’Albanie et lycéens à Urfé : Edona et Suada, soeurs jumelles en Terminale, et Erwin, et deux jeunes venus d’Afrique et élèves à Mimard : Mardochée, qui vient du Congo, et Brenner, venu d’Angola, qui vivent sous la menace d’une "OQTF - obligation de quitter le territoire français", c’est-à-dire d’une expulsion immédiate, alors même qu’ils se préparent à passer le BAC
Leur faute : arrivée en France mineurs, ils viennent d’avoir 18 ans, et le gouvernement leur dit : dehors.
Au-delà de ces 5, qui ont fait appel de cette OQTF devant le Tribunal Administratif, et sont entourés du soutien de leurs camarades et de nombreux enseignants, c’est dans la Loire une cinquantaine de jeunes, la plupart mineurs totalement isolés, qui sont dans cette situation d’être expulsables parce qu’ils viennent d’avoir 18 ans.
C’est maintenant une banalité de remarquer que ces jeunes font des études brillantes, comme Armando Curri, ce jeune roannais albanais meilleur apprenti menuisier de France, que le Sénat a failli ne pas recevoir pour lui remettre sa médaille d’or...

Ces expulsions de jeunes sous le gouvernement Hollande-Valls, avec l’appui de l’UMP, sont ni plus ni moins une mise en oeuvre du programme de l’extrême droite, par exemple de la présidente du FN Le Pen, qui déclarait à propos de la décoration attribuée à Armando Curri : "Je trouve ça révoltant. C’est une gigantesque marque de mépris à l’égard des jeunes apprentis français qui travaillent dur".
Mais c’est Mme Le Pen qui fait injure à la France et à son histoire. Et la société et la France - justes, fraternelles - que portent dans leur coeur les centaines de lycéens qui ont entouré mardi leurs camarades étrangers sont à l’opposé de celles que veulent instaurer les néo-fascistes.









"1ère, 2ème, 3ème génération nous sommes tous des enfants d’immigrés !"

Et la grande-rue de St-Etienne a résonné de leur joie d’être là et de leur détermination :
"1ère, 2ème, 3ème génération nous sommes tous des enfants d’immigrés !"
"Abolition des expulsions"
"Manu si tu savais, tes circulaires, tes circulaires,
Manu si tu savais tes circulaires où on se les met
Aucu, Aucu, Aucune hésitation,
A bas, à bas, à bas les expulsions !"

Devant la Préfecture, chants et sit-in ont duré jusque près de midi, pour soutenir la délégation reçue par le directeur de cabinet du Préfet. Délégation conduite par M. Berger, proviseur honoraire du Lycée Jean Monnet, qui s’était engagé à fond pour soutenir ses élèves Fatos et Rahman...
Plusieurs lycéen-ne-s, M. Berger, et aussi un enseignant et le CPE d’Urfé ont pris la parole...
Au retour de la délégation, il apparait que la Préfecture renonce à expulser immédiatement Edona, Suada, Erwin, Mardochée et Brenner, qui pourront passer leur BAC dans quelques semaines, mais que le Préfet et donc le gouvernement - n’entendent pas revenir sur les OQTF, et entendent toujours expulser ces jeunes qui espèrent continuer à construire leur vie ici, au milieu de leurs copains.

C’est une politique de honte que celle du gouvernement Hollande-Valls.

Mais la solidarité ne va pas en rester là.

Et déjà, rendez-vous le 28 mai au concert de soutien au lycée Mimard.