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Violences policières, dérive sécuritaire

Justice pour Ichem !

250 personnes se sont rassemblées devant l’hôtel de ville de St-Etienne. Un comité de soutien est créé.

dimanche 13 mars 2005

"Justice pour Ichem ! Non aux violences policières"... Ce qui est arrivé le 26 février à Ichem Benchahboune, jeune lycéen du quartier de Montreynaud à St-Etienne, ne sera pas banalisé (*).
Le rassemblement de ce samedi 12 mars (**) voulait être une toute première réaction publique, pour dire aussi que d’autres suivront. En fait, ce sont au moins 250 personnes, beaucoup de jeunes, mais aussi des parents, et des responsables de la vie associative, quelques élus, qui se sont réunis place de l’Hôtel de ville entre 16h30 et 18h.

Ichem était là, avec son père et sa mère, plutôt ému. Il n’a rien dit au micro, tout en parlant à pas mal de monde. Ce rassemblement, c’était un peu comme un réconfort pour sa dignité. Une confirmation que dans cette triste affaire, ce n’est pas lui qui est hors la loi, délinquant.
D’ailleurs, ce qui s’est passé commence sérieusement à se savoir, sur le réseau Internet en particulier, mais aussi maintenant dans les médias presse et radios.

Samedi, l’épreuve d’Ichem a été brièvement rappelée. ça s’était d’ailleurs passé il y a tout juste 15 jours, à deux pas des marches de l’Hôtel de ville, sous cette caméra de vidéo-surveillance avec laquelle aussi certains pourront vérifier qu’il y avait du monde samedi pour dire que ça suffit.
C’est d’ailleurs un problème, ce quadrillage de St-Etienne par 42 caméras qui filment 24h sur 24. Au-delà de ce que ça coûte - argent qui serait quand même mieux placé à aider des associations à payer des éducateurs dans les quartiers - faut-il maintenant faire attention à qui on donne la main quand on se promène ?... Qui sait vraiment où sont les 42 caméras ? A partir d’où on sort du champ de contrôle et à partir de quand on y entre à nouveau ? Cette affaire là mérite une discussion entre citoyens. Est-ce qu’on se résigne à cette dérive qui s’accentue au fil des années ?

La réaction de solidarité autour d’Ichem donne aussi la possibilité à d’autres jeunes, et aussi à des mères de famille, de se faire connaître et de raconter une histoire qui leur est arrivée au cours des dernières années.
Comme cette maman venue au rassemblement parce qu’elle s’est reconnue dans ce qui est arrivé à Ichem et à ses parents. Elle dit que son fils, âgé alors de 16 ans, arrêté avec deux copains, s’est fait tabasser au cours d’une garde à vue qui a duré 48 heures, pour un délit qu’il n’ont jamais commis. Et d’ailleurs il a été mis hors de cause au Tribunal. Mais il n’y a pas eu de réparation. Et la famille a payé un avocat...
C’est vrai ou c’est pas vrai, ça ?
Et si c’est vrai, comment est-ce possible ? Et est-ce que ce genre de choses va durer ?
On attend de la Justice qu’elle soit juste.
on attend de la Police qu’elle fasse respecter la Loi et le droit.
Or il y a dans la région stéphanoise certaines pratiques qu’il faut bien appeler violentes et racistes, dont pas mal de monde est au courant, et qui durent. Combien de temps ?
Voici deux ans, il avait été question de mettre en place un "observatoire des libertés". Cette fois les premières pages du livre noir sont en cours d’écriture...

Est en discussion aussi le développement d’un réseau de travail de terrain "vigilance - liberté", ouvert à celles et ceux qui souhaitent s’opposer à la dérive sécuritaire et violente de la société. Avec l’aide de l’association Témoins de Lyon.
Celles et ceux qui souhaitent participer à la mise en place de ce réseau peuvent prendre contact avec Sophie Darneix.


Pour Ichem, un comité de soutien est créé afin que justice lui soit rendue. Au cours du rassemblement de samedi, 150 personnes l’ont rejoint. Il est proposé à toutes celles et tous ceux qui le souhaitent de le rejoindre aussi. Ce comité est animé par Mounia et ses ami(e)s du réseau actions jeunes.
Une adresse e-mail du comité est créée. Une réunion des signataires est envisagée, pour décider des prochaines initiatives. D’ores et déjà, il est sûr qu’Ichem ne sera pas seul le 23 mai à 9 heures, jour de sa comparution devant le Tribunal. Entre autres, des lycéens seront là. Des mères de famille aussi. Et des personnes impliquées dans la vie associative et citoyenne.

L’appel du comité de soutien : "Justice pour Ichem !"

"Ichem Benchahboune, lycéen, 17 ans et demi, a été frappé par un policier le 26 février vers 18h au centre-ville à St-Etienne

- Ichem n’a commis aucun délit.
- Pourtant, c’est lui qui est convoqué au Tribunal le lundi 23 mai pour outrage et rébellion...
- Nous n’acceptons pas cette injustice.
- Nous protestons contre cette violence policière et cette atteinte à la dignité d’Ichem.
- Nous lui exprimons notre solidarité et nous demandons que justice lui soit rendue.
- Nous demandons que le policier qui a frappé et humilié Ichem soit sanctionné.
- Nous demandons le respect du droit, et de la dignité des personnes.
- Pour que la Loi soit respectée, il faut que la Police respecte la Loi et le droit !"

Pour rejoindre le Comité de soutien :   
Envoyer un e-mail à l’adresse :
justicepourichem@yahoo.fr
en indiquant :
- votre nom et prénom,
- L’adresse e-mail à laquelle il est possible de vous écrire.

(facultatif ) :
- votre adresse et numéro de téléphone
- votre profession, association, responsabilité...

