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L’analyse de Didier Billon, directeur adjoint de l’IRIS

“Da’ech est l’enfant monstrueux de la politique des néoconservateurs étatsuniens et d’Al-Qaïda”

État islamique : les moyens de le combattre sans répéter les erreurs du passé...

mardi 30 septembre 2014

Voici un texte intéressant pour comprendre ce qui se passe avec “l’Etat islamique en Irak et en Syrie”.
Il est de Didier Billon, directeur adjoint de l’IRIS (http://www.iris-france.org)
Il a été publié (16 septembre) sur le site www.affaires-strategiques.info.
Il invite à "comprendre les raisons qui ont permis la naissance et le développement de Da’ech", à tirer les enseignements des politiques occidentales dans cette région du monde, pour combattre "la barbarie des terroristes" sans la nourrir...
Il permet de comprendre en quoi “Da’ech est l’enfant monstrueux de la politique des néoconservateurs étatsuniens et d’Al-Qaïda”.

"Depuis plusieurs semaines, l’attention internationale est polarisée sur les exactions de l’Etat islamique (Da’ech selon l’acronyme arabe) en Irak et en Syrie. Cette organisation terroriste, qui a proclamé un califat en juin 2014, s’est illustrée par une cruauté et une barbarie absolument condamnables qui suscitent la révulsion.

Devant l’horreur des crimes commis, il n’y a pas débat sur la nécessité de combattre avec la plus grande détermination cette hydre djihadiste. Toutefois, pour être efficace et ne pas répéter les erreurs politiques du passé, la lutte qu’il convient d’organiser nécessite de dépasser le registre émotionnel et de procéder à une analyse raisonnée de la situation.

Il faut, en premier lieu, comprendre les raisons qui ont permis la naissance et le développement de Da’ech. Les politiques mises en œuvre, principalement par les puissances occidentales, depuis maintenant plus de 20 ans à l’égard de l’Irak sont la principale cause de la situation actuelle.

Le terrible embargo organisé contre le peuple irakien après la guerre de 1991, puis l’agression militaire de 2003 orchestrée par les Etats-Unis, ont abouti à la dislocation de la société irakienne.

On se souvient ainsi que Paul Bremer, le pro-consul nommé par George W. Bush à Bagdad après la chute de Saddam Hussein, avait décidé de renvoyer tous les cadres de l’armée irakienne, de dissoudre le parti Bath, de détruire sa police et son administration. L’objectif des néoconservateurs américains était clairement de briser le cadre unitaire de l’Etat-nation irakien et de recomposer la société sur des bases communautaires, ethniques ou confessionnelles.

Les années suivantes générèrent une situation de chaos généralisé au sein de laquelle les groupes radicaux djihadistes sunnites proliférèrent et multiplièrent les exactions.

Cette guerre de tous contre tous fut en grande partie amplifiée par la prétention d’une partie des dirigeants irakiens chiites à contrôler la totalité des affaires publiques et leur décision d’exclure la communauté sunnite de toutes les fonctions de pouvoir. Politique menée sans beaucoup de discernement par Nuri Al-Maliki qui, de facto, s’inscrivait dans la logique initiée par Washington et qui, en marginalisant les sunnites, conduisent nombre d’entre eux à rejoindre les groupes djihadistes.

A ce stade, il convient d’esquisser des éléments de bilan sur les politiques qui ont l’insupportable prétention d’imposer la démocratie de l’extérieur, le plus souvent par la voie militaire. L’instauration d’un système de type démocratique nécessite de tenter de définir quelles peuvent en être les principales caractéristiques et de ne pas tomber dans l’illusion que les systèmes parlementaires occidentaux représentent, obligatoirement, un modèle universel que l’on pourrait mécaniquement transposer dans n’importe quelle situation..."

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