- Merci de préciser si vous acceptez que votre signature soit rendue publique.

On peut également envoyer son soutien à M. et Mme Benchahboune, 2 allée H. Purcell, 42000 St-Etienne.

(*) Voir Ichem, lycéen, 17 ans et demi, frappé par un policier à St-Etienne samedi 26 février et "Une histoire de dignité volée"

(**) à l’initiative du Réseau Actions Jeunes et du Forum des réseaux citoyens, avec le soutien du MRAP et de la Ligue des droits de l’homme.
Prises de parole aussi du Comité de vigilance pour les droits de l’homme et de l’association Témoins (69).
Présence des responsables de plusieurs associations de la ville.

Des contacts :
- Comité de soutien Justice pour Ichem : justicepourichem@yahoo.fr
- Réseau Actions Jeunes : reseaujeunes42@yahoo.fr
- Réseaux citoyens de st-étienne : contact@reseauxcitoyens-st-etienne.org
- Association Témoins : temoinslyon@free.fr

Messages

  • Code de déontologie de la police Nationale

    (Décret n° 86-592 du 18 mars 1986)

    Titre premier : Devoirs généraux des fonctionnaires de la police nationale

    Art. 7 - Le fonctionnaire de la police nationale est loyal envers les
    institutions
    républicaines. Il est intègre et impartial ; il ne se départit de sa dignité
    en aucune
    circonstance. Placé au service du public, le fonctionnaire de police se
    comporte
    envers celui-ci d’une manière exemplaire. Il a le respect absolu des
    personnes,
    quelles que soient leur nationalité ou leur origine, leur condition sociale
    ou leurs
    convictions politiques, religieuses ou philosophiques.

    Art. 8 - Le fonctionnaire de la police nationale est tenu, même lorsqu’il
    n’est pas
    en service, d’intervenir de sa propre initiative pour porter assistance à
    toute
    personne en danger, pour prévenir ou réprimer tout acte de nature à troubler
    l’ordre public et protéger l’individu et la collectivité contre les
    atteintes aux
    personnes et aux biens.

    Art. 9 - Lorsqu’il est autorisé par la loi à utiliser la force et, en
    particulier, à se
    servir de ses armes, le fonctionnaire de police ne peut en faire qu’un usage
    strictement nécessaire et proportionné au but à atteindre.

    Art. 10 - Toute personne appréhendée est placée sous la responsabilité et la
    protection de la police ; elle ne doit subir, de la part des fonctionnaires
    de police
    ou de tiers, aucune violence ni aucun traitement inhumain ou dégradant.
    Le fonctionnaire de police qui serait témoin d’agissements prohibés par le
    présent article engage sa responsabilité disciplinaire s’il n’entreprend
    rien pour
    les faire cesser ou néglige de les porter à la connaissance de l’autorité
    compétente.
    Le fonctionnaire de police ayant la garde d’une personne dont l’étât
    nécessite
    des soins spéciaux doit faire appel au personnel médical et, le cas échéant,
    prendre des mesures pour protéger la vie et la santé de cette personne.

    Lu dans Maurice Rajsfus : "La police hors la loi", page 386 (Le cherche midi éditeur, 1996).

    • Ce code de déontologie me semble on ne peut plus clair sur le comportement du policier. En le lisant je suis tenté de dire que nombre d’agents de la police nationale font fi de ce decret. Les bavures sont devenues tellement fréquentes qu’elles ont tendance à s’ériger en norme. Le pire c’est que de tels agents se revêtissent du manteau de la République pour légitimer de tels actes

      Le jour où j’ai été témoin de la bastonnade à laquelle a eu droit Ichem, j’étais abassourdi. L’agent qui s’est permis de frapper le petit a lancé à mes deux copines ("françaises d’origne immigrée") : "je suis français depuis plus longtemps que vous, je le suis depuis 51 ans". J’étais tenté de lui demander s’il devait être fier de se sentir français en ce moment précis après le traitement humiliant qu’il venait de réserver à ce pauvre innocent.
      Agissons pour que de tels comportements pour le moins irresponsables s’amenuisent voire disparaissent du paysage français.

      Voir en ligne : Agissons et soyons vigilants

    • Il convient tout de même de rappeler que la police est surtout chargée de faire respecter une justice qui n’est pas vraiment juste, puisque basée sur des lois qui sont émises afin de maintenir un système politique fondamentalement injuste : capitalisme, libéralisme. Il faut se souvenir tout de même que dans l’histoire le moindre droit social a été acquis dans les luttes et contre la police, qui s’est toujours efforcée de protéger patrons et dirigeants politique. Il faut quand même remarquer que toutes les dictatures (de droites "fascistes" ou de gauche "communistes") se basent sur la police pour faire régner leur terreur. Il faut bien voir que plus il y a de police dans les rues, et plus l’argent des riches est bien protégé, ce qui rabat le "petit délinquant" en mal de survie ou d’ "existence" à se rabattre sur les plus faibles. Si la police est capable de démonter un petit réseau de "trafic" (comme ils disent), elle n’a jamais été intentionnée à faire cesser les agissements frauduleux de nos dirigeants politiques, des gros patrons, des barbouzes, ... et Cie. Le code de déontologie de la police, c’est comme les maximes sur les Droits de l’Homme. Ils sont là justement pour ne pas être respectés, car ils sont impossibles à respecter dans un système politique qui se nourrit des privilèges des dominants et de l’exploitation des plus faibles. Il faut aussi garder à l’esprit que si Ichem a pu visibiliser (avec de l’aide) auprès de l’opinion publique ce qui lui est arrivé, l’énormité des victimes de la violence policière quotidienne restent elles privées de voix. On remarquera une équation assez simple : plus il y a de police, et plus il y a d’insécurité.

      Ramon